INTERVIEW
 
Editeur
01Net
Nenad Cetkovic
"Nous visons la profitabilité en 2003"

Le site portail du Groupe Tests, 01Net, a été lancé au printemps 2000 avec des moyens très importants alors que l'éditeur se trouvait encore au sein de Vivendi. Depuis, la conjoncture a radicalement changé et Tests, premier éditeur français de presse informatique, a été cédé à un groupe d'investisseurs anglo-saxons. La nouvelle structure, Aprovia, qui réunit de nombreux titres de la presse professionnelle de Vivendi Universal, a appliqué un vaste plan de réduction des coûts au groupe en septembre 2002. Le portail n'y a pas échappé. Modèle économique, passage au payant, solutions technologiques, audience... Nenad Cetkovic fait le bilan d'une année économique houleuse.

19 décembre 2002
 
          
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Le site
01Net.com
Aprovia

Quel est actuellement la place et le rôle de 01Net dans la stratégie de Aprovia ?
Nenad Cetkovic
01Net est une entité à part entière, filiale du Groupe Tests, qui est le bras armé électronique du groupe. Nous détenons et commercialisons l'intégralité des droits électroniques des différents titres que nous éditons : "01 Informatique", "MicroHebdo", "L'ordinateur individuel"... Mais nous ne sommes pas le simple pendant online des titre papiers. 01Net a son propre business-plan, est autonome dans la génération de son audience et n'a pas vocation à vivre au crochet des magazines.

Aux Etats-Unis, un comparable de 01Net, CNET, a vu son cours chuter de 80 à 2 euros, soit bien plus que les autres segments de l'internet. Comment expliquez-vous cet échec ?
Nous avons la chance de ne pas être coté en Bourse. De par mon expérience précédente, au sein de Liberty Surf notamment, je considère que la Bourse donne des contraintes dont on n'a pas besoin actuellement... Aujourd'hui, aucune opération de ce genre n'est à l'ordre du jour.

Où en est 01Net en terme d'audience ? Quel est votre objectif 2003 ?
Nous avons 1,85 million de visiteurs uniques en novembre [source Nielsen//Netratings, NDLR]. Nous avons connu une très progression d'audience tout au long de l'année, surtout sur le grand public. Mais tous les segments du site ont augmenté en proportions. Pour 2003, notre objectif est d'entrer dans le top 15 français.

Quelles sont les parties du site les plus consultées ?
Avant tout les espaces grand public : le téléchargement, l'actualité grand public, les "trucs & astuces", la base de produits et de tests.

Quel chiffre d'affaires a réalisé 01Net en 2002 ? Avec quelles sources de revenus ?
Nous ne communiquons pas notre chiffre d'affaires. Disons que l'année a été bonne, en tous cas bien meilleure que 2001. Avec principalement des revenus publicitaires, bien sûr, mais aussi deux apports mineurs qui commencent toutefois à compter : l'e-mailing et l'e-commerce. Pour l'e-mailing, il s'agit de la commercialisation, via l'ensemble des brokers du marché, de nos bases opt-in soit 450 000 abonnés qualifiés et segmentés. Pour le e-commerce, il s'agit d'apport de trafic à des partenaires comme Kelkoo pour le comparateur mais aussi à des marchands comme Dell ou dernièrement centraledachat.com.

Une partie du contenu éditorial du portail est désormais accessible uniquement sous forme payante. Quel bilan faites-vous de cette décison et comptez-vous l'étendre ?
C'est une expérience modeste qui nous amène à penser que la vente de contenus sur Internet, actuellement, n'est pas viable. Nous n'étendrons donc pas le volume proposé en format payant. Certains services peuvent justifier un paiement mais aujourd'hui l'internaute n'est pas prêt à payer pour du contenu, aussi professionnel soit-il. Il faudrait avoir du contenu exclusif, très pointu, introuvable ailleurs... Et, même dans ce cas, les sommes facturées seraient sans doute ridicules. Clairement, nous ne serons pas des explorateurs dans ce domaine.

01Net affiche une double vocation grand public et professionnel ? Cela ne complique-t-il pas la perception du site auprès des annonceurs ?
Non, je ne pense pas. Historiquement, nous avons l'image pro que nous donnent les magazines du groupe. Pour le grand public, c'est vrai, nous avons dû faire un travail marketing en profondeur et adapter notre argumentaire. Nous avons du coup différencié notre offre publicitaire : sur le pro, nous proposons du CPM traditionnel plus de 100 euros en moyenne. Sur le grand public, nous proposons des packages sur cibles d'audience, de la couverture sur cible : aux annonceurs de fixer, sur une durée déterminée, la cible qu'ils souhaitent atteindre en fonction de l'âge ou du profil souhaités. Un peu sur le principe des campagnes radio ou TV. Ces nouvelles offres nous ont permis de nous ouvrir vers des annonceurs de secteurs traditionnels : la voiture, la finance... Des créneaux correspondant à notre public, fortement masculin.

Acceptez-vous les campagnes au rendement ?
Non, nous n'avons jamais mis le doigt dans cet engrenage, même l'année dernière qui était très difficile. Ce n'est pas maintenant que nous allons déroger à cette règle. Si les annonceurs veulent faire du marketing direct, il y a des fichiers pour ça. En tant qu'éditeur de presse, nous pensons que la publicité sur Internet est aussi un vecteur d'image.

De façon plus générale, quelle est votre vision du marché de la publicité en ligne pour 2003 ?
Le mouvement de fond va vers une valoristation de l'espace Internet. C'est le seul média ou la part d'audience n'est pas en phase avec la part de marché publicitaire. On va forcément vers un rééquilibrage. En 2003 peut-être.

Vous venez de signer un accord avec AOL pour fournir la chaine high-tech du FAI. Quelles sont les modalités économiques de cet accord ?
Nous avions déjà des accords de ce type avec Numéricâble ou Surcouf, mais celui-là est le plus important du genre pour nous. Il s'agit de licensing de contenu, en particulier sur notre base logithèque avec un reversement d'audience chez nous à partir d'un certain niveau. Les fiches produits de l'espace téléchargement, par exemple, sont sur 01Net. Cela devrait nous amener de nouveaux visiteurs uniques en 2003.

Qui paye qui alors ?
Bonne question ;-)... Ni 01net ni AOL ne communiquent sur les clauses précises de cet accord.

Quels sont vos effectifs ?
Une vingtaine de personnes exclusivement sur 01Net dont 6 au commercial et au marketing, le reste étant dédié à la technique et au contenu y compris les 5 personnes chargées de Telecharger qui sont basées à Montpellier. Tous les services support comme la finance et les RH sont au niveau du Groupe.

Vous embauchez ?
Pas aujourd'hui.

01Net s'est lancé avec Vignette, une plate-forme de gestion de contenu sophistiquée. Utilisez-vous les mêmes solutions aujourd'hui ?
Non, nous abandonnons Vignette à partir de la semaine prochaine pour adopter un outil sur-mesure plus économique : un développement en opensource réalisé avec Eurocortex, qui nous donne des fonctionnalités équivalentes, avec un hébergement chez OVH qui accueillait déjà notre plate-forme de téléchargement. Vignette nous a donné parfaite satisfaction mais c'était un choix qui correspondait, selon moi, davantage à la période de la "ola" Internet...

01Net est-il rentable ? Si non à quelle échéance prévoyez-vous de le devenir ?
Notre objectif est d'atteindre la profitabilité le plus vite possible. Ce sera le cas dès 2003.

Au-delà, quel modèle économique visez-vous pour 01net ?
2004-2005, c'est de la science-fiction sur Internet. Il y a trop de données hexogènes pour faire des prévisions qui se tiennent. En tant qu'éditeur, nous avons un credo sur le modèle économique publicitaire sur lequel il y a encore beaucoup de travail à faire : il y a à peine 10% des annonceurs "papier" qui sont sur Internet. A nous de diversifier les autres pattes de ce modèle avec du e-commerce ou des services autour du contenu.

Rétrospectivement que pensez-vous de l'acquisition de Telecharger et de sa valorisation ? A l'époque, on avait évoqué le chiffre de 3 millions d'euros ?
Je n'ai pas le souvenir qu'un quelconque chiffre ait été connu donc je ne me prononcerais pas sur la valorisation, je n'étais d'ailleurs pas là à l'époque. Sur le plan industriel en revanche, le groupe a fait une opération intéressante puisque le téléchargement fait partie de ces grandes applications vecteurs d'audience qui font le succès d'un site et que cela a permis de proposer un périmètre complet à nos lecteurs. Il existe plus d'une dizaine de logithèques francophones mais aucune à un niveau de puissance comparable aujourd'hui. Mais ne vous y trompez pas, la croissance de notre audience n'est pas uniquement liée à cette acquisition, ce serait trop réducteur de le voir comme cela. L'intégration, le marketing et la communication y sont aussi pour beaucoup.

Les éditeurs en ligne s'inquiètent de plus en plus de la réutilisation de leurs contenus numériques sur le Web mais aussi sur les intranets d'entreprise ? Comment protégez-vous vos contenus ?
Pour l'anecdote, le jour où nous avons passé une partie de notre contenu en payant, nous avons eu comme par hasard de nombreux appels entrants nous consultant sur la revente de nos contenus... Aujourd'hui le marché de la revente existe mais les investissements Intranet se concentrent sur l'infrastructure, pas vraiment sur le contenu. Plus tard peut-être...

A titre professionnel, y a-t-il des sites qui vous inspirent ? Dont vous trouvez le développement intéressant à suivre ?
En terme de portail généraliste, MSN me semble très intéressant dans son approche marketing, sa construction, ses développements... Les sites marchands donnent aussi de bonnes idées sur la relation-clients, la fidélisation, la façon de conserver l'internaute sur le site.

Et à titre personnel, quelle est votre site préféré ?
Je suis très surfer. Je pars de Google et je vois où ça me mène...

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Le site
01Net.com
Aprovia

Regrettez-vous la presse papier ?
Je ne la regrette pas puisque je suis aussi directeur marketing du Groupe Tests ! Les synergies sont fondamentales entre le papier et le Web mais les deux ont des manières radicalement différentes de conquérir des lecteurs. C'est intéressant de comparer et d emettre en oeuvre les deux méthodes.

 
Propos recueillis par Christophe Delaporte

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