Mercredi 20 octobre 1999
Expansion tous azimuts pour Cythère
Cythère
a une place un peu à part au sein des prestataires français.
Comme le soulignait son président Jacques-Hervé Roubert dans
son interview
au JDNet en avril dernier, Cythère n'intervient qu'auprès
d'un nombre volontairement limité de clients, (Danone, Fnac,
Le Club Méditerranée, L'Oréal
) et a adopté une approche
très américaine de la prestation de services Internet. Aujourd'hui,
avec 67 personnes à Paris, 15 à New-York et environ 35 millions
de francs de chiffre d'affaires, Cythère poursuit, discrètement
mais sûrement, sa croissance interne et externe, cultivant
de plus en plus son originalité.
Cythère va tout d'abord lancer un nouveau pôle d'activités,
une sorte de "machine" à fabriquer des start-ups. L'agence
va pour cela créer une structure juridique indépendante, dont
les actionnaires seront -comme pour Cythère- Jacques-Hervé
Roubert et Christophe Tricaud. Cette entité, dont le nom devrait
être déposé cette semaine, participera en tant qu'actionnaire
à de grands projets de e-business. L'idée est de prendre le
projet le plus en amont possible, dès le germe de l'idée,
voire avant même qu'elle n'ait germée, et d'accompagner les
start-ups jusqu'à leur maturité, en jouant le rôle
de cofinanceurs.
Il faut dire que le conseil stratégique est déjà l'une des
pierres angulaires de l'activité de Cythère. Plus encore,
Jacques-Hervé Roubert refuse les budgets pour lesquels il
n'est pas assuré d'avoir la partie consulting. Il souligne
à cet égard le fossé qui existe entre "les sociétés ne consulting
qui ne font pas [de prestations Internet NDLR] et celles
qui font mais qui ne remontent pas jusqu'au consulting". Il
illustre ses propos par différentes études américaines, selon
lesquelles les sociétés qui se cantonnent à la création ne
sont parfois valorisées qu'à hauteur de 1,6 fois leur chiffre
d'affaires, celles qui détiennent une expertise dans le consulting
jusqu'à 40 fois. Dans ce gap réel, Cythère, à mi chemin des
deux extrêmes, doit se situer plus près des 40 que des 1,6.
Cythère va donc se renforcer dans la chaîne "consulting -building",
en France comme à l'international.
En France, l'événement le plus immédiat reste l'ouverture
du nouveau site de la Fnac, prévue pour le 4 novembre.
A l'international,
forte de son succès américain, Cythère devrait très vite acheter
des structures en Espagne, en Italie, en Grande-Bretagne et
en Allemagne. Il s'agit notamment de répondre à une attente
fortement exprimée par les clients de l'agence qui se développent
à l'international, eux aussi. A mesure que les budgets croissent,
Cythère s'étend donc au même rythme.
Déjà, l'agence de New-York réalise 25% du chiffre d'affaires
total de l'agence. Et Jacques-Hervé Roubert, très fin connaisseur
du marché américain, a la fierté de pouvoir dire qu'aujourd'hui,
Cythère USA peut voler de ses propres ailes sous la houlette
de Paul English. Qui plus est, l'agence commence à s'émanciper
des budgets français de Cythère et concoure sur des projets
indépendants.
La logique européenne de Cythère est identique : créer de
petites entités, de petits centres de profit d'abord pilotés
par Paris puis destinés à devenir autonomes. Répondre à la
demande d'internationalisation des clients, puis en profiter
pour élargir sa sphère d'influence locale. D'ici la fin de
l'année, Cythère devrait donc avoir deux pôles d'activités
bien distincts: "l'incubateur de start-ups", piloté par Jacques-Hervé
Roubert et Christophe Tricaud, et Cythère, de plus en plus
piloté - sous l'il attentif des fondateurs- par le tandem
Benjamin Pardo (ex-DG de DDB) arrivé il y a cinq mois et Antonio
Salem, ancien directeur technique de BDDP Interactive.
Quant à Jacques-Hervé Roubert, à 48 ans il n'a pas du tout
l'intention ni de vendre ni de prendre sa retraite. "Plus
j'avance, moins j'ai envie d'arrêter", annonce-t-il
en guise de démenti aux nombreuses rumeurs qui constamment
donnent son agence vendue. Et l'homme de publicité qu'il a
longtemps été souligne qu'Internet en est aujourd'hui au niveau
de la télévision des années soixante. Cythère a donc encore
de la marge pour se développer. [Rémi
Carlioz, JDNet].
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