INTERVIEW
 
Editeur
WSJ.com
Neil F. Budde
"Titre"
Les sites
Le Wall Street Journal se renouvelle. Lancé dans une bataille mondiale avec le Financial Times du groupe Pearson pour la conquête des cadres internationaux, le quotidien - 2,6 millions d'exemplaires vendus par jour dans le monde - offre à ses lecteurs une nouvelle maquette avec davantage de couleur, un design plus aéré et une pagination accrue. Côté Web, un renouvellement a également été effectué fin janvier. Design encore plus épuré, nouvelles sections ou rubriques, nouvelles fonctionnalités de personnalisation. Cette nouvelle version du site a représenté un investissement de 28 millions de dollars pour l'éditeur. Lancé en 1996, WSJ.com fait figure de référence dans le domaine du journalisme en ligne. En 2001, WSJ.com a réalisé un chiffre d'affaires d'un peu plus de 37 millions de dollars. Neil Budde, le fondateur du service en ligne qui est toujours aux commandes, revient sur son fonctionnement et son modèle. (Interview réalisée par mail)
25 avril 2002
 
          

JDNet. Après la rénovation récente du quotidien papier, avez-vous apporté des modifications sur le service en ligne ?
Neil F. Budde. L'une des principales évolutions de l'édition papier, c'est la création d'une quatrième section intitulée "Personal Journal", consacrée aux finances personnelles, à la santé, à l'automobile, etc. En cohérence avec cette nouvelle partie, nous avons ajouté sur le site des outils et calculatrices pour les finances personnelles, un service qui liste et donne les prix des voitures, différents articles sur l'électronique grand public. Tous les articles du "Personal Journal" sont accessibles sur WSJ.com, et disponibles dans nos archives. Nous avons également modifié notre système de navigation afin de mieux valoriser les nouveaux thèmes couverts. Nous avons ajouté une page "Columnists" qui liste tous les éditos du papier ou en ligne. Des fichiers PDF reprenant la une de chacune des sections du journal sont également disponibles.

Quels sont les premiers résultats de cette nouvelle version ?

Positifs en terme d'abonnements et de revenus publicitaires. Fin mars, nous comptions plus de 640 000 abonnés payants à WSJ.com, contre 574 000 un an plus tôt. Et nous enregistrions 112 000 utilisateurs uniques par jour ouvrable ("business day"). Les utilisateurs déclarent rester en moyenne 34 minutes par jour.

Quel est le profil d'un abonné WSJ.com ?
56 % de nos abonnés ont un accès au service en ligne depuis leur bureau. 98 % d'entre eux gèrent un portefeuille boursier. 50 % sont des décideurs avec un revenu annuel moyen de 124 899 dollars par foyer. L'âge moyen est de 45 ans. 10 % des internautes qui se connectent à notre service ne sont pas américains, et ce chiffre est en progression. Enfin, 68 % de nos abonnés en ligne ne sont pas abonnés à la version papier du journal. Pour l'anecdote : la moitié des abonnés qui avaient testé le service en ligne dès 1996 sont encore inscrits sur WSJ.com, six ans plus tard.

Le Wall Street Journal Online est-il rentable ?
WSJ.com n'est pas encore à l'équilibre. A la différence de nombreux sites qui sont à la recherche d'un modèle économique, nous avons expérimenté dès le départ la viabilité et la rentabilité de notre modèle. Et c'est sciemment que nous avons choisi de réinvestir toutes nos recettes pour soutenir notre développement technologique quand tant d'autres aujourd'hui font des économies drastiques. Cette nouvelle version est d'ailleurs un signe fort de notre confiance et de notre volonté d'investir.

Quelle est la répartition de votre chiffre d'affaires ?
Jusqu'à récemment, la publicité et les abonnements représentaient chacun 50% des revenus. Aujourd'hui, la balance est plutôt 40 % de revenus publicitaires et 60 % tirés du contenu (les abonnements et les royalties sur Factiva, la joint-venture avec Reuters qui propose une bibliothèque de 6.000 publications et 20 ans d'archives du Wall Street Journal, NDLR).

Comment expliquez-vous les raisons du succès de votre modèle économique en ligne ?
J'évoquerais trois raisons principales : la richesse de notre contenu et la qualité de l'information. C'est la condition sine qua non pour que les utilisateurs acceptent de payer le service. La deuxième valeur ajoutée que nous apportons, c'est l'enrichissement éditorial en ligne : couverture en continu de l'actualité, services de recherche d'informations, de schémas et graphiques, mise à jour quotidienne des éditions. Enfin, il faut souligner la profondeur de notre documentation : accès à l'intégralité du contenu du Wall Street Journal (toutes éditions) et de Barron's Magazine. Et les abonnés peuvent aussi accéder aux ressources éditoriales de Dow Jones Publications Library, soit plus de 75 millions d'articles en provenance de quelques 6 000 sources sur plus de 15 ans.

Pourquoi avoir choisi des formules d'abonnements en ligne dès 1996 alors que la plupart des autres sites médias ont opté pour un modèle d'accès gratuit, rémunéré sur la publicité ?
Par expérience, nous savons que les utilisateurs de nos services sont prêts à payer pour une information économique et financière de qualité. Si les produits sont riches et de qualité, iIls acceptent de payer un prix raisonnable : 59 dollars par an pour les non abonnés au papier, 29 dollars pour les abonnés au papier. En fait, la décision d'adopter ou non un modèle payant dépend de la nature du produit et de son audience potentielle. Nous avons d'autres sites en accès gratuit sur des segments verticaux comme notre site "Carrière et emploi" ou notre site sur le vin. Tous deux offrent un contenu de qualité pour leurs publics respectifs, mais aucun n'aurait le potentiel d'attirer une audience suffisante s'ils devaient fonctionner sur abonnements.

Quel type d'organisation en interne avez-vous mise en place ?
C'est un système souple, qui nous permet de fonctionner en continu, au rythme des différents fuseaux horaires, et qui nous permet de nous coordonner avec le quotidien papier. Le matin, nous assistons à la conférence de rédaction du quotidien papier. Nous faisons un point à cette occasion sur l'enrichissement en ligne. A 16h00 (heure de New York), on fait le point pour déterminer comment reprendre le contenu du papier. Quasiment au même moment, l'"Asian Wall Street Journal" est presque imprimé et le "Wall Street Journal Europe" est en fin de bouclage. Le soir, nous traitons les informations envoyées par la rédaction papier, ainsi que l'actualité chaude à partir des fils d'agences (y compris le fil de Dow Jones Newswires). Alors que l'édition papier américaine part à l'impression, nos journalistes à Hong Kong sont sur les rangs pour couvrir les marchés asiatiques et les premiers événements de la journée. Quand la nuit tombe sur New York, Hong Kong puis Bruxelles, on reprend le fil de l'actualité en attendant le "réveil" de la rédaction américaine qui, dès 6h00 du matin, se prépare à la réouverture des marchés. En termes de technologie d'e-publishing, nous utilisons Vignette.

Songez-vous à une version francophone de WSJ.com ?
A l'heure actuelle, nous n'envisageons pas de lancer une version française. Pourtant, il ne faut jamais dire jamais. Idem pour une version papier. Nous avons déjà développé un certain nombre d'accords ou de partenariats appelés "Special Editions" en Europe. Ces accords stipulent que notre contenu rédactionnel est repris dans le respect de notre identité et de notre ligne éditoriale.Nous n'avons pas d'accord de partenariat de ce type en France.

Quel est votre site média favori ?
Je surfe beaucoup et je visite donc plein de sites en permanence. J'utilise aussi souvent Factiva.com [NDLR, service de veille média, exploité en co-entreprise Dow Jones Group & Company avec le groupe Reuters] pour repérer ce qui se passe sur les sites qui ne sont pas en accès libre.

En fonction de vos centres d'intérêts personnels, quels sites consultez-vous régulièrement ?
J'adore le golf, alors je vais souvent sur PGATour.com.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
Trouver une information fraîche facilement et rapidement.

A contrario, qu'est-ce qui vous irrite ?
La réponse à cette question découle de la précédente interrogation : je déteste ne pas trouver une information en ligne que je juge importante.

La galaxie impressionnante de la maison-mère du Wall Street Journal
Spécialisé dans la publication de contenue et de services liés à l'économie et à la finance, Dow Jones & Company est un groupe mondial, côté au Nasdaq. Il regroupe plus de 1 600 rédacteurs et journalistes dans le monde.
Dow Jones publie The Wall Street Journal, The Wall Street Journal Europe et The Asian Wall Street Journal.  Il publie également The Wall Street Journal Online (WSJ.com).
Parmi les autres publications de Dow Jones, on peut citer les magazines Far Eastern Economic Review, SmartMoney et Barron¹s.
Les services d'information électronique de Dow Jones comprennent, en plus du Journal Online, Dow Jones Newswires (agence de presse spécialisée dans le monde de la finance), et les Dow Jones Indexes, notamment les indices Dow Jones STOXX (une série d'indices de référence européens).
Dow Jones détient également Factiva, un service de veille économique en ligne exploité en co-entreprise avec le groupe Reuters. Le groupe est aussi co-propriétaire avec NBC de CNBC en Asie et en Europe.

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Avant de rejoindre Dow Jones & Company, Neil F. Budde a travaillé en qualité de journaliste pour USA Today, The Courier Journal ou The Richmond Times-Dispatch. En 1987, il prend les fonctions de rédacteur associé pour Dow Jones News /Retrieval. En novembre 1994, il prend les fonctions de rédacteur de WSJ.com avec la mission de développer un journal interactif. La première version intégrale de WSJ.com a été lancée en avril 96.

   
 
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