Entre deux spams et une carte
de vux électronique, vous recevrez peut-être ces
jours-ci une invitation à rejoindre la communauté grandissante
de LinkedIn, un site de "networking social" de type Friendster
mais à la mode business. Aux Etats-Unis, ce genre de sites
bénéficie actuellement d'une aura propice à la croissance
exponentielle du nombre de leurs membres. Nouvelles coqueluches
du capital-risque, surfant sur le succès des sites de
rencontres, ils ont fait l'objet en fin d'année d'une
vague d'investissements, qui a notamment permis à LinkedIn
de lever 4,7 millions de dollars.
La
promesse de LinkedIn, équivalent professionnel de Friendster,
tient en une phrase : augmenter la portée de son réseau
et en tirer le meilleur parti, grâce à la puissance
communautaire du web. Le site, créé en mai 2003, revendique
65.000 membres dans 80 pays (dont 20.000 professionnels
du recrutement), inscrits dans l'espoir de trouver un
emploi, de recruter un collaborateur ou de nouer des
partenariats commerciaux. Agissant comme un amplificateur
des pratiques habituelles de réseau, il propose à ses
membres de se trouver via des références professionnelles
communes.
Chaque utilisateur remplit
une fiche d'inscription et invite ses contacts à rejoindre
son réseau. Ces derniers font de même, et ainsi de suite,
ce qui démultiplie la taille du réseau initial. L'utilisateur
a la possibilité d'effectuer des recherches au sein
de sa base de contacts directs ou indirects, mais pour
contacter un membre, il doit obligatoirement passer
par les connexions intermédiaires, qui doivent accepter
de servir de référent. Les référents doivent remplir
une fiche précisant la nature de leur lien avec le demandeur
(manager, collègue, client, etc.).
Konstantin Guericke, cofondateur
de LinkedIn, affirme que 1.000 demandes de références
sont ainsi réalisées chaque mois. Dans un communiqué,
le site s'enorgueillit d'un taux d'acceptation des demandes
de références de 76%.
A ce jour, l'ensemble des
services de LinkedIn sont gratuits. Le palier que la
société s'est fixé pour rendre les demandes de références
payantes est celui des 1.000 demandes par jour. En se
basant sur le doublement de sa taille toutes les six
semaines, elle espère atteindre cet objectif en juin
2004. En attendant, elle compte utiliser la levée de
fonds de 4,7 millions de dollars qu'elle a réalisée
en novembre 2003 auprès de Sequoia Capital pour développer
de nouveaux services à valeur ajoutée, susceptibles
de rendre plus attractif un service voué à être payant.
Selon le Financial Times, le prix d'une demande s'établirait
à une dizaine de dollars. L'autre modèle possible consiste
à faire payer un abonnement annuel aux utilisateurs,
que Reid Hoffman, PDG de LinkedIn, évalue entre 100
et 200 dollars.
Reid Hoffman et Mark Pincus
(le PDG de Tribe.net) ont par ailleurs investi 700.000
dollars en décembre dans l'achat d'un brevet appartenant
à la société YouthStream Media Networks, qui avait racheté
le site SixDegrees en 2000 pour 125 millions de dollars
en actions avant de fermer les portes de celui-ci un
an plus tard. Ce brevet, convoité par vingt autres sociétés,
dont Yahoo, concerne une technologie de networking social.
Il pourrait rapporter des revenus conséquents à la société,
si elle réussit à imposer l'acquisition de licences
auprès des entreprises qui se lancent sur ce secteur
en plein boom.
Cependant, selon Red Herring,
des concurrents directs de LinkedIn comme Visible Path
ou Spoke Software, qui a bouclé un tour de table de
11,7 millions de dollars en novembre dernier auprès
de Doll Capital Management, ne sont pas préoccupés par
le brevet, ne se considérant pas comme contrevenantes.
Parmi les concurrents indirects de LinkedIn, les dernières
entreprises à avoir réalisé des levées de fonds
sont Tribe.net en décembre (6,3 millions de dollars)
et Friendster en octobre (13 millions de dollars), site
dont Mark Pincus et Reid Hoffman détiennent chacun 2,5%
du capital...
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