Alors qu'il a lancé
ses services i-mode en décembre, Bouygues Télécom
procède à une opération de grande
envergure d'échange de ses premiers terrminaux
multimédia Nec. Les premiers clients français
ayant adopté l'i-mode vont prochainement recevoir
par courrier postal ou par SMS une "invitation"
pour changer leur téléphone mobile : à
la place du Nec n21i, ils vont se voir proposer le Nec
n22i. Un produit plus performant si l'on en croît
les descriptifs présents sur le site de Bouygues
Telecom et le communiqué de presse de Nec France
: grand écran 4096 couleurs, fonctionnalité
de saisie prédictive de texte, deuxième
écran LCD intégré au rabat supérieur,
etc.
Les
clients i-mode de Bouygues Telecom concernés
devraient être ravis de ce changement puisque
ce renouvellement de terminal sera entièrement
gratuit. Officiellement, Bouygues Telecom parle d'un
"avantage client", signe de la "générosité"
de l'opérateur mobile vis-à-vis de ce
segment clientèle très prisé. Officieusement,
il s'agirait plutôt d'apaiser la grogne d'un certain
nombre d'utilisateurs, irrités par des bugs liés
au Nec n21i.
L'information
de cette opération d'échange de terminaux
multimédias circule déjà sur des
sites de passionnés de l'i-mode, comme i-Mood.net.
Les modalités de "l'opération n21i contre
n22i" y sont présentées : les utilisateurs
i-mode devraient recevoir un message sur leur répondeur
dans le courant de la première quinzaine d'avril. Ils
seront invités à se rendre dans une boutique Bouygues
Telecom, équipés de leur coffret n21i complet afin d'y
effectuer l'échange.
Bouygues Telecom explique
que cette opération est destinée à
récompenser les premiers clients i-mode. Même
son de cloche du côté du Nec France qui
présente cet échange comme une opération
conjointe avec Bouygues Télécom. "Nous
l'avons décidé pour mieux satisfaire nos clients et
gérer d'éventuelles demandes et déceptions (...) Les
tous premiers clients i-mode, détenteurs du n21i, pourraient
être déçus d'avoir si vite un produit arrêté et
remplacé par un nouveau modèle au design et aux
fonctionnalités plus évoluées", explique le service
de presse du fabricant de téléphones mobiles.
Selon nos informations, cet argumentaire marketing de
"l'opération n21i contre n22i" constitue la
partie émergée de l'iceberg. En contactant
le centre d'appel de Bouygues Telecom et un distributeur
indépendant de produits de téléphonie
mobile, le JDN a été informé que
d'autres détails étaient plus gênants.
Le premier terminal i-mode
de Nec commercialisé sur le marché français
peut présenter des problèmes techniques
: clavier qui se bloque, bugs dans l'interface et pour
la gestion du répertoire, charge de batterie
défectueuse.
Des pannes souvent dénoncées
dans les newsgroups et forums dédiés à
l'Internet mobile. D'où la volonté de
Bouygues Telecom de faire migrer les premiers clients
i-mode assez rapidement vers le nouveau modèle
de Nec. Sur la boutique en ligne du site Bouygues Telecom,
on ne trouve d'ailleurs plus de trace du premier modèle
i-mode : seul le nouveau Nec n22i est disponible,
avec le Toshiba TS21i. L'opérateur mobile prétend
se trouver en situation de "pénurie"
du modèle première génération,
le n21i. Ça tombe bien...
Le timing serré de l'opération
i-Mode explique pour partie ce "couac" : décidé
à sortir son offre suffisamment tôt pour
profiter des fêtes de fin d'année, Bouygues
Telecom a sciemment pris le risque de démarrer
avec des terminaux dont il savait qu'ils seraient au
mieux rapidement obsolètes. Au sein de Bouygues
même, il se murmurait qu'il valait mieux ne pas
faire de zèle et attendre février pour
s'équiper. De là à diffuser des
terminaux défectueux...
Reste à connaître
l'ampleur de cette opération de rapatriement
et d'échange : au dernier pointage en février,
Bouygues Télécom indiquait recenser 100 000
utilisateurs i-mode en France. Une grande majorité
d'entre eux ont été recrutés à
l'occasion de Noël, période au cours de
laquelle Bouygues Télécom a lancé
une vaste campagne de publicité pour promouvoir
"l'Internet de poche".
A cette époque, les
"early users" ne pouvaient commander qu'un
seul terminal i-mode : le fameux Nec n21i. Par conséquent,
l'appel à renouvellement porte au minimum sur
plusieurs dizaines de milliers d'utilisateurs. Autre
interrogation : le coût financier de "l'opération
n21i contre n22i". Bouygues Telecom ne communique
ni sur son montant, no sur la répartition de
la charges entre l'opérateur et Nec France. A
moins que l'opération n'ait été
budgétée dès le départ.
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