JDNet.
Votre nomination vient d'être annoncée
alors que Bouygues Telecom lance ses premiers services
i-mode mi-novembre. Le timing commercial sera-t-il respecté
?
Martin Péronnet.
L'accord du transfert de la licence i-mode a été signé
avec NTT DoCoMo le 17 avril dernier. Depuis, Bouygues
Telecom n'est pas resté les bras croisés en attendant
un hypothétique homme
providentiel. De nombreux contacts avec les éditeurs
de contenus avaient déjà été initiés lorsque j'ai rejoint
l'entreprise au cours de l'été pour prendre la direction
des contenus i-mode. Par ailleurs, les équipes de NTT
DoCoMo nous aident au quotidien par l'apport de conseils.
Des études de marché et des tests auprès des
consommateurs ont également été engagés ces derniers
mois. La pression est réellle car nous avons
beaucoup de sites en cours de développement :
les éditeurs français portent un intérêt
grandissant à l'i-mode. C'est une vraie lame
de fond en Europe : l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique,
l'Espagne, et bientôt la France, ont adopté
ou sont sur le point d'adopter cette technologie mobile
multimédia.
L'i-mode
repose sur des terminaux bien spécifiques. Les
fabricants répondront-ils présents pour
le lancement commercial ?
Nous considérons l'i-mode comme
un nouveau média qui nécessite des terminaux
de dernière génération spécifiques, avec des écrans
couleurs, des
sonneries polyphoniques et un accès rapide et facile
aux services. Ces terminaux multimédia seront commercialisés
dès le 15 novembre prochain. Mais il ne m'appartient
pas de communiquer sur les modèles de terminaux
i-mode qui seront commercialisés dès le
démarrage [NDLR : Selon VNUnet, le premier
téléphone mobile compatible i-mode devrait être
t un combiné NEC. Un deuxième terminal devrait
être conçu par Toshiba].
Quels
sont les premiers contenus et services i-mode qui devraient
apparaître ?
Nous cherchons à couvrir l'ensemble
des thématiques qui intéressent le grand
public. Dans le domaine de la presse, les quotidiens
Le Parisien et Le Monde seront présents
dès le départ. Nous nous rendons compte
que les grands quotidiens ont un succès important
en i-mode. Par exemple, au Japon, le quotidien national
Asahi Shimbun dispose de 500.000 abonnés.
Le Frankfurter
Allgemeine en Allemagne et le journal néerlandais
Telegraf font partie des trois premiers sites
les plus consultés sur l'i-mode local. Le mouvement
de lecture des articles, même pour les plus longs,
est particulièrement intéressant. Parmi
les médias, nous aurons également les
agences de presse AFP et Reuters et d'autres supports
d'information comme LCI, Les Echos et Météo
France. Dans le domaine des transports, ViaMichelin
sera présent. A moyen terme, Air France prendra
place également car la compagnie aérienne
dispose déjà d'un service i-mode au Japon.
Les éditeurs spécialisés dans le
téléchargement de sonneries et logos pour
mobiles sont également très enthousiastes.
Dans le domaine du jeu, des services intéressants
commencent également à apparaître.
Combien
de services et de domaines comprendra le premier bouquet
?
Pour le lancement, ce sont entre 50
et 70 sites qui seront présents sur le bouquet i-mode.
Les sites retenus doivent respecter des critères stricts
de qualité et d'ergonomie : fréquence de mise à jour,
profondeur de l'information, bénéfice client et incitation
à utiliser fréquemment le
service.
Comment
comptez-vous organiser votre portail i-mode ?
A l'origine, la notion de "portail"
est à interpréter davantage comme un annuaire. Pour
l'i-mode, je parlerais plutôt d'un bouquet de services.
Nous voulons mettre en avant
les marques et les valeurs des éditeurs. Pour cela,
nous avons défini avec le marketing les grands domaines
qu'il fallait couvrir en priorité pour le grand public.
Prévoyez-vous
des services spécifiques autour de l'e-mail ?
L'échange d'e-mails fait naturellement
partie des services i-mode, avec de vraies adresses
électroniques, des contenus pouvant aller jusqu'à 1 000
caractères, soit près de dix SMS. Les clients seront,
par ailleurs, informés en temps réel de l'arrivée d'un
nouvel e-mail. Des services d'alerte pourront ainsi
voir le jour.
Quel
est votre rôle auprès des éditeurs
?
Avant de référencer un site, nous travaillons
longuement avec l'éditeur sur un story-board, pour affiner
l'approche marketing et ergonomique. Puis, au cours
du développement, l'équipe support technique i-mode
intervient pour répondre aux questions et aider au débuggage.
Nous produisons beaucoup de documentation gratuite pour
faciliter le travail des éditeurs. Chaque éditeur
a deux interlocuteurs Bouygues Telecom : un de profil
marketing et l'autre plus technique. Je dispose au sein
de mon équipe d'une vingtaine de personnes.
L'un
des points fondamentaux concerne le modèle économique.
Sur quelles bases vont s'établir les relations
opérateurs-clients d'un côté et
opérateurs-éditeurs de l'autre ?
Nous prendrons en charge la facturation
des services payants puis reverserons à l'éditeur 86 %
des sommes perçues. Le reversement est quasi intégral,
les 14% retenus correspondent aux coûts de facturation
et de recouvrement. Encore une fois, il n'existe aucun
droit d'entrée pour les éditeurs, seuls comptent la
qualité des services proposés, leur valeur ajoutée et
la fréquence d'actualisation. Plus les services i-mode
seront performants, plus le trafic de données se développera.
C'est une vision très ouverte du multimédia mobile,
que nous voulons innovante.
L'i-mode
comprend-t-il un pendant m-commerce ?
L'i-mode repose sur une technologie
ouverte. Le m-commerce est donc du domaine du possible.
Il sera d'ailleurs présent dès le lancement, et se développera
progressivement. Bouygues Telecom ne prendra pas de
commission sur les produits qui seront vendus dans l'univers
i-mode.
Bouygues
Telecom produira un contenu i-mode pour son propre compte
?
Bouygues Telecom n'a pas vocation à produire du contenu
: c'est pourquoi nous faisons appel aux éditeurs. Chacun
son métier.
Comment
prenez-vous en compte l'expérience i-mode au
Japon et en Europe ?
Nous prenons naturellement en compte
les raisons qui font le succès des autres opérateurs
licenciés i-mode. Ce que nous avons amené du Japon,
ce sont les fondamentaux du multimédia mobile qui font
leurs preuves tous les jours, c'est-à-dire près de 35
millions de Japonais qui, quotidiennement, utilisent
les services i-mode.
On ne peut pas parler de copier-coller : i-mode, ce
n'est pas la culture japonaise qui débarque en France,
mais le modèle gagnant du multimédia mobile.
Dans
quelle mesure l'i-mode repose-t-il sur un développement
ouvert ?
L'i-mode, repose, pour faire simple,
sur du langage HTML. La création de nouvelles applications,
les possibilités de développements autour de l'i-mode
sont illimitées, autant pour le grand public que pour
le monde professionnel.
La communauté technologique devrait rapidement s'emparer
du phénomène, un monde de développeurs dédiés au multimédia
mobile devrait émerger. De notre côté, nous prévoyons
de publier prochainement toutes les spécifications pour
permettre à tout un chacun de créer un site i-mode.
Bouygues
Telecom communique-t-il sur les perspectives en terme
de nombre d'abonnés i-mode ?
Non. Tout ce que je peux dire,
c'est que nous voulons installer, en France, un nouveau
média performant, qui suscite l'adhésion du plus grand
nombre de clients.
Personnellement,
quels sont les services i-mode les plus pertinents que
vous ayez testés ?
Je suis fasciné par la facilité
d'utilisation des services de téléchargement de sonneries
avec i-mode ; en très peu de clics, la sonnerie est
téléchargée et aussitôt affectée à un contact du répertoire.
Autre exemple : la lecture en diagonale d'articles est
facilitée par le terminal i-mode. La consultation des
cours de Bourse est également une application très réussie,
de même que, dans un autre domaine, les premiers sites
d'astrologie.
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