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Jean-Yves Mirski (SEV) : "De plus en plus de films français sont piratés en ligne"
Le délégué général du Syndicat de l'édition vidéo livre son analyse du problème de la piraterie en ligne, dont l'expansion est liée à l'essor du haut-débit.  (Mercredi 5 novembre 2003)
         
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Selon Palisade Systems, une société spécialisée dans la sécurité des réseaux, 47 % des téléchargements effectués sur les réseaux P2P concernent des films. Parallèlement, le marché légal mondial de la vidéo, porté par l'essor du DVD, a progressé de 50 % en 2002. A l'heure où la sortie de Matrix 3 fait l'objet d'un plan anti-piratage sans précédent, Jean-Yves Mirski, délégué général du Syndicat de l'édition vidéo (SEV) et ancien vice-président par intérim de l'Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA), analyse la situation du secteur face aux problèmes croissant de piraterie en ligne et nous livre ses positions en matière de lutte contre le téléchargement illégal.

JDN. Quelle est la situation du marché de l'édition vidéo en France ? Dans quelle mesure est-il affecté par le téléchargement pirate ?
Jean-Yves Mirski.
En 2002, il s'est vendu en France 49 millions de DVD et 33 millions de VHS. Cela représente une valeur éditeurs de 1,07 milliard d'euros et, en valeur consommateurs, entre 1,6 et 1,7 milliard d'euros. A titre de comparaison, le chiffre d'affaires salles s'élève à environ 1 milliard d'euros. Cela fait maintenant plusieurs années que le chiffre d'affaires de l'édition est supérieur au chiffre d'affaires salles. Concernant la piraterie, la MPAA [Motion Picture Association of America, ndlr] évalue le nombre de téléchargements de films entre 600 000 et 800 000 par jour au niveau mondial. La France doit représenter entre 3 et 5 % du global. Les pirates téléchargent surtout des nouveautés, et beaucoup de films pornos. Médiamétrie a établi que les personnes connectées en bas débit surfent en moyenne six heures par mois, contre dix-sept heures pour les connectés en haut-débit. On ne peut pas en déduire que la différence doit être attribuée entièrement au téléchargement, mais c'est une piste à suivre. Par ailleurs, on constate que de plus en plus de films français sont piratés en ligne. Poster sur le web les nouvelles sorties cinématographiques le plus rapidement possible est devenu un sport national. Cela justifie les mesures prises pour la sortie de Matrix, surtout que le piratage en ligne gagne du terrain par rapport au piratage traditionnel. En fait, Internet est devenu la source d'un grand nombre de DVD pirates. Leurs auteurs ont fait beaucoup de progrès techniques, ce qui leur a permis par exemple, sur Nemo, d'utiliser une source pour l'image, et une autre pour le son. Au final, on obtient malheureusement une copie de grande qualité. Enfin, c'est le développement du haut-débit, pré-requis pour télécharger des films, qui favorise le piratage.

Quelles mesures sont mises en œuvre pour lutter contre la piraterie ?
Quand on voit que les FAI vendent leurs offres d'accès haut-débit en mettant en avant le téléchargement alors que 99 % de l'offre est illicite, il y a de quoi se faire du souci. L'ALPA procède à une surveillance sur Internet de plus en plus ciblée et active et il existe toute une panoplie d'actions à mener, à plusieurs niveaux.
Sur le plan législatif, nous attendons la transposition de plusieurs directives européennes (commerce électronique, droits d'auteur) qui doivent renforcer nos possibilités d'actions. Comme l'industrie musicale, avec laquelle nous travaillons au sein du Clic [Comité de liaison des industries culturelles, ndlr], nous attendons qu'elles responsabilisent les FAI. On ne peut pas entrer avec eux dans des discussions de marchands de tapis quand on connaît la vitesse à laquelle les fichiers pirates sont mis à disposition sur Internet. Il faut mettre en place des procédures efficaces qui permettent une action immédiate à partir du moment où l'infraction est relevée.
Sur le plan technique, au sujet des dispositifs anti-copie, nous attendons également la transposition de la directive. La situation n'est pas la même que pour les CD dans la mesure où, dans le cahier des charges, les DVD sont protégés contre la copie. Mais c'est le support qui est protégé. L'œuvre, elle, est copiable à partir du moment où elle est diffusée en télévision. L'exception de copie privée a d'ailleurs été créée pour l'audiovisuel : il s'agissait de mettre en conformité les textes avec la réalité de la diffusion télé. La base de répartition des rémunérations pour copie privée, ce sont les diffusions télé.
Sur le plan de la prévention, je pense qu'il est fondamental d'informer le public sur les risques encourus et la licéité d'un certain nombre d'actions.

Par ailleurs, je ne pense pas que l'augmentation des taxes sur les supports soit une piste valable. Au niveau des actions répressives, les procédures judiciaires sont encore rares, car elle sont longues et compliquées. Mais l'ALPA est réorganisée depuis un an et va disposer de plus d'inspecteurs. Les poursuites sont justifiées lorsqu'une personne dispose de plusieurs milliers de fichiers pirates, et qu'on peut légitimement supposer qu'elle en fait commerce, comme dans le cas de ce particulier qui a mis en ligne la version française de Nemo. Enfin, certains proposent d'agir sur les délais de diffusion. Je ne pense pas qu'il soit utile de raccourcir les délais télé, et encore moins de rallonger les délais vidéo, ce qui ouvrirait la porte à la piraterie.

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Croyez-vous au modèle de la location en ligne, la solution légale que proposent les studios américains à travers Movielink ?
Les studios ne veulent pas communiquer sur les résultats de ce marché qui est encore réduit. Si le système arrive à être sécurisé, ce modèle paraît assez logique. Mais, à mon avis, ça n'est pas pour tout de suite. Les gens qui veulent posséder des films chez eux ne sont pas trop concernés par cette offre. En revanche, ce modèle entre en concurrence avec le marché des vidéo clubs. Pour l'instant, c'est encore compliqué, car les détenteurs de droits vidéo supports ne les ont pas automatiquement pour la VOD. Les négociations en termes de droits et de délais de diffusion se font encore au coup par coup, comme c'était le cas entre les maisons de disque et les services de téléchargement payants.

[Raphaële Karayan, JDNet]
 
 
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