JDNet. Quelles sont les spécificités de
votre outil "Storm" ?
Philippe Gardes. C'est
tout d'abord le premier progiciel qui rassemble toute
l'expérience marketing opérationnel tous
moyens confondus. Cela veut dire que, dans Storm, il
y a de façon très détaillée
la performance des campagnes de marketing opérationnel
par tous les moyens qu'on a pu utiliser pour nos annonceurs.
Il y a aussi bien des médias offline classiques
comme la presse, la télévision que des
médias comme Internet ou l'e-mailing. Et nous
commençons même à couvrir la télévision
interactive ou d'autres nouvelles technologies comme
le SMS. C'est vraiment un outil ouvert sur tous les
moyens opérationnels, un outil d'aide générale
sur tous les moyens.
Votre
nouvel outil de média-planning a été
développé uniquement par OMD France ?
Absolument, Storm
a été intégralement développé
par OMD France. Il est le fruit de deux ans de réflexion
et six mois de développement. Nous avons investi
450 000 euros pour le créer, ce qui est
beaucoup pour un outil de média-planning. Dans
le contexte actuel des marchés publicitaires
plutôt gris, c'est un vrai acte de foi de notre
part dans le secteur.
Il
existait déjà un outil de média-planning
développé par OMD Grande-Bretagne. Pourquoi
avoir choisi d'en créer un nouveau ?
Nous
avons choisi de repartir d'une feuille blanche et d'un
nouveau cahier des charges parce qu'aujourd'hui tous
les projets qui ont pu avoir lieu sur le marché
et auxquels nous pouvions participer ne nous ont pas
donné satisfaction par rapport aux objectifs
et aux exigences que nous avions en ce qui concerne
un outil pluri-moyens d'aide au média-planning
opérationnel.
Cet
outil est destiné uniquement au marché
français ?
Il
est d'abord lancé en France mais la structure
de l'outil peut tout à fait être utilisé
dans le réseau international d'OMD. Certains
grands pays européens du réseau OMD se
sont d'ailleurs dit très intéressés.
La condition est toutefois d'insérer dans Storm
la base de données et de connaissances propre
à son pays. Storm est en effet conçu en
deux parties : d'un côté, la partie
progiciel et de l'autre côté une partie
base de données qui est spécifique à
chaque pays puisqu'elle retrace son historique en matière
opérationnelle. Ainsi, pour la France, nous avons
une base de données de 150 campagnes opérationnelles
online et offline. Cela représente tout de même
6 000 jours d'actions publicitaires analysées
et plus de 10 000 insertions. Au total, cela représente
pas moins de 10 millions d'informations différentes
dans la base. Dans un deuxième temps, on pourrait
imaginer de faire une méta base de données
qui permettrait de comparer les pays entre eux sur un
certain nombre de grands indicateurs.
Vous
annoncez un taux de réussite de vos prévisions
de 90 %...
Effectivement.
Nos outils statistiques de modélisation nous
permettent de prévoir les rendements de futures
campagnes. Et à chaque fois que nous avons fait
tourner cet outil sur des historiques client, nous sommes
arrivés avec ces algorythmes à avoir des
capacités de prévisions des futurs rendements
supérieures ou égales à 90 %.
Cela signifie que nous sommes capables de prévoir
les résultats de campagnes opérationnelles
en terme de nombres d'appels, nombres de clics, de coupons,
etc. à 90 % dans le cas d'un historique
bien qualifié.
Quel
bilan dressez-vous pour OMD Response en 2001 ?
Sur
l'année 2001, nous avons augmenté le trafic
online géré par OMD Response. En 2000,
nous avions géré 500 millions de PAP pour
nos clients. En 2001, nous en avons géré
600 millions, soit 20 % de plus. Malgré
tout et hélas, la progression du trafic géré
ne se retrouve pas exactement dans le chiffre d'affaires
net que nous avons réalisé en raison de
l'effondrement des tarifs. Nous sommes donc dans une
situation étonnante où nous avons géré
en 2001 des campagnes de plus en plus importantes en
terme de trafic mais qui avaient des coûts nets
de plus en plus bas. C'est une situation ubuesque :
plus de trafic pour moins de revenus.
Et
quel est le bilan financier d'OMD Response en 2001 ?
Il
est en léger recul en 2001 par rapport à
2000 [un peu plus de 3 millions d'euros de marge
brute en 2000, ndlr]. L'honnêté est
de reconnaître que, vu l'écroulement des
tarifs, pour faire une augmentation, il aurait fallu
doubler son chiffre d'affaires, quelque chose d'assez
inimaginable au regard du contexte. OMD Response a vu
son trafic croître de 20 % mais un chiffre
d'affaires net en réduction non négligeable,
de l'ordre de 10-15 %.
Quelles sont vos projections pour 2002 ?
Il
y a déjà une vraie réduction confirmée
des pure-players Internet qui sont de moins en moins
nombreux dans notre portefeuille, au profit des annonceurs
plus classiques qui émergent en 2002. Mais, malgré
tout, il reste encore à faire un gros travail
d'évangélisation de la part de tous les
acteurs du marché auprès de ces grands
annonceurs classiques. En effet, Internet n'est pas
encore intégré comme un sixième
média dans la réflexion marketing des
annonceurs. Nous sommes encore dans un système
5+1. Internet a encore trop tendance à être
géré séparément et c'est
un des challenges de 2002 : faire en sorte qu'Internet
rentre réellement comme le sixième média
dans le mix que peuvent utiliser les annonceurs et non
pas comme quelque chose qu'y s'ajoute, après,
s'il reste un peu d'argent.
Quelle
est votre analyse en ce qui concerne les tarifs de la
publicité en ligne ?
Nous
avons de toute façon atteint en matière
de tarifs un niveau plancher qui a même tendance
à réévoluer vers le haut ces derniers
temps. C'est heureux car il ne peut pas y avoir d'économie
stable pour ce média-là aux prix qui étaient
pratiqués à la fin de l'année 2001.
De toute façon, tout le monde aujourd'hui y a
intérêt, y compris les annonceurs. En effet,
nul ne peut imaginer d'entreprise ou de régie
Internet pérenne qui soit dans un système
où tout est bradé et où personne
ne gagne jamais d'argent. Il faut donc d'une part que
ce média gagne en stabilité côté
tarifs mais aussi qu'il continue à s'organiser
en matière d'offre. Aujourd'hui, un grand média
ne peut pas vivre avec plus de 100 régies sur
le marché. Il est impératif que des grands
pôles régies Internet émergent pour
professionnaliser le marché et clarifier l'offre.
Alors,
à quand la reprise
de l'e-pub ? En 2002 ?
Le
premier semestre 2002 reste encore un peu brouillé
actuellement. Les choses devraient s'améliorer
davantage au second semestre qu'à très
court terme parce qu'aujourd'hui nous avons dû
absorber de nombreux événements tant sur
le plan de la géopolitique internationale que
du passage à l'euro. Il y a aussi les élections
qui se profilent et le fait que nous soyons dans une
espèce de crise économique et boursière
latente. Ces différents élements
font qu'il y a de gros opérateurs de l'Internet
et de très grands comptes qui sont au point mort
pour des raisons financières. Ils
sont en position de repli en attendant des jours meilleurs.
Je suis en revanche beaucoup plus optimiste pour le
second semestre. Sur le premier semestre, nous ressentons
un frémissement dans l'intérêt porté
à Internet mais ce n'est pas encore très
clair dans la transformation des projets. Ce qui est
encourageant, c'est que nous avons davantage de projets
aujourd'hui dans les cartons au premier semestre que
ce que nous avions fin 2001, où c'était
très très calme.
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