Comment
est née l'épopée du projet Pau Broadband Country ?
Jean-Michel Billaut.
A titre personnel, mais je ne suis pas le seul à le
penser, j'estime que le changement majeur dans le domaine
des technologies réside dans l'organisation et la gestion
des réseaux de télécommunication. L'idée du projet Pau
Broadband Country est de profiter des protocoles mis
en place dans les réseaux locaux d'entreprise :
Ethernet est utilisé par 200 millions d'entreprises
car c'est un service peu onéreux. Ethernet permet d'avoir
de la bande passante en veux-tu, en voilà à des prix
qui vont inéluctablement s'effondrer. Je me suis donc
dit qu'il fallait dénicher une ville où l'on
amène du très haut débit aux gens et où l'on
demande aux entreprises de faire des applications haut
débit et d'observer ce qui marche. J'ai pris mon bâton
de pèlerin avec l'Atelier BNP-Paribas qui avait une
cellule de financement de collectivité locale. Nous
avons rencontré des villes comme Lille Chalon ou Versailles
et je suis tombé sur Pau qui a dit "on va le faire".
Pourquoi
André Labarrère, sénateur-maire de Pau, vous a-t-il
écouté ?
Parce que Pau est la ville du pétrole français et l'énergie
fossile ne va pas durer éternellement. Si Pau ne veut
pas se retrouver avec des bergers béarnais dans les
rues il faut réagir. André Labarrère, qui est historien
de formation, s'est dit qu'à chaque révolution industrielle
était associée une ville : Florence pour la Renaissance,
Manchester pour la révolution industrielle. Pau s'est
donné cette mission et c'est la seule ville au monde
qui a initié ce défi.
Vous
êtes sûr ?
Oui. Milan est en train de le faire mais c'est Fastweb,
une société privée qui opère. Et les médias devront
passer par cette société pour diffuser leurs programmes.
Alors que Pau est propriétaire de son réseau, comme
l'Etat est propriétaire des routes. Et c'est bien cela
la révolution.
Quel
rôle vont jouer les communes en adoptant le très haut
débit ?
Pau ouvre en septembre porchain un réseau en giga Ethernet
dont il aura la propriété. Pau va pouvoir opérer lui
même son réseau puisque l'Assemblée a modifié en mars
dernier le code des collectivités locales qui interdisait,
jusque là, aux collectivités d'être opérateurs. Chaque
collectivité locale va désormais réagir en fonction
des élus. Pau a démarré et certaines sociétés quittent
déjà Toulouse ou Rodez pour profiter du
nouveau réseau.
Quelles
seront les villes qui suivront ?
Les petites communes, les grandes villes les conseils
généraux. C'est la France profonde qui fait décoller
le très haut débit. Paris devrait emboîter
le pas à Pau. Et Paris qui imite Pau, cela implique
une nouvel aménagement du territoire.
Quelles
sont les applications du très haut débit ?
On passe d'un monde switcher (on téléphone sur un circuit
physique) à un monde de routeurs, où les blancs vont
être utilisés par d'autres. Ce faisant, on change le
système économique dans son ensemble. Le service de
vidéo à la demande que Pau bâtit avec Microsoft contiendra
1 500 films français. Il y aura également des applications
dans le domaine de l'administration ou de la santé.
A terme, ce type de services pourra contenir tous les
films, y compris ceux qui sont sortis aujourd'hui. Idem
pour la musique et pour la téléphonie. Les empereurs
se sont bien défendus jusque là, mais les empires sont
faits pour s'effondrer. Il y a toujours un barbare qui
prend la suite.
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