INTERVIEW
 
Directeur général
eTF1
Emmanuel Florent
"Titre"
Devenu premier site média du web français, le site TF1.fr amorce aujourd'hui une nouvelle étape de son développement avec la mise en ligne au début de la semaine de sa toute nouvelle version. A la fois nouvelle maquette et refonte technique du site, cette évolution marque une étape importante dans la vie de la filiale interactive de TF1 dirigée par Anne-Sinclair. Emmanuel Florent, directeur général de eTF1 depuis le mois de mai dernier, nous raconte le projet du nouveau site et fait le point sur la stratégie de la société qu'il dirige au quotidien.16 janvier 2001
 
          

JDNet. On considère aujourd'hui tf1.fr comme le premier site média sur le marché français. Quels sont vos derniers chiffres ?
Emmanuel Florent. Nous sommes actuellement autour de 50 millions de pages vues mensuelles pour 5 millions de visiteurs ce qui fait une moyenne de plus de 9 pages par visiteur, bien au delà des moyennes enregistrées par les autres sites. En terme de chiffre d'affaires celui-ci devrait s'élever pour 2000 à 20 millions de francs dont 80% générés par les revenus publicitaires. Mais la part des autres sources de revenus devrait augmenter cette année avec la montée en puissance des revenus générés par les services ou le commerce électronique.

Quel est l'objectif en terme d'audience pour 2001?

Nous n'avons pas encore d'objectif précis, mais à titre personnel, j'ai plutôt un rêve : j'aimerais que nous puissions faire autour de 100 millions de pages vues par mois.

Quelles sont les innovations de cette nouvelle version de tf1.fr?
En fait elles sont nombreuses même si tout n'est pas visible pour l'internaute. Les équipes eTF1 ont commencé à travailler sur ce projet il y a un an, c'est à dire bien avant mon arrivée en mai dernier. Une des grandes évolutions a été technologique avec le choix de la plate-forme Vignette pour le site, mise en oeuvre directement par l'éditeur. Cette mise en place conduite avec les équipes de Stéphane Allaire, notre directeur des technologies, permet une mise à jour en continu du site.

Et sur la forme ?
La structure du site a changé, les chaînes de contenu auparavant cachées dans les profondeurs du site sont désormais accessibles dès la page d'accueil. Nous sommes aujourd'hui plus proches d'une structure de portail. Le site va être aujourd'hui rythmé en permanence par des événements. Nous avons aujourd'hui par exemple un contenu évenementiel lié à la comédie musicale "Roméo & Juliette", mais il peut également s'agir de dossiers d'actualité. Nous avons enrichi notre contenu vidéo qui propose plus de 14.000 vidéos en ligne dont une cinquantaine de vidéos streaming pour le très haut-débit.

Ces choix pour des formats lourds ne risquent-t-il pas de vous couper de la majorité des internautes connectés via un modem traditionnel?
D'abord nous proposons toujours une pluralité d'encodage en fonction du débit dont bénéficie l'Internet. L'idée est au contraire de satisfaire un maximum de nos internautes depuis l'utilisateur du modem jusqu'à l'abonné ADSL en passant par l'internaute connecté via une ligne spécialisée sur son lieu de travail. Il faut d'ailleurs noter qu'une majorité de nos visiteurs se connectent depuis leur lieu de travail et les week-end correspondent plutôt pour notre site à des creux d'audience. Nous avons également mis en ligne des vidéos rich média qui nous permettent d'accompagner le contenu vidéo d'informations et de commentaires consultables sur un mode interactif.

La vidéo en ligne est pour vous une priorité absolue, pourtant votre groupe vient de repousser son projet de lancement d'un service de fourniture d'accès ADSL ?
Les choses sont devenues aujourd'hui beaucoup plus compliquées que ce que nous pouvions prévoir dans ce domaine de l'accès à domicile. Ce marché est aujourd'hui totalement contrôlé par France Télécom et n'est pas suffisamment ouvert pour que nous puissions mettre en place une offre. Les conditions de ce marché doivent nous permettre de proposer une offre économiquement viable, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Pour l'heure, nous souhaitons à la fois nous adapter aux conditions d'accès de nos internautes, mais également préfigurer les fonctionnalités offertes par le haut débit. Dès le mois de février nous proposerons des accès au site spécifiques en fonction de la connexion de l'internaute.

Où en sont pour les services Wap et PDA que vous avez récemment lancés ?
Le Wap fonctionne plutôt bien au regard du parc de téléphones actuellement en circulation. Sur notre opération de vote via un terminal Wap lors de l'élection de Miss France, nous avons enregistré entre 2.500 et 3.000 votes, ce qui est une bonne performance quand certains grands éditeurs de sites Web n'enregistrent qu'une ou deux connexions par jour sur leur service Wap. Notre service PDA marche lui remarquablement bien et nous estimons avoir aujourd'hui un quart des possesseurs de PDA en France qui utilisent notre service. Nous venons également de lancer Mobilipop, un service de téléchargement de sonneries pour téléphone mobile avec 100 à 200 utilisateurs par jour via un appel téléphonique surtaxé.

Quelles sont les synergies avec les autres marques du groupe, LCI ou la future chaîne Finance?
LCI possède maintenant son propre site et dispose d'un lien sur TF1.fr. Le site dispose de certaines spécificités comme la possibilité de voir les programmes de la chaîne en direct sur son site Web. Mais il y a une complémentarité à la fois évidente et naturelle entre leur site et le portail TF1.fr. Pour la future LCF, la chaîne financière que nous allons lancer à la fin du premier semestre, nous travaillons déjà sur un prolongement Web de la chaîne. En attendant nous disposons d'un contenu bourse sur TF1.fr exploité en partenariat avec les Echos.fr

Vous êtes actionnaire du site Explorimmo lancé par Le Figaro. Quels liens avec votre portail?
Nous possédons effectivement 28% de ce site et nous allons lancer en février une version co-brandé avec TF1.fr. Il s'agira du futur service immobilier de TF1.fr.

Quelle est la forme du partenariat annoncé hier avec le site de loterie en ligne Koodpo?
C'est un partenariat qui fait de Koodpo la loterie du site TF1.fr et ça marche très très bien avec plus de 1.000 nouveaux inscrits par jour depuis TF1.fr. L'exploitation se fait là encore sous forme de co-branding.

Aux Etats-Unis, CNN et le New York Times qui ont constitué eux aussi de véritables rédactions dédiées à leur portail Web commencent à réduire la voilure. Quelles conséquences en tirez-vous ?
Aux Etats-Unis, les entreprises ont une culture d'embauche et de débauche de leurs salariés très différente de la nôtre. Ils sont à la fois un peu excessifs pour décider ce type d'orientation Internet et tout aussi excessifs dans leur ralentissement. Nous avons eu pour notre part une politique beaucoup plus raisonnable dans la constitution de nos équipes. Nous devons être aujourd'hui une petite centaine de personnes dans la société et nous embaucherons probablement 25 personnes cette année. Nos stratégies n'ont rien à voir. Nous avons entrepris un énorme projet web qui s'inscrit depuis l'origine dans la durée.

Sur un plan personnel, quels sont vos sites préférés?
J'aime énormément le sport et je suis fan d'Eurosport qui est mon site sportif de référence. Je vais aussi de temps en temps sur Yahoo qui est un excellent site sur le plan technologique, très rapide. Je vais aussi souvent sur le site du Nasdaq et bien-sûr j'utilise aussi très régulièrement Boursorama un site rapide et fluide. J'aime bien à l'étranger rtl.de ou nbc.com

Vous achetez souvent en ligne ?
Souvent non. Quelque fois du vin sur Chateauonline, mais en règle générale je vais voir sur le Web et j'achète dans les magasins. J'ai besoin de toucher avant d'acheter, le vin ne pose pas de problèmes même si j'aimerais bien le goûter avant (rires). J'ai un bijou à acheter à ma femme actuellement mais je ne me risque pas encore à l'acheter en ligne.

Il y a des choses que vous n'aimez pas sur Internet?
Avec Internet, on a fait beaucoup de promesses aux gens.Or tout ne marche pas encore parfaitement sur le Web. Je n'aime pas les plantages et je pense que ces derniers devraient pouvoir finir par disparaître.

 
Propos recueillis par Fabien Claire

PARCOURS
 
X 79, Emmanuel Florent sort de l'Ecole Nationale des Télécom en 1984 et commence sa carrière au sein du groupe France Télécom où il passe trois ans à la direction de l'exploitation des transmissions TV et radio par satellite. Fin 1987, il rejoint TF1 comme adjoint du directeur technique chargé de la régie finale et des transmissions du groupe. En 1989, il devient directeur du développement du groupe jusqu'au milieu de l'année 1991, période où il devient directeur général d''Eurosport et jusqu'en août 1999 il est également directeur général adjoint en charge de la diversification. Depuis mai dernier, Emmanuel Florent occupe la direction générale d'eTF1.

   
 
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