JDNet. Alapage a enregistré une forte hausse de ses
commandes en cette fin d'année. Quel a été le chiffre
d'affaires généré par le groupe sur novembre et décembre
?
Olivier Sichel.
Nous avons enregistré
396.000 commandes sur les deux derniers mois de l'année.
C'est une belle progression par rapport à 2000, où nous
avions atteint 120.000 commandes, soit 3,3 fois moins.
Le dernier trimestre a permis de réaliser 19
millions d'euros de chiffre d'affaires, soit 40% de
nos revenus annuels. Ces chiffres concernent l'activité
de Wanadoo e-Merchant et agrègent Alapage, Marcopoly
et les différents sites de produits culturels
comme Librissimo ou Ademiprix. Mais la contribution
d'Alapage est majoritaire.
Comment avez-vous procédé pour augmenter ainsi les ventes
?
Nous
avons commencé à communiquer plus tôt que l'année
dernière, début novembre au lieu de mi-novembre.
Nous sommes d'ailleurs les seuls, parmi les marchands
de produits culturels, à avoir fait de la communication
offline. Nous avons choisi la radio, car c'est un bon
média de l'immédiat. Notre message était également très
clair. Il incitait les gens à faire leurs achats sur
Internet en raison du service apporté et à s'y prendre
relativement tôt. Cette campagne a été relayée par des
opérations de marketing direct menées par Wanadoo Accés
pour fidéliser ses clients. Wanadoo Interactive est
d'ailleurs très satisfait de cette action de couponing,
que nous avions déjà mise en uvre l'année dernière.
Cette technique est très efficace car elle permet aux
internautes de découvrir ce qu'est le commerce électronique
sans prendre trop de risques. Elle est d'autant plus
intéressante que la clientèle d'Alapage est assez populaire
et essentiellement composée de Primo accédants, c'est-à-dire
de personnes dont c'est le premier achat sur le Net.
Cette politique, il est vrai, a fait baisser le panier
moyen. Mais une fois qu'ils ont effectué leur premier
achat et qu'ils en sont satisfaits, les internautes
commandent plus et plus souvent.
Combien
de coupons ont été distribués de cette façon
et quelle était leur valeur faciale ?
C'est Wanadoo Interactive
qui s'est occupé de cette opération et les données chiffrées
sur ce sujet sont confidentielles. La stratégie de Wanadoo
est aujourd'hui axée sur la fidélisation. Certes, le
marché de 2002 est encore un marché de conquête, mais,
pour Wanadoo, l'enjeu actuel est de garder ses clients,
car une grande partie de la conquête a déjà été faite.
C'est pourquoi, les coupons ont été distribués aux clients
de Wanadoo Interactive selon leur fidélité et leur type
d'abonnement.
Au
regard de ces chiffres, on constate une forte saisonalité
de votre activité. Est-ce que vous allez essayer d'atténuer
cette tendance ?
Contrairement à mes concurrents,
je ne vois pas l'intérêt de brider la conquête
de nouveaux clients à Noël. Autant Wanadoo Interactive
met l'accent sur la fidélisation, autant Alapage a encore
tout un travail de conquête à faire en 2002. Nous ne
sommes qu'au début du commerce électronique. Et si la
conquête est plus importante à Noël, pourquoi s'en priver?
Il faut simplement éviter l'engorgement des derniers
jours. Maintenant, qu'il faille développer les ventes
tout au long de l'année, oui. D'ailleurs, juste après
Noël, nous avons attaqué les soldes. Ensuite, nous traiterons
de toutes les thématiques marketing, comme la Saint-Valentin,
etc.
Comment
allez-vous fidéliser ces nouveaux clients ?
Nous pensons d'abord qu'il
ne faut pas se rater sur la première commande. Sur ce
point, nous sommes plutôt satisfaits des résultats et
des délais de livraison. Par ailleurs, nous avons diminué
les taux de retour par rapport à l'an dernier avec 1
à 2%. Ensuite, nous pensons que la thématiques des prix
est très importante, d'où l'annonce de nos soldes tout
de suite après Noël. Nous comptons également beaucoup
sur la personnalisation de l'offre en fonction des achats
de l'internautes, ainsi que sur les pré-commandes.
Quels
ont été vos axes stratégiques en 2001 et quels seront
ceux de 2002 ?
En
2001, nos choix stratégiques ont été d'abord de proposer
une offre très large au client. Aujourd'hui, nous avons
plus de 3 millions de références sur le site. La qualité
des services est un deuxième axe. La disponibilité
du site a été fortement améliorée et nous avons complètement
refondu Alapage au mois d'août. Marcopoly a d'ailleurs
suivi en novembre, ce qui nous permet, dans le cadre
des synergies Wanadoo e-Merchant, de renvoyer un client
intéressé par du matériel high-tech vers Marcopoly.
Enfin, nous nous étions fixé d'être l'acteur le plus
innovant du marché. Dans ce cadre, nous avons progressé
avec Orange en matière de mobilité : nous avons un site
Wap, nous travaillons sur le PDA et nous nous préparons
à l'UMTS. Nous avons également lancé Ademiprix.com,
site que nous allons d'ailleurs mettre plus en avant
sur le portail, ainsi que le CD à la demande. Aujourd'hui,
nous réalisons entre 200 et 400 CD par mois et comptons
développer le choix de titres.
Quelle
est la stratégie marchande de Wanadoo ?
L'idée
de Wanadoo, c'est d'être opérateur dans les catégories
porteuses, à savoir essentiellement les biens culturels,
l'électronique et l'équipement. Dans ces domaines, les
synergies entre Wanadoo et les sites marchands sont
très fortes. Notre présence sur Wanadoo et Voilà nous
ramène beaucoup d'audience. Nous considérons
que l'emplacement est un facteur primordiale dans le
commerce électronique. Après, au fur et à mesure de
notre développement, nous avons dû faire
des choix d'industrialisation liés à notre automatisation.
Ce qui nous a conduit à céder notre rayon fleurs
à Aquarelle et à négocier la cession de notre rayon
jouets. Car, lorsque vous grossissez, ces catégories
ne rentrent plus dans le même processus de traitement
de commande que les autres. Le jouet, par exemple, nécessite
de gros entrepôts.
Vous
avez déjà trouvé un repreneur pour les jouets ?
Oui.
C'est un grand acteur. Mais nous en ferons l'annonce
au cours du Salon du jouet.
Quel
est l'avenir de la rubrique "Art de vivre"?
Elle
sera maintenue. Les produits qui y sont présents ont
une forte identité culturelle et ce sont de petits objets.
Nous pensons par ailleurs qu'elle est fortement différenciante,
bien que ce ne soit qu'une toute petite partie du chiffre
d'affaires. C'est aussi une rubrique qui fonctionne
bien pour les cadeaux.
Est-ce
que l'on peut parler dans ce domaine de retour en arrière?
Effectivement.
Nous avons connu une phase, initiée par Patrice Magnard
il y a deux ans, assez proche de la stratégie d'Amazon.
Puisque le client venait pour des livres, de la vidéo
ou de la musique, pourquoi ne pas lui proposer d'autres
catégories proches. Et cette stratégie a marché. Même
un peu trop bien. Car à partir du moment où vous commencez
à industrialiser, il faut faire des choix d'investissement
rentables. Et Alapage ne sera rentable qu'en 2003. C'est
pourquoi nous sommes revenus à notre point de
départ : les produits culturels et de loisir.
Actuellement, les catégories livre, vidéo, CD-Rom représentent
95% du chiffre d'affaires d'Alapage.
Est-ce
que vous envisagez de déployer vos rayons dans les produits
culturels ?
On
a déjà fait beaucoup de chose à ce niveau. Nous parlons
davantage d'intégration des différents sites comme Librissimo,
Lalibrairie, Galaxidion et Ademiprix. Par contre, dans
le domaine du loisir, même si ce n'est pas d'actualité,
nous pourrions ouvrir une rubrique voyage, comme beaucoup
de sites culturels l'ont fait. Mais les limites à cette
extension sont toujours industrielles.
Comment
a évolué votre budget publicitaire et de marketing tout
au long de cette année ?
Nous
avons fait moins de communication offline que l'an dernier,
plus de communication online, notamment dans le cadre
des synergies avec le portail, et beaucoup plus de marketing
direct. Nous avons beaucoup travaillé sur des offres
promotionnelles, sur notre base clients, sur leur segmentation,
leur fidélisation et également, sur l'acquisition de
nouveaux clients. Pour cela, nous avons privilégié l'e-mailing
et la personnalisation. Mais je ne peux donner aucun
chiffre.
Et
votre coût d'acquisition-client ?
Là
aussi, je ne peux pas donner de chiffres. Il a beaucoup
baissé, parce que les techniques se sont améliorées
et que nous avons sélectionné nos vecteurs d'acquisition.
Le vecteur d'acquisition offline est plus élevé. Mais
tout cela est un acquis de l'année 2000.
Comment
évaluez-vous l'efficacité de l'e-marketing
et celle de l'e-publicité ?
Ce
n'est pas la même chose. Avec la publicité, vous recherchez
la notoriété, tandis qu'avec l'e-marketing, vous visez
plutôt l'acquisition de clients. On ne peut pas se contenter
de ne faire que du marketing direct. On est obligé de
travailler notre notoriété et notre marque.
Quel
est l'apport des synergies avec Wanadoo ?
Il
est énorme. Alapage n'aurait pas été acheté par France-Télécom
et intégré à Wanadoo, il aurait fermé depuis longtemps.
D'un autre côté, si Alapage avait été intrinsèquement
mauvais, il y aurait longtemps que Wanadoo l'aurait
abandonné. Wanadoo nous a permis de renforcer nos compétences
en matière de service client. Il nous a beaucoup amené
en termes de technologie : notre moteur de recherche
est le même que celui de Voilà, notre hébergement est
assuré par Wanadoo, tout l'aspect m-Commerce
est fait en collaboration avec Orange et des agences
France Télécom. Quant à la part des clients qui viennent
de Wanadoo, elle est énorme au début et
ensuite les clients viennent tout seul sur Alapage.
Quelles
sont vos perspectives pour 2002 ?
Nous
ne touchons pas à notre stratégie. Nous allons sans
doute améliorer notre service-client et la livraison.
Nous allons encore faire beaucoup d'innovations, soit
sur les supports comme le PDA ou le mobile, soit sur
les produits comme le téléchargement payant, soit sur
les services, comme les opérations sur les prix littéraires.
Sinon, je pense que 2002 sera une année assez raisonnable,
avec une croissance de l'ordre de 60%.
Qu'est-ce
qui vous séduit dans Internet ?
Je
trouve que le service est assez formidable. Vous trouvez
sur Internet tous les livres, tous les bouquins, toute
la musique ou toute la vidéo, que vous soyez dans la
Creuse, en Alsace ou à Paris.
Et
qu'est-ce que vous détestez ?
Tous
les gadgets qui ne servent à rien pour les clients et
qui leur font perdre du temps. En fait, ce travers est
davantage lié à l'informatique qu'à l'Internet.
Quels
sont vos sites préférés ?
Je
vais beaucoup sur le site de Radio FG. J'aime beaucoup
la programmation en musique électronique.
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