INTERVIEW 
 
Philippe Andrevon
Concepteur Réalisateur Nouveaux Médias
Philippe Andrevon
"La vidéo doit encore trouver sa place sur le Web"
Diplômé des Beaux-Arts de Lyon, ce créateur multimédia parisien travaille en indépendant depuis trois ans. Il a plongé dans le monde de la télévision avant de rejoindre celui des nouveaux médias. Par comparaison de supports, il estime que le Net est plus souple que l'audiovisuel.
(22/04/2004)
 
JDN. D'où vient votre passion pour les créations liées aux nouveaux médias ?
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Philippe Andrevon

Philippe Andrevon. Je me suis spécialisé en communication audiovisuelle à l'Ecole nationale des Beaux-Arts de Lyon. Au début des années 90, je m'intéressais beaucoup aux médias de masse et aux outils, notamment graphiques, qui ouvraient de nouvelles possibilités de créativité. J'ai intégré le milieu de la télévision en collaborant avec la société Getris Images. Je formais ses clients sur un moteur 2D/3D, son produit phare destiné à la production de plateaux virtuels et à la création de programmes télévisés. Ensuite, je suis devenu infographiste pour plusieurs chaînes, telles que TF1, LCI, France Télévision, Canal Plus ou TV5. Je réalisais l'habillage de génériques d'émissions et de programmes courts.

Pourquoi avoir choisi un statut de professionnel indépendant dans ce domaine ?
En 1997, j'ai monté une agence de design interactif, Studio V. Avec mes collaborateurs, nous réalisions des sites Internet, pour la plupart institutionnels.
Nous avons également développé un système de forum installé sur le site gouvernemental de l'époque. Mais, en pleine euphorie Internet en 1999, tout a tourné court alors que nous avions la possibilité de nous faire racheter. La société s'est arrêtée à cause de mésententes entre collaborateurs. Avec l'un des associés, j'ai poursuivi l'aventure des nouveaux médias en créant Streaming Box, spécialiste de la vidéo sur Internet, en collaboration avec le groupe Transatlantic. J'espérais alors que nous aurions l'occasion de mener des projets très créatifs. Mais il s'est avéré que l'essentiel des demandes tournaient autour de retransmissions d'assemblées générales de groupes industriels. Les programmes plus élaborés que nous proposions aux sociétés étaient réalisables dans l'absolu, mais en pratique, ils se révélaient trop chers. Aujourd'hui ce genre de projet peut vraiment marcher avec la dernière version de Flash, à condition bien sûr que ce soit en accord avec le produit présenté et que cela lui apporte une réelle valeur ajoutée. Un peu déçu donc par notre activité, j'ai quitté mes fonctions. Depuis trois ans, je travaille comme professionnel indépendant.

Vous travailllez pour quels types de clients ? Pourquoi fait-on appel à vous ?

J'ai gardé mon réseau de relations essentiellement au sein de France Télévisions et du groupe Transatlantic. Je participe à la création de sites événementiels liés à des émissions dites de prestige : les séries ou feuilletons comme "Napoléon", "L'odyssée de l'espace" ou "Les Thibault" par exemple, qui sont destinés à faire beaucoup d'audience. Ces sites sont essentiellement actifs au moment de la diffusion de la série, mais ils restent en ligne pendant environ un an. Pour France 5, il s'agit plutôt de sites éducatifs, reliés ou non à la programmation télévisée. J'estime que ma valeur ajoutée - ce pour quoi on m'appelle - est liée à ma capacité d'adaptation à diverses situations. Mes clients apprécient mon côté généraliste.

De manière synthétique, comment se déroule un projet "nouveaux médias" ?
Généralement, un chef de projet d'une chaîne de télévision m'appelle pour me demander de réaliser un site. Il me fournit l'arborescence, les contenus et des éléments visuels, des images, des extraits vidéo liés ou non à la série et qui apportent des éléments sur l'époque à laquelle se déroule le film, des extraits de making-off, etc. Je propose un univers graphique, une navigation et nous travaillons ensemble pour finaliser le projet. Je travaille seul sur les projets de sites Internet liés à des séries télévisés. Pour d'autres projets, je peux prendre en charge uniquement les parties graphiques et ergonomiques. La création en elle-même peut prendre environ six jours, ensuite il faut environ un mois pour déployer la totalité du site.

Parmi vos réalisations, quel projet vous a particulièrement plu ?
Pour Ariane Espace, j'ai réalisé un projet très intéressant, et qui est toujours en ligne sur le site du groupe lanceur de fusées. C'est un module en Flash qui explique les étapes du lancement de la fusée, l'arrivée à Kourou, etc. C'est un peu didactique, très illustré, avec très peu de texte, car il est destiné au grand public.

A votre avis, l'utilisation de la vidéo est-elle possible sur tous les sites Internet ?
Cela varie en fonction des besoins du client. Pour les sites Internet de France Télévisions qui constituent des relais d'émissions en général, la vidéo s'intègre assez logiquement dans les projets sous forme d'extraits et de bandes annonces. Elle peut également être inséré sur des sites de dossiers thématiques. Dans ce cas, la vidéo apporte une plus-value au texte. En revanche, elle s'intègre plus difficilement sur des sites plus institutionnels, où le contenu est souvent très basique. Finalement, je pense que la vidéo n'a pas encore trouvé sa place sur le Web. C'est le mode de consommation sur Internet qui n'est peut-être pas encore adaptée, en terme de format, de débit et de qualité. La vidéo reste encore davantage un vecteur de diffusion que de création. Et pour la création, Flash l'a largement supplantée. Je pense que c'est aussi un problème de débit. Dès que nous aurons beaucoup plus que de l'ADSL à 512 Kbit/s, nous pourrons dépasser les contraintes actuelles qui limitent les possibilités de la vidéo sur Internet.

Avantage et inconvénient du Net : il permet de diffuser n'importe quoi à n'importe qui."

Quel regard portez-vous sur la création en ligne par rapport à d'autres supports ?
Internet est un media très puissant qui offre des possibilités impressionnantes de création. Sa caractéristique, au-delà de l'interactivité, est qu'il est à la portée de tous. Son avantage - et aussi inconvénient - est qu'il permet à n'importe qui de créer n'importe quel programme et de le diffuser. Il n'impose aucune contrainte de format ou de durée, à l'opposé des supports vidéo et télévisuel. En revanche, une fois un programme mis en ligne, il n'est pas si simple de parvenir à toucher une forte audience d'internautes. Il est alors nécessaire d'engager tout un travail de communication pour se distinguer.

Quels sont vos nouveaux projets ?
Je travaille en ce moment avec un opérateur de téléphonie mobile sur l'habillage de jeux en Java et la diffusion de contenus vidéos sur téléphone mobile. Sur un plan personnel, j'ai un autre projet plus créatif : l'édition d'un livre pour enfant associé à un site Internet comportant des animations interactives. J'ai déjà trouvé un éditeur pour la version papier, et je cherche des partenaires, éventuellement un diffuseur, pour la version en ligne. J'y travaille depuis déjà quelques temps et il me permet de sortir un peu de ce que je fais quotidiennement. J'ai en effet un peu l'impression de tourner en rond, de résoudre toujours les mêmes problématiques, et puis ce n'est généralement pas très riche sur le plan créatif.

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Quels sont vos sources d'inspiration et les sites que vous consultez régulièrement ?
Mes influences sont celles du pop-art américain. J'apprécie aussi beaucoup les dessins animés japonais d'Hayao Miyazaki [NDLR, réalisateur de Princesse Monoke et du Voyage de Chihiro], et l'oeuvre de Windsor McCay, Little Nemo in Slumberland. Sur le Net, je me connecte souvent sur designiskinky.net, surfstation.lu et inertia.d2.hu/en. Ce sont des magazines en ligne qui brossent un panel de tendances graphiques et qui présentent des dossiers thématiques et des sélections de liens régulièrement actualisés.

 
 
Propos recueillis par Philippine ARNAL, JDN

PARCOURS
 
 
Philippe Andrevon, 38 ans, concepteur réalisateur multimédia indépendant depuis 2001.

1990 Diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon, spécialisation communication audiovisuelle.

1991-1993 Successivement artiste audiovisuel (primé dans plusieurs festivals internaionaux), formateur international pour la société Getris Images, et infographiste audiovisuel (pour TF1, Canal Plus, divers institutionnels).

1994-1996 Directeur artistique et réalisateur audiovisuel : habillages TV pour TF1, LCI, France 2, La 5 et institutionnels, et programmes courts pour MTV Europe, MCM, Canal+, TV5 et institutionnels.

1997-1999 Directeur artistique, réalisateur on-line et fondateur du Studio V, agence de design interactif.
Co-directeur, responsable du développement éditorial et de la communication du moteur de recherche Ecila, directeur de la publication du webzine eMag.

2000 Directeur et co-fondateur de Streaming Box, filiale du groupe Transatlantic spécialisée dans le streaming vidéo.

   
 
 
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