JDNet.
Pouvez-vous nous décrire plus amplement le réseau
Branchez-vous! ?
Patrick Pierra.
Nous avons créé notre premier site éditorial
en 1995 à partir d'une lettre électronique traitant
de l'actualité de l'Internet. Désormais Branchez-Vous!
englobe 16 sites éditoriaux comme le site d'annonces
classées Annoncez.com,
le site de jeu Jouez.com
ou le guide d'achat Magazinez.com.
Nous avons en fait un grand site par catégorie, de
la finance (Mesfinances.com) au courrier électronique
(Moncourrier.com) en passant par le voyage (Voyagez.com).
La majorité de nos revenus provenant de la publicité
avec plus de 20 millions de pages vues par mois et 560 000
visiteurs uniques parmi les canadiens francophones utilisant
Internet à domicile. Nous avons également une régie
publicitaire, Cible Net, qui représente 14 sites comme
"Jaune.ca", un annuaire d'entreprises canadiennes,
ou "Le Droit d'Ottawa", un site régional.
Vous
venez de rentrer sur le Canadian Venture Exchange. Votre
modèle principalement publicitaire ne va-t-il pas faire
fuir les investisseurs ?
Non, car si il y a ralentissement
des investissements publicitaires cette année, cela
ne veut pas dire que tout va s'arrêter. Notre optique
est à long terme. Or, selon les études aux Etats-Unis
et au Canada, Internet devrait être le troisième
support publicitaire, derrière la télé
et la radio, d'ici 2005. On peut donc être optimiste.
Par ailleurs, le marché de la publicité au Québec
est en retard et le potentiel de développement est
énorme. Ici on est d'ailleurs jaloux de la façon
dont s'est développée l'activité en France.
Mais il y a eu en même temps un excés chez vous,
puisque toutes les dotcoms financées utilisaient l'argent
en publicité, ce qui a gonflé un peu artificiellement
les chiffres. Ici nous n'avons pas eu ce phémonène
dotcoms, ce qui fait que nous n'avons pas vraiment souffert
du manque de financement des jeunes sociétés.
En plus, au Canada, les grands groupes traditionnels n'ont
pas attendu pour annoncer sur Internet. Enfin, au Canada,
et particulièrement au Québec, il y eu une très
forte consolidation dans l'Internet qui fait que peu d'acteurs
sont encore présents. On est les derniers indépendants
et on a une taille suffisante pour attirer les annonceurs.
Les sites
français ne semblent pas vraiment intéressés
par le marché canadien malgré la langue commune.
Pourquoi ?
Tout d'abord, ici,
la croissance du marché est moins exponentielle qu'en
France. Le Québec est un petit marché, même
si 45% des canadiens ont accès à Internet. Il
n'est donc pas évident de tirer des bénéfices
rapidement pour une société qui s'installe.
Recruter des équipes, constuire un site dédié,
tisser un réseau, cela coûte de l'argent et il
n'est pas sûr que la taille du marché puisse
permettre d'avoir rapidement un retour sur investissement.
Par ailleurs, les acteurs français ont directement
déployé une dynamique européenne. Le
Québec, malgré la francophonie, leur paraissait
très éloigné, ce qui est normal. En revanche,
cette absence physique des sites français au Canada
nous ouvre des perspectives. Nous envisageons notamment, grâce
à notre régie publicitaire, Cible Net, de mieux
commercialiser au Canada l'audience de certains sites français.
Vous avez
d'autres projets pour vous tourner vers l'Europe ?
Nous en avons deux.
D'abord, gràace à notre proximité, nous
sommes une excellente porte d'entrée en langue française
vers les Etats-Unis. Nous voulons ainsi devenir le spécialiste
de l'Amérique en France pour les rencontres, les voyages,
etc. C'est important, car plus de 30% de notre audience provient
de l'Hexagone. Ensuite, nous voulons mieux commercialiser
en France les millions de pages vues que nous faisons justement
sur nos sites grâce aux internautes français.
Pour l'instant c'est la régie publicitaire Hi-Media
qui est chargée de ce volet.
Comptez-vous
également décliner vos contenus en France ?
Cela se fera au cas par cas. Faire
voyager les contenus est très difficile. Les sites
de jeux ou de rencontres sont par exemple aisément
déclinables. En revanche, pour la finance c'est impossible.
Nous sommes propriétaires de Mesfinances.com, spécialisés
sur les bourses américaines, et quand je regarde le
site français Mesfinances.fr (Groupe Les Echos,
NDLR), je me dis que c'est très complexe de décliner
les contenus. Idem pour le commerce électronique, où
la logistique devient très vite un casse-tête
à l'international.
Y-a t-il
vraiment une unité de la francophonie sur Internet
?
Oui et non. Internet
est de tous les médias celui où il y a le plus
d'échanges. Il n'y a qu'à voir le succès
des "chats" dans nos deux pays pour s'en convaincre.
Internet est donc certainement la meilleure chose qui ait
pu arriver à la francophonie pour rassembler. D'ailleurs,
comparé aux Etats-Unis, le phénomène
Internet francophone est d'ailleurs plus culturel et social
qu'économique pour l'instant.
Vous avez
arrêté votre magazine papier dédié
à l'Internet. Une attitude curieuse alors qu'en France
Infosources ou LibertySurf ont tour à tour racheté
des magazines pour muscler leur stratégie Internet...
Oui, on a même
été à ma connaissance le premier magazine
papier créé à partir d'un site. Mais
pour LibertySurf ou Infosources, je leur donne rendez-vous
dans quelques mois pour voir s'ils ont rééllement
pu tirer des synergies. Philosophiquement on a des doutes,
même si c'est toujours bon pour gonfler les revenus
consolidés, surtout quand votre valorisation se calcule
à partir de multiple de chiffre d'affaires.
Qu'est
ce que vous aimez sur Internet ?
Les sites d'informations
principalement comme
Internet.com, News.com.
J'aime également nouer des contacts et l'instantanéité
de ce média.
Et qu'est
ce que vous n'aimez pas ?
Les sites trop
lourds inaccessibles avec du bas-débit.
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