INTERVIEW
 
Jean-Pierre  Giovannoni
Directeur général

AlloCiné.com
Jean-Pierre Giovannoni
"Ce qui fait la richesse d'AlloCiné, c'est aussi son indépendance"
AlloCiné est la référence des portails cinéma en France. De source Nielsen//NetRatings, le service en ligne affiche 500 000 visiteurs uniques par mois (+ 28 % sur un an). Après l'intégration de Canal Numedia dans VU Net survenue au printemps, AlloCiné est désormais considéré comme une entité directement rattachée à la filiale Internet du groupe dirigé par Jean-René Fourtou. A l'instar des autres actifs Internet de VU, il est difficile de prévoir comment la situation d'AlloCiné va évoluer dans la vaste réorganisation qui a été entamée. Son directeur général, Jean-Pierre Giovannoni, reste confiant et fait le point sur ses projets de rentrée.
(04 septembre 2002)
 
          
  En savoir plus
Enquête
La check-List des actifs Internet de VU

JDNet. Dans un récent sondage du JDNet, AlloCiné apparaît comme un des services les mieux "vendables" de la galaxie des services en ligne de Vivendi Universal. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Jean-Pierre Giovannoni. J'ai été ravi de découvrir ce résultat qui est essentiellement dû, à mon avis, à la notoriété de AlloCiné. Le travail initié par les fondateurs de la société, Jean-David Blanc et Patrick Holzman, puis repris par CanalNumedia, semble avoir porté ses fruits. Lors d'une étude de notoriété que nous avions commandée en 2001, notre taux de notoriété tournait autour de 50 %.

Dans quelle mesure existe-t-il des synergies avec d'autres entités "cinéma" du groupe VU ?

Nous apportons aux internautes l'exhaustivité de l'offre cinéma. Ce qui fait la richesse d'AlloCiné, c'est donc aussi son indépendance : nous ne pouvons pas valoriser un studio spécifique du groupe par rapport à un autre studio. Naturellement, les relations d'AlloCiné avec les studios du groupe (Universal Studios et Studio Canal) ont été facilitées. Je vous donne un exemple : l'expérimentation d'un service de vidéos à la demande (VOD) monté en début d'année par l'opérateur monégasque Monaco Telecom (propriété de VU, NDLR), Studio Canal et AlloCiné. Nous avons apporté notre savoir faire en terme d'interface utilisateurs sur Internet. Le service VOD était une technologie dérivée d'AlloCiné-Vision. Nous avons fait un produit nommé "Kiosque Ciné", un front end sur Internet haut débit qui permettait d'accéder à un catalogue de 150 films long métrage, issus du catalogue Studio Canal, accessible sur PC et télévision (via un cordon de raccordement).

Cette expérimentation va-t-elle déboucher sur l'exploitation d'un vrai service de VOD ?
L'expérimentation s'est terminée en juillet. Nous sommes dépendants des évolutions technologiques dans le domaine de la sécurité et de la gestion des droits liés au contenu pour la suite. Pour l'instant, je ne peux pas me prononcer.

AlloCiné a été précurseur dans le développement multi-canal : téléphone, Minitel, magazine, Web, mobile et télévision. Pouvez-vous encore aller plus loin ?
Le modèle d'AlloCiné repose sur notre capacité de proposer l'information cinéma et des services associés, comme les horaires des séances ou un service de réservations de billets, par tous les moyens. La stratégie multi-accès a toutefois montré ses limites avec la télévision : AlloCiné sait développer des activités liées à l'interactivité mais la production d'une chaîne de télévision est un métier qui va au-delà de notre savoir-faire spécifique. Dans une logique de rationalisation, AlloCiné Télévision a donc été transférée à Multithématiques. En avril, AlloCiné Télévision a fusionné avec la chaîne concurrente, Ciné Info, sous la marque AlloCiné Info.

Comment explorez-vous le terrain de la mobilité ?
L'expérience wap n'est pas très concluante mais les nouveaux terminaux mobiles constituent des pistes intéressantes. Nous avons signé deux accords significatifs dans le domaine du mobile très récemment : avec Bouygues Telecom pour l'iMode et un autre avec SFR pour ses prochains services GPRS. Nous avions déjà monté un service vocal "SFR Ciné" en marque blanche. Nous sommes intéressés par les futurs modes d'accès GPRS et UMTS. Toujours dans le domaine du mobile, nous allons prochainement lancer un numéro court SMS + afin de proposer un service d'informations cinéma par SMS.

Etes-vous satisfait des résultats d'AlloCine-Vision.com, votre site de diffusion de bandes annonces lancé en janvier 2001 ?
Nous diffusons 1,8 million de vidéos par mois. C'est énorme. Mais nous devons faire des efforts pour monétiser ce service, notamment pour amortir les coûts liés à la bande passante. Je considère que ce type d'exploitation sur Internet est prometteur. 50% de ces vidéo sont regardées en haut débit.

Quelles sont vos grandes lignes de sources de revenus?
On peut les regrouper en cinq grandes catégories : en tant que média (Internet et magazine papier), nous générons des revenus publicitaires. Nous proposons également des services de prestations de création de sites cinéma, via notre structure CIS (Cinéma Info Services) qui travaille également sur la génération de trafic sur Internet. C'est une petite structure (une dizaine de personnes sur un effectif global de 70). En deux ans, CIS a monté 150 sites de films. La troisième ligne est constituée par les revenus "end users" : la billeterie et le service téléphonique de renseignement AlloCiné. Pour l'activité billeterie cinéma, elle est limitée en France par rapport à l'Angleterre ou les
Etats-Unis. Nous travaillons avec les principaux circuits d'exploitation de salles de cinéma (MK2 et Europalace). Nous allons prochainement conclure un accord avec un autre grand acteur du secteur. L'objectif est de couvrir 80 % des salles qui comptent en réservation. Pour le service téléphonique, nous sommes passés au printemps à un numéro national. C'est un véritable changement de marque qui a été opéré. Nous étions jusqu'ici bien implantés en région parisienne. Nous nous donnons 18 mois pour monter en puissance au niveau national.
Les deux dernières lignes de business sont le commerce électronique avec Cinestore.com et la vente de contenu, que nous devons développer. Dans ce domaine, nous avons signé un accord avec le quotidien gratuit "Metro" pour la couverture du Festival de Deauville. Nous avons également signé des accords de contenu avec Yahoo France, Club-Internet et NC Numéricâble

Comment voyez-vous le marché de l'e-pub ?
Nous avons deux types d'annonceurs : les "captifs", liés à l'industrie du cinéma, et les "non captifs", soit les autres secteurs que nous démarchons avec la régie IP Interactive. Pour la première catégorie, l'année a été bonne. Le secteur du cinéma a été l'un des premiers à explorer l'univers du Net. Ces acteurs sont globalement convaincus de la pertinence de la publicité en ligne. Dans la deuxième catégorie, c'est plus difficile. Nous avons cherché à proposer des formats innovants. Par exemple, pour Mercedes, nous avons proposé de lier la marque automobile avec des séquences de films dans laquelle elle apparaît. Autre exemple : prochainement, à l'occasion de la sortie du film "K19", nous allons sortir un nouveau format qui est un superstitiel qui a la propriété de se télécharger au cours du surf de l'internaute et qui ne ralentit pas sa connexion.

En terme de commerce électronique, le binôme AlloCiné - Cinestore vous donne-t-il satisfaction ?
Nous avons le même profil de clients. Cette activité peut se développer dans l'orbite d'AlloCiné. Nous avons récemment mis en place un système de contextualisation de l'offre Cinestore.com dans le portail AlloCiné afin de générer le maximum de transferts entre les deux services. Il faut préciser que Cinestore que nous avons acquis en 2000 a été créée sur le modèle de la VPC. Aujourd'hui, cela évolue vers le Web. L'an dernier, la répartition était 50/50. Cette année, c'est plûtot 60/40.

En tant que e-consommateur, utilisez-vous un service de VOD en ligne ?
Oui. A titre personnel, j'utilise le service NetCiné.fr, qui est très bien fait. Je fais souvent une comparaison avec un voyage en avion. Quand on regarde un film sur un petit écran dans un avion, on se dit qu'à priori, on ne le regardera pas. Or, on parvient à entrer dans le film dans ces conditions. Alors pourquoi pas devant un PC avec un écran convenable ! Naturellement, il faut être confortablement installé. J'ajouterais que la VOD entre dans un mode de consommation individualiste. Et l'une de ses particularités est que le taux de consommation de films X est important.

Quel est votre site cinéma favori ?
C'est une production maison mais j'aime bien le site du Pacte des Loups.

Aux Etats-Unis, quel est votre portail cinéma favori ? J'aime beaucoup Moviefone.com et iFilm.com.

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Pour consulter la fiche Carnet JDNet de Jean-Pierre Giovannoni, cliquez ici.

   
 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International