Pour réduire les coûts
induits par leur centre d'appels, certaines entreprises
choisissent de le délocaliser à l'étranger.
Si ce choix représente de réelles opportunités,
comme l'explique Frédéric Jousset, co-président
de Webhelp, prestataire qui met à disposition
des entreprises un réseau de centre de contact
internationaux (Maroc, Roumanie, Inde), celui-ci doit
être fait en respectant un certain nombre de règles.
JDN.
Quels avantages associez-vous à la délocalisation
d'un centre d'appels à l'étranger ?
Frédéric Jousset. Il y a trois
principaux avantages. D'abord, cette activité
attire à l'étranger des personnes plus
qualifiées et plus motivées qu'en France.
Par rapport au marché du travail local, les rémunérations
qui sont proposées par les centres d'appels sont
plus élevées que la moyenne, ce qui permet
de capter une population de jeunes, ayant souvent un
niveau de formation bac +3, bac +4. Parallèlement,
la motivation se traduit par un plus faible absentéisme
et un "turn-over" moins important. Alors qu'en
France, le "turn-over" est proche de 30 %,
il n'est que de 9 à 10 % à l'étranger.
Deuxièmement, le cadre réglementaire est
plus souple, surtout en ce qui concerne le travail de
nuit, pendant les week-end ou les jours fériés.
Les plages horaires sont plus étendues et les
possibilités de flexibilité plus importantes
pour un coût moindre. Enfin, le dernier avantage
réside dans les économies substantielles
que l'on peut faire sur l'externalisation d'un centre
d'appels. Grâce à un prestataire offshore,
les coûts d'une externalisation peuvent baisser
de 35 %.
Quels
pays sont les meilleurs choix pour délocaliser
un centre d'appels francophone ?
En ce qui nous concerne, nous prenons en compte quatre
critères pour faire notre choix : la qualité
et la robustesse de l'infrastructure télécoms,
le niveau de francophonie, la compétitivité
du niveau salarial et la stabilité du cadre juridique.
Selon ces quatre critères, les trois premiers
pays vers lesquels il est possible de délocaliser
sans beaucoup de risques sont, en premier, le Maroc,
puis ex-equo, la Tunisie et la Roumanie. Le Maroc offre
à la fois une stabilité politique remarquable,
une très bonne qualité de bande passante
et un vivier de jeunes diplômés. La Tunisie
offre un meilleur niveau de francophonie à l'oral
que la Roumanie. Par contre, ses infrastructures télécom
arrivent à saturation. Ce qui n'est pas le cas
de la Roumanie qui offre un très bon niveau de
francophonie, mais à l'écrit. L'Ile Maurice
et le Sénégal sont des choix plus lointains
et moins stables qui, selon nous, offriront de très
bonnes conditions dans quatre ou cinq ans.
Quel
modèle d'implantation faut-il privilégier ?
Il y a trois modèles d'implantation. Soit l'entreprise
monte elle-même son centre d'appels à l'étranger.
Soit, elle traite en direct avec un prestataire local.
Soit elle fait appel à un prestataire qui opère
depuis la France à l'étranger. La première
solution n'est envisageable que pour les projets de
grande envergure, d'au moins 150 positions. Car les
délais de mise en place, les investissements
et les démarches nécessaires sont trop
lourds par rapport aux avantages. En dessous de 150
positions, il vaut mieux opter pour les deux autres
solutions. Traiter directement avec un prestataire étranger
est moins coûteux que de passer par un prestataire
français. Mais cette solution demande un suivi
rigoureux. Un prestataire français va gèrer
l'interface avec le centre d'appels. Il peut également
permettre de répartir les risques en situant
le centre d'appels dans deux pays différents.
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