JDNet.
On a beaucoup supputé sur le sort réservé
à CPR-E*Trade, après l'OPA du Crédit
Agricole Indosuez sur la CPR. Certaines rumeurs faisaient
même état d'une possible contre-offre de l'américain
pour récupérer la totalité de son activité
de courtage en ligne en France. Ou en êtes-vous exactement?
Guillaume De Charry.
En période d'OPA comme
celle-ci, je ne vous répondrai pas, car on va s'abstenir de
donner des informations qui pourraient être erronnées. La
seule chose que je puisse vous dire, c'est que CAI est actionnaire
de CPR depuis longtemps et que Etrade est notre partenaire
depuis le 1er janvier 1999. Pour le reste je n'ai pas de commentaire
particulier a faire.
Comdirect
qui a mis la main sur Paresco en juin, la CPR rachetée
par le Crédit Agricole, SelfTrade qui fusionne avec
DAB : est-ce le début de la grande concentration dans
le secteur du courtage en ligne?
Contrairement à ce que l'on pense,
ce n'est pas necessairement le début mais peut etre la fin
du mouvement ou d'un premier mouvement. Regardez le marché
en France et vous verrez que presque tous les acteurs sont
désormais en place. Consors, numéro 1 en Europe, est là, tout
comme ComDirect ou DAB grace au rachat de Self Trade. Si vous
ajoutez Cortal, filiale de la BNP, Fimatex avec la Société
Générale et nous, vous vous apercevez que le marché est déjà
bien cadenassé.
Mais quid
des Américains comme Schwab ou Ameritrade?
Vous savez,
aux Etats-Unis, il n'y a que quatre ou cinq acteurs qui se
partagent prés de 95% du marché. Sur ces cinq là, à mon avis,
seul E*Trade, qui est déjà avec nous, et Charles Schwab ont
vraiment la volonté de venir en Europe et la volonté de developper
une stratégie internationale. Mais, pour beaucoup, il y a
un énorme problème culturel en Europe : le marché est fragmenté,
il faut donc s'appuyer sur des opérateurs locaux, comme E*Trade
l'a fait avec nous. Charles Schwab à donné logiquement la
priorité à l'Angleterre, où il n'y a pas la barrière
de la langue.
D'autant
que racheter un courtier français coûte cher.
DAB qui débourse 30.000 euros par client Self Trade,
cela vous inspire quoi ?
Je
n'ai qu'un mot : chapeau Charles [Beigbeder, président
de SelfTrade, ndlr].
Mais est
ce que l'on doit se baser là-dessus pour évaluer
le prix de CPR-E*trade, soit 3,9 milliards de francs?
Non,
on n'est pas dans la même logique européenne et on fait partie
d'une banque qui a un ensemble de services. Ce n'est donc
pas réaliste d'évaluer notre établissement sur cette base.
.
Vous disposez
d'une marque reconnue, de moyens qui restent conséquents
et pourtant, en France, vous affichez moins de comptes que
les trois leaders que sont Fimatex, Consors ou Self Trade.
Comment l'expliquez vous?
Je rappelle
déjà que nous sommes peu nombreux à communiquer sur le nombre
de comptes actifs. Par ailleurs, ces acteurs que vous citez
ont bénéficié en terme de notoriété de leur introduction en
Bourse. De nombreux comptes ont été ouverts chez eux par des
particuliers à cette occasion. Plus généralement, le
problème ne tourne pas autour du nombre de comptes mais plutôt
du volume de l'activité. Chez nous, le portefeuille moyen
est de 70.000 euros, soit certainement le plus gros montants
parmi les leaders du marché. Et comme nos clients sont très
actifs, avec 70 transactions par an et par compte, on s'aperçoit
que le nombre de comptes n'est pas forcemment le critére majeur.
Quant à nos coûts d'acquisition, même si nous ne communiquons
pas le montant de nos dépenses marketing, je peux vous dire
qu'ils sont dans la norme, soit autour de 500 euros par client.
Cela dit, on n'est pas uniquement dans une logique quantitative
mais qualitative. .
Vous faîtes
donc partie des gens qui estiment que la quarantaine de courtiers
en ligne actuellement sur le marché pourront coexister?
Certains
vivent ou vivront bien en restant petit. Dans le secteur,
les marges restent acceptables et permettent de dégager des
bénéfices avant frais marketing.
Mais les
études semblent quand même très optimistes
sur le nombre de comptes en ligne, surtout quand on sait que
sur 5 millions de petits porteurs, près de 70% n'ont
pas l'intention d'utiliser Internet dans les mois qui viennent,
d'après un sondage Sofres/TF1?
C'est possible
mais le marché des actions n'est pas le seul axe de développement
des acteurs. Vous savez, on sort d'une période de vingt ans
où, en raison des taux d'intérêt élevés et de la crise économique,
une génération de Français n'a pas orienté son épargne vers
les actions. Or cette période est révolue et il va donc y
avoir une vraie demande de cette nouvelle clientèle. A nous
de répondre à cette attente avec notre offre.
Les courtiers
sortent tout de même d'une période faste où
le nombre de transactions boursières a atteint des
sommets, ce qui n'est plus le cas maintenant. Cela ne vous
inquiète pas pour le futur ?
C'est vrai
mais chez CPR-E*TRADE cela nous concerne peut être moins.
Nous sommes très diversifiés, notamment parce que nous ne
faisons pas que du courtage d'actions. Je serais donc plus
inquiet si on ne misait que sur ce produit. La fusion DAB/Selftrade
illustre bien cette problématique. Si le courtier français
se rapproche de DAB, qui a une offre très riche, c'est aussi
en partie pour ne plus être uniquement tributaire du marché
des actions et pour élargir la gamme de produits et de services.
Vous ne
faîtes pas partie des courtiers les moins chers du marché,
vous tenant un peu à l'écart de la guerre des
prix. Sur quoi misez-vous pour attirer de nouveau clients?
Sur la
relation avec le particulier. Depuis des mois, on est persuadé
que la base de clients qui arrivent sur la marché ne choisit
pas son courtier seulement en fonction du prix mais en fonction
de ses services. On mise donc avant tout là-dessus avec nos
espaces de formation, nos innovations technologiques pour
que les ordres soient transmis correctement ou des opérations,
comme le parrainage, qui permettent de récompenser
des clients qui nous en amènent d'autres. Notre réussite
vient avant tout de là. Dans tous les comparatifs sur la relation
client, on apparaît d'ailleurs dans les première places et
on a même reçu le prix de la satisfaction client organisé
par Arthur Andersen et Enjeux-Les Echos. Plus qu'un courtier
en ligne nous sommes ainsi plutôt un ensemble de services
financiers où Internet n'est qu'un outil, extrêmement
puissant il est vrai, dans notre stratégie. Avec l'Internet
on construit ainsi un business model moderne à partir
d'activités traditionnelles.
Justement,
en matière de canaux de distribution modernes, avez
vous des projets dans le Wap ou la télévision
interactive?
Dans le
Wap, on est sur le portail d'Itineris. Quant à la télévision
interactive, on regarde et on étudie le projet avec
des sociétés comme Netgem par exemple. Mais
ce ne sont pas des priorités chez nous. Je préfére
nettement proposer un nouveau produit d'assurance-vie, qui
est un vrai bénéfice pour le client, que de
lui offrir le Wap dont l'utilisation reste complexe.
Vos rivaux
sont tous cotés et ont levé des sommes importantes
pour leur développement. La Bourse vous tente-t-elle
?
Ca fait
effectivement partie des éventualité. Mais pour
l'instant, on y arrive très bien sans et on garde des
moyens financiers conséquents pour notre développement.
Mais c'est vrai que cela pourrait être utile en matière
d'acquisitions par échange de papier, notamment pour
renforcer nos contenus.
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