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Les résultats d'Apple sur le premier trimestre
fiscal 2003 font ressortir une perte de 8 millions de
dollars et l'on parle d'un ralentissement des ventes
d'ordinateurs personnels. Quelle est la situation économique
et commerciale d'Apple ?
Pascal Cagni. Etant
donné le contexte économique difficile
qui est le notre aujourd'hui, nous sommes très
satisfaits de nos résultats sur le premier trimestre
2003. Et ceci à plusieurs égards. Certes
nous souffrons, comme les autres, d'un marché
en décroissance, au moins sur le marché
des ordinateurs de bureau, mais nous continuons à
maintenir des efforts très importants en recherche
et développement. Ce poste représente
entre 8 et 10 % de notre chiffre d'affaires. Nous continuons
donc à investir pour l'avenir. Quant à
nos résultats, ils tiennent compte de la baisse
de 28 millions de dollars des bénéfices
dits exceptionnels par rapport à l'année
dernière à la même époque
et d'une charge de restructuration de 23 millions de
dollars. Sans cela, nous serions bénéficiaires.
Par ailleurs, alors que les analystes annonçaient
qu'Apple ferait 240 millions de dollars de chiffre d'affaires
sur l'Europe, nous avons fait 351 millions avec une
croissance séquentielle d'un trimestre à
l'autre de près de 49 %. Enfin, d'un trimestre
sur l'autre, nous avons eu une croissance de 2 % de
nos revenus et d'une année sur l'autre, nous
avons augmenté de 7 % notre chiffre d'affaires.
Que
représente Internet pour Apple en France et dans le
monde ?
Nos activités autour d'Internet
s'organisent autour de trois axes. D'abord, nous sommes
un fournisseur de matériel et de logiciel dédiés
aux acteurs d'Internet. Depuis juillet 2002, nous mettons
à la disposition des éditeurs de site,
un outil extrêmement puissant sous architecture
Unix baptisé X Serve. Ce dispositif complète
le lancement sur le marché de la gamme d'ordinateurs
OS X. Sur le dernier trimestre, nous avons effectué
6 000 ventes de X Serve. Ensuite, la société
Apple est elle-même, une très grosse utilisatrice
d'Internet au quotidien. D'abord pour nos opérations
de production et de gestion des ressources humaines,
mais aussi pour la gestion de notre réseau de
distribution. Lors du lancement d'un nouveau produit,
toutes les informations le concernant sont envoyées
le même jour par Internet à nos 1.500 revendeurs
agréés dans le monde et à nos seize
sites de e-Commerce. Parallèlement, tous nos
revendeurs directs commandent aujourd'hui leurs machines
par ce que nous appelons le "reseller store".
Enfin, nous disposons dans seize pays, dont la France,
d'un site de e-Commerce baptisé Apple Store.
Pourquoi
avoir développé un espace marchand sur
vos sites en complément de votre réseau
de distributeurs ?
La raison est très simple. Notre
stratégie de distribution a trois grands piliers.
Le premier d'entre eux repose sur le concept de distribution
non linéaire. Il s'agit de pouvoir proposer à
nos clients d'acheter nos produits où qu'ils
soient. Ils peuvent donc trouver Apple à la fois
dans la grande distribution spécialisée,
comme la Fnac ou Darty, chez un revendeur spécialisé
à valeur ajouté Apple, ou peut être
chez le petit revendeur au coin de la rue ou encore
sur Internet. Et même s'il y a quelques années,
Internet représentait 2 à 3 % des ventes,
on ne pouvait pas négliger ce canal. Ensuite,
notre stratégie de distribution est sélective,
c'est-à-dire que nous sommes pas présents
partout. D'où l'utilité d'Internet. Enfin,
comme nous avons privilégié, côté
réseau physique, la solution des revendeurs qualifiés
à forte valeur ajoutée, Internet nous
permet de réduire nos coûts de fonctionnement
en nous adressant directement à une cible d'acheteurs
autonomes. Internet est donc appelé à
grandir de manière inéluctable.
Le
site n'entre pas en concurrence avec vos distributeurs
?
Non. Nous n'avons pas sur le site de
stratégie de discount, puisque nous affichons
le prix public. Les différents moyens de commande
que nous proposons sont plutôt complémentaires,
le choix entre l'un ou l'autre dépendant de vos
besoins.
Quel
est le poids d'Internet dans vos activités commerciales,
soit avec vos distributeurs, soit via vos sites de e-Commerce
?
En Europe, 60 % du business d'Apple transite
par Internet. Ce chiffre intègre notre activité
e-Commerce, qui représente, selon les pays, entre
5 et 20 % du chiffre d'affaires de la société.
Celle-ci est d'ailleurs amenée à croître
car nous nous adressons soit à une cible captive,
soit à un public averti qui a l'habitude d'utiliser
le Web.
Depuis
quand l'Apple Store existe-t-il et quels sont ses résultats
en France ?
Le site américain d'e-Commerce
existe depuis 1998 et c'est seulement depuis deux ou
trois ans que l'on développe le business sur
cette activité. Le site français n'a été
lancé qu'en 2002. Selon Nielsen/NetRatings, au
mois d'octobre 2002, le site Apple France était
le deuxième site français de produits
informatique avec près de 500 000 visiteurs uniques
par mois, sachant toutefois que les sites de la Fnac
et de Microsoft sont classés dans une autre catégorie.
Côté chiffre d'affaires, le site français
arrive loin derrière l'Angleterre, ce qui correspond
assez bien à la part relative de la France dans
l'activité d'Apple en Europe. Aujourd'hui, l'Apple
Store en France représente environ 10 % des activités
de la société dans l'hexagone. Ce qui
le situe au milieu de la fourchette que je donnais tout
à l'heure. C'est d'ailleurs un site qui croit
très rapidement, puisqu'en 2002, son taux de
croissance a été à trois chiffres.
Quelles
sont les fonctionnalités du site ?
Le site permet une gestion personnalisée
des comptes et de la configuration des produits. Nous
pouvons proposer ce service car nous disposons d'un
centre de production en Irlande qui héberge également,
un plateau téléphonique de 1 000 personnes
dédiés aux sites Internet européens.
Le site propose également des solutions de crédit
et des fonctionnalités de retour des produits.
L'intégralité
des produits Apple est-elle référencé
sur le site et quelles sont les meilleurs ventes ?
En tout, le site compte 15.000 références,
ce qui correspond à l'intégralité
du catalogue d'Apple, dont 500 produits tiers tels que
des imprimantes, des logiciels, des appareils photos....
Ces articles sont d'ailleurs régulièrement
renouvelés, en raison du retrait des produits
qui ne se vendent pas et du renforcement de ceux qui
se vendent bien. Concernant la typologie des ventes
en ligne sur le site français, plus de 50 % d'entre
elles concernent des ordinateurs portables. Nous observons
également une augmentation très forte
des ventes de produits tiers grâce à un
meilleur référencement de ces produits.
La
structure de vente sur le site est-elle la même
que dans vos autres canaux de distribution ?
Non. Alors que 50 % des ventes sur le
site Internet correspondent à des ordinateurs
portables, ces derniers ne représentent que 30
% de nos ventes au global.
Quel
outil avez-vous privilégié pour faire
connaître la boutique Apple ?
Nous avons privilégié l'affiliation
en cherchant à être très sélectifs
sur le choix de nos affiliés. Nous rejetons,
avec l'aide de TradeDoubler, 70 % des candidatures.
Aujourd'hui, nous sommes présents sur quelques
grands sites comme mp3.com, Kelkoo ou Bestofmicro, mais
aussi sur des sites communautaires Mac.
A
titre personnel, quels sont vos sites préférés
?
1855, qui est d'ailleurs fait exclusivement
sur Apple, Egg, dont je suis membre du conseil d'administration,
mais aussi Lastminute/Dégriftour et eBay.
Achetez-vous
en ligne ?
Oui,
essentiellement du vin et des disques.
Qu'est-ce
que vous aimez dans Internet ?
J'adore surtout son instantanéité
et sa transparence.
Et
qu'est-ce que vous n'aimez pas?
Le trop plein d'informations.
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