Sur fond de ré-orientation
stratégique et de redéfinition capitalistique
de la structure Bayardweb qui reposait jusqu'ici sur le
trio Bayard Presse - Groupe Suez - Groupe Mederic (lire
ci-dessous), la filiale Internet du groupe de
presse a inauguré en début de semaine la
nouvelle version du site du quotidien La Croix
qui avait ouvert ses portes un an auparavant. Le modèle
d'exploitation du site, qui repose sur un mélange
payant/gratuit, a été approfondi, la principale
innovation étant la création d'un espace
"abonnés Internet" spécifique.
Le
nouvel espace d'abonnement est commercialisé
au prix de 15 euros par mois. L'espace premium du site
de La Croix donne accès au journal du jour, aux
six dernières éditions quotidiennes et
à des dossiers thématiques d'actualité.
L'internaute peut consulter le journal en ligne en format
PDF.
A l'instar du service premium
du Monde, l'abonné dispose d'un crédit
renouvelable d'archives par mois. Sur fonds de numérisation
massive des fonds du groupe Bayard, les internautes
ont également accès aux archives des éditions
de La Croix depuis 1996, soit une base de données
de 175.000 articles.
Une offre "découverte
24 heures" a été mise en place :
l'internaute doit composer un numéro Audiotel
pour disposer d'un accès à l'unité
au journal en ligne dans son intégralité
(1,35 euro à la connexion + 0,34 euro la minute). En
terme de tarification, on constate un fossé entre
la version Internet (15 x 12 = 180 euros par an) et
la formule couplée papier et Internet (300 euros).
Sachant que les abonnés au journal papier (87 000
en tout) peuvent accéder au site gratuitement
après une étape d'identification en ligne.
"Cette offre d'espace abonnés Internet a
pour objectif de développer notre clientèle
à l'international", explique Olivier Jay,
directeur général de Bayardweb.
Côté gratuit,
La-Croix.com propose toujours en ouverture un fil d'information
basé sur des dépêches de l'AFP.
Une rubrique pour traiter la thématique "religion"
a également été mise en place.
Des espaces de forums pour réagir à l'actualité
ont également été aménagés.
Le site de La Croix est alimenté par une équipe
éditoriale dédié composé
de deux rédacteurs en chef et de quatre rédacteurs.
Les plus grandes modifications ont porté sur
la charte graphique et la plate-forme technique : Bayardweb
abandonne Vignette pour adopter un système de
back-office éditorial multi-site, développé et maintenu
par Atos.
Sous la supervision de l'équipe
technique de Bayardweb, Degetel s'est occupé
du développement de la V2 du site de La Croix
et Medusis a pris en mains l'intégration du moteur de
recherche (solution Opensource) pour les archives. Coût
de la nouvelle version de ce site : 100 000 euros.
La nouvelle version du site
arrive alors que les comptes du journal se redressent.
En 2002, La Croix indique avoir augmenté
sa diffusion de plus de 5 % et équilibré
ses comptes. Le quotidien dégage un léger
bénéfice de 11.000 euros. Depuis le 25
février, sa rédaction (84 journalistes)
est équipée d'un nouveau système
de réalisation des pages (Infolis, un produit
développé par la société
espagnole Ailink). Il facilite notamment la reprise
des contenus du quotidien sur les supports électroniques.
Une nouvelle formule du quotidien papier est prévue
pour septembre prochain.
Prochain
retrait du groupe Suez du capital de Bayardweb
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Dans
son édition datée du 12 mars, Le Figaro a révélé
que le groupe Suez aurait l'intention de quitter
prochainement Bayardweb. Un projet auquel il s'était
associé depuis le départ, en juillet 2000, à parité
avec Bayard Presse. Un an plus tard, le groupe
Mederic a rejoint le duo d'actionnaires en prenant
une participation de 15 % dans Bayardweb.
Le retrait de Suez n'a pas été confirmé mais il
s'inscrit logiquement dans la stratégie globale
de retrait des médias du groupe dirigé
par Gérard Mestrallet. Pour la direction de Bayardweb,
le départ de son actionnaire de référence ne siginifie
pas l'arrêt des activités de la structure. "Le
principe de la poursuite des développements de
Bayard Presse dans Internet est acquis (...) Tout
ce que je peux dire, c'est qu'il existe actuellement
plusieurs scénarios à l'étude", commente Olivier
Jay . Le
manager devrait y voir plus clair avant l'été
pour le volet Suez.
Dans
un deuxième temps, un bilan d'étape de Bayardweb
sera présenté dans le courant de l'été. Les ambitions
de Bayardweb ont été revues à la baisse mi-2002
: la structure Internet a renoncé au portail
éditorial global et multi-titres pour se
concentrer sur quatre sites principaux (Phosphore.com,
Notre-Temps.com, Croire.com et La-Croix.com).
L'effectif de Bayardweb est passé de 72 à 40 personnes.
Olivier Jay indique qu'en trois ans, Bayardweb
a investi 20 millions d'euros dans ses projets.
Le
manager tire trois enseignements principaux de
son expérience : "Le modèle d'abonnement
traditionnel de la presse ne peut être dupliqué
en ligne car le marché n'existe pas. Secundo,
il faut plutôt miser sur un mixte gratuit/payant
sur chaque site. Tertio, il faut multiplier les
couplages publicitaires papier/Internet".
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