INTERVIEW
 
Président
NetPartners
Michele Appendino
"Titre"
NetPartners est un fonds de capital-risque de nationalité italienne et à vocation européenne. Créé en 1997 par Michele Appendino et Fausto Boni, deux anciens seniors de McKinsey, NetPartners investit principalement en amorçage et au premier tour de table dans des sociétés Internet. Au mois de juin, le fonds a obtenu 200 millions d'euros supplémentaires pour ses investissements. NetPartners a dans son portefeuille en France des sociétés comme Self Trade, ChateauOnline, Net4Music ou UnionDream. 07 août 2000
 
          

JDNet. Self Trade, Uniondream, Château Online : vous avez beaucoup de "BtoC" dans vos investissements. Ce secteur vous tient-il à cœur ?
Michele Appendino. Oui, car on a commencé quand les "corporate" n'y croyaient pas et c'est une grande fierté. En 1997, on a senti tout de suite une vraie opportunité et c'est vrai qu'on a été parmi les premiers à investir dans l'Internet à une époque où on nous traitait presque de fous. Avec Self Trade, on a par exemple été quasiment les premiers à miser sur le courtage en ligne et quand on voit l'explosion du secteur ensuite, on se dit qu'on a fait un excellent choix. Idem d'ailleurs pour les enchères, où nous avons participé à l'amorçage de QXL, et dans le secteur du vin, où nous détenons une participation dans Château Online. On a donc souvent un avantage de premier entrant.

Mais le "BtoC" bat de l'aile en ce moment. Allez-vous continuer à investir dans ce domaine ?

Cela dépend. C'est vrai qu'en ce moment, on est dans une logique de diversification et que l'on veut toucher tous les secteurs de l'internet, que ce soit du "BtoB" financier, comme avec "Bfinance", ou du haut-débit. Mais le "BtoC" a encore de bonnes opportunités. A mon avis, et je n'ai pas varié depuis 1997, il faut se poser les bonnes questions. Dans ce secteur, il ne faut pas se demander pourquoi les gens vont acheter sur Internet, mais, et la différence est fondamentale, pourquoi les gens doivent acheter sur Internet. Le problème dans ce secteur est aussi qu'à la fin de l'année 1999, il y a eu une mauvaise spirale où l'on a assisté à une déconnexion entre la valeur réelle du business et sa valeur virtuelle. L'affaire Boo.com n'a pas arrangé les choses, même si l'ampleur de cette faillite m'a semblé démesurée. Car plus que les millions partis en fumée, c'est le cœur du business de Boo.com, la vente en ligne de vêtements, qui était en cause. Cela n'aurait donc pas dû remettre en question tout le "BtoC", car dans le domaine financier ou celui du vin, le business sur Internet reste solide. Les bonnes "start-up" arriveront donc sans trop de problèmes à d'énormes profits, notamment quand elles sont des "click and mortar".

Avec un fonds de nationalité italienne, vous investissez beaucoup en France. Pourquoi ?
Tous simplement parce qu'en matière d'Internet, ce pays est intermédiaire en Europe et que sa croissance est énorme. Entre l' Europe du Nord, où le business est saturé, et l'Europe du Sud, où le terrain reste à défricher, la France constitue une excellente
plate-forme de départ pour une "start-up". Parallèlement à cela, le Minitel est un avantage considérable chez vous car les gens ont été habitués à manier un appareil pour commander leurs produits.

Vous n'avez pas de bureau dans l'Hexagone. Comment arrivent les dossiers chez vous ?
Par le réseau. J'ai suivi des enseignements à l'INSEAD de Fontainebleau et je connais évidemment beaucoup de monde dans le milieu des affaires grâce à cela. Pour Self Trade, je connaissais par exemple tous les fondateurs avant qu'ils ne créent leur société. Le reste des projets dans lesquels nous avons investis provient essentiellement des entrepreneurs de notre portefeuille. Uniondream nous a, par exemple, été amené par une société que nous avons financée.

Vous intervenez souvent en amorçage, comme les incubateurs. Que pensez-vous de ce type de structure ?
Je suis partagé. Il y en a effectivement qui sont très utiles. Idealab est à mon sens une réussite par exemple. Mais je ne sais pas s'il existe une vraie opportunité pour 67 incubateurs en Europe, comme c'est le cas actuellement. Le problème majeur de ces structures est qu'elles n'ont pas d'historiques. Les entrepreneurs auront donc des choix difficiles à faire et iront peut-être plus volontiers vers des fonds plus expérimentés.

La baisse des valorisations change-t-elle votre approche ?
Non, mais le métier en général va revenir à plus de réalité. Je pense que certains investisseurs institutionnels qui se sont sentis obligés d'investir au moment de la spirale Internet ont perdu beaucoup d'argent. Or, quand vous avez perdu 75% de votre mise, vous êtes plus méfiant à l'idée d'investir dans l'Internet. Les entrepreneurs sont aussi moins gourmands depuis le krach. Au mois de janvier, il n'était pas rare de voir des jeunes de 20-25 ans venir vous demander 20 millions d'euros alors que leur entreprise ne les valait pas.Mais, en même temps, la folie boursière aura dopé le business car avant, il était presque inimaginable de rentrer en Bourse pour une start-up. Ce mode de sortie va donc favoriser l'apport de capitaux dans le métier, ce qui est une excellente chose.

 
Propos recueillis par Jérôme Batteau

PARCOURS
 
Diplômé en électronique de l'Ecole polytechnique de Turin et d'un MBA de l'INSEAD, Michelle Appendino a notamment travaillé pendant cinq années chez McKinsey, où il était en charge des fusions-acquisitions dans les secteurs des médias, de l'édition et du commerce de détail.

   
 
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