AOL, Club Internet, Noos et
Numéricable, lorsqu'ils sont saisis d'une plainte émanant
d'un ayant droit, répercutent cette information par mail
aux abonnés incriminés. Dans tous les cas, ce sont les
ayants droit qui identifient l'adresse IP de ces internautes
(grâce à des logiciels qui scannent les réseaux P2P),
pas les FAI, qui insistent systématiquement sur ce point
critique : il en va du respect des données personnelles
de leurs abonnés. Face à cette situation, les FAI font
le grand écart entre la nécessité de témoigner leur bonne
volonté dans la lutte contre le piratage, et les trésors
de diplomatie qu'il faut déployer pour ne pas être accusés
de " flicage " par les internautes.
Quelles
que soient les demandes des ayants droits, en France,
les FAI ne peuvent être contraints de révéler l'identité
de leurs abonnés que par une décision de justice. Rien
ne les oblige non plus à transmettre aux intéressés
les plaintes qu'ils reçoivent. Celles-ci émanent des
majors du cinéma et de la musique, ainsi que des grands
studios de jeux vidéo et des éditeurs de logiciels,
qui sont également touchés par le téléchargement pirate.
Elles viennent aussi bien des Etats-Unis que de l'Hexagone.
Les entreprises américaines peuvent en effet agir en
faveur du respect de leurs droits au delà de leur frontière,
au nom notamment de la Convention de Berne pour la protection
des oeuvres littéraires et artistiques, et de la Convention
universelle sur le droit d'auteur.
Club-Internet a
commencé à envoyer ce type d'e-mail à ses abonnés en
avril dernier, suite à l'intensification début 2003
des courriers de la part d'ayants droit, ce que Guillaume
Granié, directeur de la communication du FAI, assimile
à une "phase d'intimidation" des ayants droit, menée
dans un but dissuasif. "Vu la détermination de plus
en plus forte des ayants droit, explique-t-il, nous
avons décidé d'informer nos abonnés et de leur transférer
leurs courriers. Cela nous paraît être la meilleure
solution, car nous croyons à la dimension pédagogique
de cette action."
La pédagogie conduit Club
Internet dans ses mails à conseiller "vivement de cesser
cette pratique dans les plus brefs délais afin de vous
prémunir d'une éventuelle plainte déposée a votre encontre
par l'organisme possédant les droits sur ce ou ces contenus".
Mais en son nom et en l'absence de demande de la justice,
le FAI ne prévoit aucun recours contre les agissements
de ses abonnés, comme la résiliation du contrat par
exemple, même si ses conditions de générales de vente
incluent le respect de la propriété intellectuelle.
Du côté d'AOL, on
invoque également une "démarche de sensibilisation et
de prévention sur le respect des droits de la propriété
intellectuelle", selon une porte-parole du FAI, qui
ajoute : "Certains abonnés nous en remercient parfois,
car nous les avertissons aussi que l'utilisation du
P2P permet à des tiers de connaître le contenu de leur
ordinateur, ce dont ils ne se rendent pas forcément
compte." AOL affirme n'avoir envoyé qu'une cinquantaine
de mails de ce type durant les six derniers mois, suite
à des courrier émanant essentiellement de la RIAA, la
MPAA et l'IDSA (Interactive Digital Software Association).
Si tous les FAI font cette
démarche dans une logique de prévention - et certainement
aussi pour éviter qu'on leur reproche de ne rien faire
contre le piratage - ils n'adoptent pas tous exactement
la même position dans leurs mails. Ainsi, Noos
adopte une attitude plus neutre, en transmettant le
mail de l'ayant droit mais en se gardant de tout conseil
à l'internaute.
Les abonnés à Wanadoo
et Tiscali n'ont pas le loisir de lire de genre
de mails. Le premier n'a pas souhaité s'exprimer sur
le volume de saisies qui lui seraient parvenues des
ayants droits. Les deux FAI affirment préférer mettre
en avant leurs offres de téléchargement payant, fonctionnant
sur la plate-forme OD2.
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