JDNet.
Comment vous est venu, en 1997, l'idée de créer une boutique
de fleurs en ligne ?
Dominique Mocquard.
En fait, nous nous sommes
toujours placés sur des segments de marché novateurs. En 1990,
lorsque j'ai créé le Bouquet Nantais, nous nous sommes attaqués
à la distribution de fleurs en grandes surfaces à Nantes et
en Vendée. Le secteur était encore embryonnaire à l'époque.
En tant que négociant, nous avions une puissance d'achat et
des prix très compétitifs. Aujourd'hui, notre zone de chalandise
va de Brest à Bordeaux. En 1994, pour diversifier nos sources
de revenus, j'ai monté un premier magasin de fleurs en libre
service, avec un positionnement prix peu élevé pour pouvoir
toucher le plus grand nombre de personnes. Depuis 1999, nous
avons sept magasins, dont cinq qui nous appartiennent en propre
et deux affiliés. Dans cette même logique et
afin de valoriser l'enseigne, nous avons lancé en 1995, la
distribution par correspondance, avec catalogue et mailing
réguliers. Actuellement, nous le distribuons une fois par
an auprès de nos 27.000 clients et lors d'opérations croisées
: avec M6 boutique par exemple, nous avons envoyé 70.000 catalogues
supplémentaires. Internet découle de la vente à distance.
En 1997, alors que nous réfléchissions sur l'ouverture d'un
service minitel, notre prestataire nous a proposé de lancer
également un site. Aujourd'hui, ces deux supports existent
encore, Internet générant un chiffre d'affaires supérieur
au minitel.
Le site
Internet est construit autour du même positionnement
que le reste de votre activité ?
Oui.
Notre objectif est de vendre des fleurs tout en restant compétitif
sur le prix de nos produits. Nous nous efforçons d'être
sobre dans la présentation et dans les emballages afin
que le budget investit par le client concerne essentiellement
la fleur. Aujourd'hui, la vente par correspondance croît
à un rythme de 20 à 25% par an, la vente par
Internet ayant fortement contribué à ce développement.
Comment
envisagez-vous le développement de vos canaux de distribution
physique et virtuels ?
Ils
sont indissociables. Les magasins sont d'ailleurs une filiale
de la société Bouquet Nantais. Mais si aujourd'hui
on vendait les magasins, nous serions beaucoup moins performants
sur la vente par correspondance. Les magasins nous permettent
d'avoir un stock toujours suffisant pour les besoins de la
vente par correspondance, sans pour autant que l'on ait de
pertes. En effet, une semaine commerciale sur Internet se
termine le vendredi à midi, et celle du magasin, commence
surtout le vendredi après-midi. Les surplus de stocks
peuvent facilement passer dans les magasins et vice versa.
Par ailleurs, nous avons
des clients à Nantes, qui nous connaissent par Internet.
Et le contraire existe également. A l'heure où
les gens sont encore méfiants vis-à-vis du paiement
en ligne, notre réseau physique donne cette image de
"pignon sur rue" qui rassure.
Comment
vous situez-vous par rapport à vos concurrents sur
Internet ?
Nous
avons une mentalité beaucoup plus technique que marketing.
C'est-à-dire que nous avons toujours privilégié
le produit par rapport aux effets qui l'accompagnent. Notre
localisation géographique nous rend plus proche des
producteurs. Nous sommes donc à l'affût de tous
les cours et les sursauts de production, ce qui nous permet
d'être assez compétitifs par rapport à
nos confrères. Mais la grande différence, c'est
que nous ne basons pas toute notre activité sur la
vente par correspondance. La vente sur Internet ne nous coûte
rien en charges fixes. Cette activité est venue s'appuyer
sur une structure qui était déjà amortie.
Aujourd'hui, tout le budget de la vente sur Internet est réinvesti
sur ce média. La grosse différence avec nos
confrères, c'est que nous avons une structure traditionnelle
qui nous fait vivre. J'espère que dans les prochaines
années, ce sera le contraire.
Quel bilan
faites-vous de la vente de fleurs en ligne?
La
vente de fleurs est une activité saisonnière,
fortement lié au calendrier des fêtes françaises.
Internet nous permet d'atténuer cette saisonnalité.
Ce canal permet de nous adresser au marché national
et international. Le plus grand nombre de nos connexions vient
des Etats-Unis. Ce qui nous permet, pour une fête comme
la Saint-Valentin, de lui donner plus d'ampleur.
Quel est
votre chiffre d'affaires et comment est-il réparti
entre vos différentes canaux de distribution ? Pour
l'année 2000, nous avons généré
entre 22 et 23 millions de francs, pour un résultat
net avant impôt d' 1,5 million. C'est important, car
nous n'avons jamais eu de capitaux risqueurs et nous n'envisageons
pas d'y avoir recours. Ces revenus se répartissent
à peu près équitablement entre nos trois
activités, GMS, magasin et vente par correspondance.
Internet représente à lui seul 1,5 million de
francs contre 2,5 millions pour un magasin. Mais, les charges
sont plus légères pour Internet. Dans l'avenir,
nous comptons concentrer nos efforts sur les magasins et la
vente par correspondance et abandonner progressivement la
grande distribution. C'est plus facile d'organiser une entreprise
lorsque l'on est propriétaire de son réseau
de distribution. Dans le commerce, il est important d'être
propriétaire de la valeur que l'on génère
et de contrôler ses débouchés.
Quels ont
été vos gros chantiers en 2000 ?
Nous
avons investit près de 15.000 francs dans des dispositifs
permettant de gérer la relation client tout en leur
offrant des services supplémentaires. Dans ce cadre,
nous avons mis en place un call back gratuit et un mémo
pour que les internautes rentrent tous les évènements
de leur vie, qe nous leur rappelons par mail, sept jours avant.
Nous avons également adhéré au programme
de fidélisation Jooker et acceptons les bons cadeaux.
Nous lui proposons également notre catalogue papier
sur lesquel figure l'adresse du site.
Et les
grands chantiers pour 2001 ?
A
l'heure actuelle, nous livrons, en moins de 24 heures, dans
toute l'Europe pour 55 francs en France et 105 francs en Europe.
Or comme aujourd'hui, nous avons un grand nombre de connexions
venant des Etats-Unis, nous voudrions pouvoir y effectuer
des livraisons, dans les mêmes conditions. De fait,
nous sommes en pourparlers avec plusieurs interlocuteurs.
L'idée serait de trouver sur place une entreprise comme
la nôtre, à laquelle, nous pourrions confier
nos commandes destinées aux Etats-Unis, tandis qu'eux,
nous confieraient les leurs pour la France.
Votre implantation
en région a-t-elle été une force ou vous
a-t-elle génée ?
Notre
implantation locale fait partie de notre image et de notre
force. Nous sommes implantés dans une région
de production, avec une forte culture horticole et dans une
ville qui est tout de même la sixième de France
(rire). Nous ne sommes donc pas complétement isolés.
C'est ce qui fait la différences avec nos concurrents.
Ils sont très parisiens et nous, nous sommes très
côte ouest.
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