INTERVIEW
 
Co-fondateur
Duke
Matthieu de Lesseux
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Duke vient de décrocher plusieurs nouveaux clients. Après McDonald's, Nissan Europe lui a confié son budget Internet. Quant à Matthieux de Lesseux, le directeur et co-fondateur avec Christine Santarelli de l'agence interactive, il vient de prendre la tête de la délégation Interactive de l'AACC, l'Association des agences-conseils en communication, où il succède à Xavier Romatet (Tribal DDB). Matthieux de Lesseux détaille pour le JDNet sur les activités de Duke et donne sa vision du marché des agences interactives aujourd'hui.
12 juin 2002
 
          

JDNet. Comment Duke se positionne-t-elle par rapport aux autres agences interactives ?
Matthieux de Lesseux. Notre métier est de positionner, d'accompagner et de faire prospérer les marques sur le web. Nous ne sommes ni un studio, ni une société d'intégration, mais nous faisons de la création, du conseil et de la conception. Concrètement, quand une marque vient nous voir, nous pouvons nous occuper de toutes ses activités sur Internet, que ce soit pour le contenu, le développement informatique ou le CRM. C'est pour cela que nous avons adopté un système de comités de pilotage avec chacun de nos clients. Nous nous rencontrons tous les mois pour faire le point et optimiser en permanence chaque activité en ligne de la marque. Cette manière de travailler dans le long terme nous a aussi permis de signer avec nos clients des contrats annuels dès le début de nos activités.

Cela vous a évité de souffrir de la forte diminution des nouveaux contrats sur le secteur des agences interactives ?

Nous avons tout de suite démarré avec de grandes marques et quasiment aucune start-up, car nous souhaitions prendre notre temps avec chaque client pour définir une stratégie. Nous n'avons donc pas été touchés par l'effet start-up ni par le marasme ambiant du marché. Il faut aussi souligner que nous sommes une agence totalement indépendante, créée sur fonds propres, qui doit donc veiller en permanence à sa rentabilité. Nos contrats annuels nous permettent également de bénéficier d'une certaine visibilité. Ainsi, nous sommes une société de cinquante personnes qui n'a jamais licencié pour des raisons économiques et nous avons gardé la grande majorité de nos clients initiaux.

Ce sont en général de grandes marques. Pourquoi?
Nous avons aujourd'hui une petite quinzaine de clients. Ce sont tous effectivement de grandes marques mais ce n'était pas notre postulat de départ, nous cherchions avant tout à instaurer une relation client approfondie et la qualité des projets était un critère discriminant. Nous avons toujours refusé les projets peu aboutis ou avec des délais de réalisation trop courts pour faire un travail correct. Au final, nous avons un portefeuille de grandes marques, comme la CNP, le Crédit Agricole, Leclerc, Paco Rabanne, Printemps ou Renault. Et depuis peu, de nouvelles références sont venues s'y ajouter : McDonald's [NDLR : lire l'article du JDNet du 22/05/02] et Nissan Europe.

Quels sont les projets pour Nissan Europe ?
Nous venons juste de signer, donc il est encore un peu tôt pour dire précisément ce que nous allons faire. Cependant, nous avons signé avec Nissan dans le but d'orchestrer les activités Internet de la marque dans huit pays. nous sommes chargés de définir les stratégies en ligne du contructeur et de veiller à la cohérence de tous les sites pour la marque. Pour cela, nous travaillons en collaboration avec TBWA, l'agence de publicité de Nissan worldwide, et avec IBM en Grande-Bretagne pour l'intégration technique et l'hébergement. Les premières réalisations de Duke pour Nissan seront sans doute visibles d'ici septembre.

Duke n'est donc pas touché par la crise ?
Etant indépendants, nous avons toujours refusé de suivre la chute des prix pour gagner de nouveaux clients. C'était pour nous une question de survie. Nous avons aussi refusé beaucoup de consultations quand nous n'étions pas sûrs de pouvoir nous exprimer sur le projet ou quand le courant ne passait pas avec les personnes en charge du projet. Cette position nous a évité de brader nos compétences et, au final, à la fin 2001, nous avons enregistré 3 millions d'euros de marge brute, soit une croissance de 35% par rapport à 2000 [NDLR : chiffres certifiés par un commissaire aux comptes et publiés dans le classement officiel de l'AACC].

Comment voyez-vous évoluer les projets qui sont lancés actuellement sur Internet ?
Aujourd'hui, il y a certes un marché avec moins de consultations mais les projets sont nettement plus importants, tant sur un plan stratégique et budgétaire que sur la précision du brief réalisé par le client et sur le temps qui nous est laissé pour mener à bien notre mission. Cette nouvelle situation existe depuis un peu plus de six mois maintenant et montre qu'il y a véritablement un marché des agences interactives et un modèle économique qui tient la route. C'est quand même impressionnant de réaliser que ce marché n'existait pas il y a quatre ans et qu'aujourd'hui, 880 personnes travaillent sur le secteur pour 91,5 millions d'euros de marge brute en 2001. La vraie difficulté aujourd'hui est de surmonter la morosité ambiante. L'assainissement du secteur arrive à son terme et il est nécessaire de souligner que beaucoup de marques ont des projets en cours très importants dans le domaine du BtoC.

Vous venez de prendre la tête de la délégation de l'AACC Interactive, qui est composée d'une quinzaine de membres. Quelle sera votre mission durant votre mandat ?
Le marché redémarre en force, sur des bases saines. L'AACC doit accompagner les agences interactives dans leur développement et nous avons défini trois grands axes dans ce sens. Notre premier objectif est de participer à la structuration du marché avec une définition précise des règles de consultation et l'édition d'un code de déontologie et d'engagement contractuel des agences (droits d'auteur, développements informatiques de qualité, points juridiques, assurances, etc.).

Notre deuxième objectif est d'échanger nos expériences au cours de séminaires organisés une fois par mois (en interne ou avec l'EIAA, le Geste, l'IAB ou les grands portails). Nous organiserons aussi des séminaires thématiques pour adopter des positions communes sur le J2E, Java, Unix ou les bases de données par exemple. Nous souhaitons aussi entrer en contact avec des associations similaires à l'étranger et faire un benchmark concurrentiel à l'international.

Enfin, notre troisième axe portera sur la communication autour de l'AACC Interactive. En plus de la réédition d'un supplément dans Stratégie, nous allons essayer de mettre en place des grands prix Internet et de parler de nos métiers dans les écoles (ESSEC, HEC, Dauphine, Sciences Po, Léonard de Vinci, etc.).

Par ailleurs, l'AACC souhaite également élargir le nombre des agences interactives membres de la délégation et met en place pour cela un barème tarifaire plus simple et moins cher. L'objectif est de recruter une dizaine de nouveaux membres d'ici deux ans.

 
Propos recueillis par Florence Santrot

PARCOURS
 
Matthieux de Lesseux a fondé sa première société à 20 ans, société spécialisée dans création et l'édition de logiciels. Il a ensuite créé un département multimédia chez Gédéon (groupe Canal +) avant de participer au développement de Connectworld et d'en prendre la direction générale jusqu'en 1999. Depuis, Matthieux de Lesseux a fondé sa propre agence interactive, Duke, avec Christine Santarelli, rencontrée lors de son passage chez Connectworld.

   
 
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