Deux ans presque jour pour
jour après la faillite du cybermarché Webvan, son
fondateur Louis Borders revient vers l'Internet avec un
nouveau site. Le nouveau projet, certes moins ambitieux,
est positionné sur un marché difficile : la vente de contenu.
Sa nouvelle société, baptisée Keepmedia, propose un service
de consultation d'archives sur abonnement de titres issus
de la presse magazine ou quotidienne. L'entreprise emploie
déjà une cinquantaine de personnes.
Concrétement,
le site propose au grand public d'effectuer des recherches
dans dix années d'archives et sur 140 publications,
dont BusinessWeek, Esquire, Forbes, The Economist,
et des magazines professionnels de Reed Business Information.
L'abonnement mensuel, fixé
à 4,95 dollars, permet de consulter un nombre illimité
d'articles et offre des services de personnalisation.
Les numéros en cours ne sont pas compris dans l'abonnement.
Mais il est possible d'acheter des abonnements "papier"
ou des articles en cours à l'unité sur le site, qui
est totalement exempt de publicité.
Keepmedia
est une nouvelle aventure pour Louis
border. A 55 ans, l'homme a déjà une longue carrière
d'entrepreneur derrière lui. A 23 ans, il a fondé
avec son frère ce qui allait devenir la deuxième chaîne
de librairies américaines, Borders Group. L'enseigne
réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires de 3,4 milliards
de dollars. A l'origine, l'entreprise n'était qu'une
petite librairie de livres d'occasion dans le Michigan.
Mais Borders, diplômé en mathématiques, a l'idée de
concevoir un logiciel de gestion des stocks qu'il pourra
vendre à de grosses librairies. Une idée qui
va lui permettre de développer une chaîne de 21 librairies,
rachetée par Kmart en 1992 pour plus de 200 millions
de dollars. Borders est alors un businessman heureux.
Mais
son sens des affaires va être mis à rude épreuve. En
1999, soutenu par un fonds de capital-risque (Benchmark
Capital), il fonde Webvan. L'idée de départ, un peu
folle, est de vendre en ligne toute sorte de produits
aux particuliers en stockant 3 millions de références.
Benchmark Capital réduit les ambitions du projet et
les stocks à 30 000 références. Malgré
tout, pour démarrer ses activités, Webvan
doit construire des entrepôts de 300 000 mètre
carrés sur chaque zone de livraison et se doter d'une
flotte de véhicules de livraison, le tout avec un capital
initial de 400 millions de dollars. Du jamais vu.
Webvan
ne résistera pas à l'éclatement
de la bulle Internet. La faillite intervient en 2001.
Au total, Webvan aura "brûlé" près d'un milliard de
dollars en cash. Borders est débarqué par les investisseurs
avant la fin. Dans la foulée, plusieurs milliers
de personnes sont licenciées.
Interrogé
par la presse américaine, Borders, réputé pour sa personnalité
secrète, maintient que l'exécution du projet Webvan
était "excellente". "Un marché très profitable était
en train de naître, explique-t-il aujourd'hui, mais
l'entreprise ne pouvait pas ralentir quand les marchés
financiers et les investisseurs ont ralenti."
Louis
border
a compris la leçon. Sa nouvelle société, Keepmedia,
n'a pas fait appel au capital-risque, même s'il confie
qu'il attend de nouveaux fonds avant la fin de l'année.
En attendant cette augmentation de capital, le nouveau
PDG planche sur projet bien plus concret : rallier
AOL Time Warner à son offre. Time, qui édite environ
150 magazines, n'est pour l'instant pas partenaire de
Keepmedia. Un challenge de plus.
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