JDNet. Comment avez-vous vécu l'année
2001 ?
Jean-Luc Synave.
Nous ne sommes
pas différents des autres agences du marché.
Il y a eu un début d'année sympathique,
un milieu d'année atone et une fin d'année
plus dure, même si ça s'est améliorée
sur la fin. Le problème ne venait pas tant de
nos clients, qui étaient engagés dans
des processus, mais plutôt des nouveaux business.
Les entreprises sont restées pendant quelques
mois dans un certain attentisme, particulièrement
au mois de septembre. Elles ont opté pour le
gel des projets. Globalement, nous devons avoir 60%
de "récurrence", de comptes acquis,
et 40% de nouveaux clients. Et sur 180 à 200
clients en portefeuille, il y a environ 40 à
50 clients actifs.
Gagner
de nouveaux clients en 2001 a-t-il été
très dur ?
Nous
nous sommes aperçus l'année dernière
que les projets Internet
avaient finalement beaucoup de points commun avec les
budgets communication : c'est souvent les premiers sur
lesquels on tire. Sauf quand les projets sont des structurants,
c'est-à-dire les intégrations de systèmes
de gestion, les extranet, etc. Là, ils correspondent
à un besoin structurel de l'entreprise avec un
retour sur investissement beaucoup plus précis.
Sur les compétitions pour les nouveaux business,
nous retrouvons souvent les mêmes concurrents.
Cette vingtaine de web agencies n'est pas tombée
dans le réflexe du sacrifice à tout prix,
même s'il y a eu une tendance baissière.
En réalité, le dumping sur les prix est
surtout venu des petites structures aux abois.
Plus
globalement, comment voyez-vous évoluer le secteur
des web agencies ?
Je
pense qu'il restera franchement plus de vingt web agencies
sur le marché, c'est certain. Il faut regarder
le marché de la publicité pour mieux comprendre.
Nous avons quand même une origine familiale, un
papa et une maman, dont nous ne pouvons pas nous défaire :
la technologie et la communication. Dans ces deux domaines
coexistent des grandes sociétés mais aussi
une myriade de structures plus petites qui ont leur
raison d'être en terme de niches ou de savoir-faire.
Disparaîtront sans doute les structures de moins
de 100 personnes, sauf si elles ont une activité
très pointue, car elles auront des difficultés
à être pérennes. Mais il ne faut
pas non plus perdre de vue que tout le monde n'est pas
né pour devenir Publicis ou Cap Gemini.
Le
marché a-t-il eu des répercussions majeures
en 2001 sur les projets des
entreprises faisant déjà partie de vos
clients ?
Nous
avions déjà des projets engagés
avant que le marché ne se ralentisse et cela
n'a pas modifié nos activités. Concernant
nos clients, nous n'avons pas réellement de contrats
annuels. Nous avons certes des contrats de maintenance
mais nous travaillons pour l'essentiel sur des projets.
Nous avons une visibilité claire à six
mois avec nos clients sur les projets et les nouveaux
projets.
Quels
types de projets gérez-vous actuellement ?
Les
deux grosses caractéristiques du moment, et nous
sommes présents dans les deux problématiques,
c'est à la fois l'intégration aux systèmes
de gestion et l'aspect création de trafic et
fidélisation. Nous travaillons à la fois
sur du grand public et sur du BtoB, de manière
assez équilibrée. Surtout, les clients
ont dépassé la notion du "il faut
être sur Internet". Aujourd'hui, nous sommes
dans une étape plus intelligente qui est celle
du retour sur investissement. Internet n'est plus un
poste de dépenses ni de charges, c'est finalement
un poste de coûts. La dynamique des entreprises
est de se dire que, maintenant qu'elles ont créé
quelque chose sur Internet, il faut que ça rapporte.
D'où l'importance de la création de trafic
et de la fidélisation.
Justement,
quelles
sont vos méthodes
concernant la création de trafic et la fidélisation ?
Ce
sont des choses somme toute assez classique : le référencement,
le netlinking, c'est-à-dire tout ce qui peut
être maillage, la publicité en ligne, même
si c'est moins fort qu'avant et puis aussi tout l'aspect
on et off. C'est le travail que nous faisons par le
biais d'autres médias pour arriver à créer
du trafic sur le site Web. J'ai d'ailleurs développé
un département spécifique pour ça.
De
quoi s'agit-il extactement ?
Nous
avons créé en 2001 "Internence.Pub",
une entité qui a pour objectif unique de créer
des moyens offline permettant de faire venir du trafic
online. Aujourd'hui, le online ne se suffit pas complètement
à lui-même. En dehors des internautes éclairés,
il y a aussi des gens qui ne surfent pas beaucoup mais
peuvent amenés à utiliser les services
d'un de nos clients pour finalement arriver au online.
Avec Internence.Pub, nous avons développé
des compétences dans le marketing direct, de
la PLV [publicité sur le lieu de vente, ndlr]
ou encore des opérations en magasin. Et puis
nous avons créé un autre département
assez proche, "e.Net Marketing".
Quelle
est sa fonction ?
e.Net Marketing est chargé de développer
le trafic online mais aussi de faire venir des gens
du online vers le offline, c'est-à-dire d'envoyer
les gens vers les réseaux de points de vente
physiques de nos clients ou vers leurs centres d'appels,
par exemple. En fait, ce qui nous intéresse,
c'est la création de trafic et la fidélisation
mais de manière multicanal. Le coeur de notre
métier, c'est le site Web mais il ne faut pas
oublier tout ce qui gravite autour. Nous ne faisons
de la communication que par rapport à la problématique
"trafic on/off" où nous avons un savoir-faire.
En vitesse de croisière, ces deux nouvelles entités
devraient représenter facilement 30-40% de nos
activités.
Comment
voyez-vous l'année 2002 ?
Bien.
Il y a eu cette baisse en 2001 mais le besoin d'intégration
et de communication reste fort. Si le mois de septembre
a un peu tout gelé, c'est reparti en décembre.
Je vois les choses de manière assez positive,
avec une progression du chiffre d'affaires par rapport
à l'année dernière. Surtout, l'aspect
qualitatif des projets va en s'accentuant. C'est de
plus en plus intéressant au fil des années.
Pour 2002, nous avons déjà une vision
sur les projets que vont développer nos clients
et des choses extrêmement intéressantes
se profilent à l'horizon. Internet est devenu
un média à part entière après
une crise de croissance conjoncturelle.
En
terme de chiffre d'affaires, quels sont vos résultats
pour 2001 et vos prévisions pour cette année ?
Nous
n'avons pas encore arrêté les comptes,
mais nous savons déjà qu'il se situera
entre 4,6 et 5,3 millions d'euros, soit une hausse de
50% par rapport à 2000 mais nous avons sensiblement
accru notre chiffre d'affaires par rapport à
2000 [3,35 millions d'euros, ndlr]. C'est moins
que ce que nous avions prévu mais cela progresse.
Pour 2002, la croissance sera là mais nous attendons
un peu pour voir. Chat échaudé... Mais
je reste confiant dans l'avenir parce qu'il y a de la
qualité dans les projets clients et dans les
équipes. C'est la garantie d'un métier
toujours en fort développement mais dont le degré
de maturité monte.
Qu'est-ce
qui vous a passionné dans l'Internet quand vous
vous êtes lancés dans l'aventure en 1996 ?
C'est
l'alliance média et technologie. J'ai une passion
pour l'informatique et la communication et l'idée
de pouvoir lier les deux m'a séduit. Par ailleurs,
je suis un entrepreneur dans l'âme, donc j'ai
sauté sur l'occasion.
Que
détestez-vous sur Internet ?
Le
Spam. L'e-mailing est un outil excellent pour la création
de trafic mais nous assistons à une massification
des mails. Trop d'e-mailing va tuer l'e-mailing. Ce matin,
sur une cinquantaine de mail reçus, une bonne
vingtaine était des mails non sollicités.
Quel
est votre site préféré ?
Je
suis un inconditionnel de Boursorama, un fan depuis
la nuit des temps. Ce n'est certes pas le plus beau
mais c'est le plus léger, et avec un contenu
de grande qualité.
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