JDNet.
Comment Duke se positionne-t-elle par rapport aux autres
agences interactives ?
Matthieux de Lesseux.
Notre métier est de positionner, d'accompagner
et de faire prospérer les marques sur le web.
Nous ne sommes ni un studio, ni une société
d'intégration, mais nous faisons de la création,
du conseil et de la conception. Concrètement,
quand une marque vient nous voir, nous pouvons nous
occuper de toutes ses activités sur Internet,
que ce soit pour le contenu, le développement
informatique ou le CRM. C'est pour cela que nous avons
adopté un système de comités de
pilotage avec chacun de nos clients. Nous nous rencontrons
tous les mois pour faire le point et optimiser en permanence
chaque activité en ligne de la marque. Cette
manière de travailler dans le long terme nous
a aussi permis de signer avec nos clients des contrats
annuels dès le début de nos activités.
Cela
vous a évité de souffrir de la forte diminution
des nouveaux contrats sur le secteur des agences interactives ?
Nous avons tout de suite démarré
avec de grandes marques et quasiment aucune start-up,
car nous souhaitions prendre notre temps avec chaque
client pour définir une stratégie. Nous
n'avons donc pas été touchés par
l'effet start-up ni par le marasme ambiant du marché.
Il faut aussi souligner que nous sommes une agence totalement
indépendante, créée sur fonds propres,
qui doit donc veiller en permanence à sa rentabilité.
Nos contrats annuels nous permettent également
de bénéficier d'une certaine visibilité.
Ainsi, nous sommes une société de cinquante
personnes qui n'a jamais licencié pour des raisons
économiques et nous avons gardé la grande
majorité de nos clients initiaux.
Ce
sont en général de grandes marques. Pourquoi?
Nous
avons aujourd'hui une petite quinzaine de clients. Ce
sont tous effectivement de grandes marques mais ce n'était
pas notre postulat de départ, nous cherchions
avant tout à instaurer une relation client approfondie
et la qualité des projets était un critère
discriminant. Nous avons toujours refusé les
projets peu aboutis ou avec des délais de réalisation
trop courts pour faire un travail correct. Au final,
nous avons un portefeuille de grandes marques, comme
la CNP, le Crédit Agricole, Leclerc, Paco Rabanne,
Printemps ou Renault. Et depuis peu, de nouvelles références
sont venues s'y ajouter : McDonald's
[NDLR : lire l'article
du JDNet du 22/05/02] et Nissan Europe.
Quels
sont les projets pour Nissan Europe ?
Nous
venons juste de signer, donc il est encore un peu tôt
pour dire précisément ce que nous allons
faire. Cependant, nous avons signé avec Nissan
dans le but d'orchestrer les activités Internet
de la marque dans huit pays. nous sommes chargés
de définir les stratégies en ligne du
contructeur et de veiller à la cohérence
de tous les sites pour la marque. Pour cela, nous travaillons
en collaboration avec TBWA, l'agence de publicité
de Nissan worldwide, et avec IBM en Grande-Bretagne
pour l'intégration technique et l'hébergement.
Les premières réalisations de Duke pour
Nissan seront sans doute visibles d'ici septembre.
Duke
n'est donc pas touché par la crise ?
Etant
indépendants, nous avons toujours refusé
de suivre la chute des prix pour gagner de nouveaux
clients. C'était pour nous une question de survie.
Nous avons aussi refusé beaucoup de consultations
quand nous n'étions pas sûrs de pouvoir
nous exprimer sur le projet ou quand le courant ne passait
pas avec les personnes en charge du projet. Cette position
nous a évité de brader nos compétences
et, au final, à la fin 2001, nous avons enregistré
3 millions d'euros de marge brute, soit une croissance
de 35% par rapport à 2000 [NDLR : chiffres
certifiés par un commissaire aux comptes et publiés
dans le classement officiel de l'AACC].
Comment
voyez-vous évoluer les projets qui sont lancés
actuellement sur Internet ?
Aujourd'hui,
il y a certes un marché avec moins de consultations
mais les projets sont nettement plus importants, tant
sur un plan stratégique et budgétaire
que sur la précision du brief réalisé
par le client et sur le temps qui nous est laissé
pour mener à bien notre mission. Cette nouvelle
situation existe depuis un peu plus de six mois maintenant
et montre qu'il y a véritablement un marché
des agences interactives et un modèle économique
qui tient la route. C'est quand même impressionnant
de réaliser que ce marché n'existait pas
il y a quatre ans et qu'aujourd'hui, 880 personnes travaillent
sur le secteur pour 91,5 millions d'euros de marge brute
en 2001. La vraie difficulté aujourd'hui est
de surmonter la morosité ambiante. L'assainissement
du secteur arrive à son terme et il est nécessaire
de souligner que beaucoup de marques ont des projets
en cours très importants dans le domaine du BtoC.
Vous
venez de prendre la tête de la délégation
de l'AACC Interactive, qui est composée d'une
quinzaine de membres. Quelle sera votre mission durant
votre mandat ?
Le
marché redémarre en force, sur des bases
saines. L'AACC doit accompagner les agences interactives
dans leur développement et nous avons défini
trois grands axes dans ce sens. Notre premier objectif
est de participer à la structuration du marché
avec une définition précise des règles
de consultation et l'édition d'un code de déontologie
et d'engagement contractuel des agences (droits d'auteur,
développements informatiques de qualité,
points juridiques, assurances, etc.).
Notre
deuxième objectif est d'échanger nos expériences
au cours de séminaires organisés une fois
par mois (en interne ou avec l'EIAA,
le Geste,
l'IAB
ou les grands portails). Nous organiserons aussi des
séminaires thématiques pour adopter des
positions communes sur le J2E, Java, Unix ou les bases
de données par exemple. Nous souhaitons aussi
entrer en contact avec des associations similaires à
l'étranger et faire un benchmark concurrentiel
à l'international.
Enfin,
notre troisième axe portera sur la communication
autour de l'AACC Interactive. En plus de la réédition
d'un supplément dans Stratégie, nous allons
essayer de mettre en place des grands prix Internet
et de parler de nos métiers dans les écoles
(ESSEC, HEC, Dauphine, Sciences Po, Léonard de
Vinci, etc.).
Par
ailleurs, l'AACC souhaite également élargir
le nombre des agences interactives membres de la délégation
et met en place pour cela un barème tarifaire
plus simple et moins cher. L'objectif est de recruter
une dizaine de nouveaux membres d'ici deux ans.
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