INTERVIEW
 
Président directeur général
Maporama
Laurent Vermot-Gauchy
"Titre"
(article modifié le 17/01/2001) Lancé en février 2000, Maporama est un des acteurs les plus agressifs du secteur très disputé de la cartographie en ligne. Laurent Vermot-Gauchy, son PDG, pense détrôner Mappy de sa place de numéro un français en 2001 et vise rapidement le premier rang européen. Maporama qui a levé 27 millions de francs en mai 2000 auprès de trois investisseurs (voir notre article du 24/05/00) est prestataire pour de nombreux sites en France et en Angleterre : Immostreet, Se Loger, SNCF, Mageos, Nomade, Liberty Surf (Wap), Europcar (sur l'Angleterre), AskJeeves, PropertyFinder, etc... Objectifs 2001 : convaincre les réseaux de vente et compléter l'offre multi-supports avec de la cartographie embarquée dans les véhicules. 16 janvier 2001
 
          

JDNet. Quel est le mode de fonctionnement de Maporama ?
Laurent Vermot-Gauchy. Maporama s'est engagé à avoir une couverture mondiale la plus précise possible. Dans notre métier, c'est ce qui est le plus important. Nous avons commencé par travailler avec NavTech tout en mettant au point des cartes d'une très grande qualité pour tout ce qui est Europe et Amérique du Nord. Nous avons ensuite complété par AND pour avoir une vision mondiale et maintenant nous passons des partenariats locaux pour compléter ces couvertures. Nous avons désormais toutes les villes de plus de 10 000 habitants en France avec la société GéoSignal. Nous sommes le seul site au monde à avoir les cartes de la Norvège avec Telematikk, à avoir les cartes de l'Irlande avec Iris. Et on va progressivement ajouter les cartes de la Finlande, de la Grèce, de l'Afrique du Sud, de l'Australie, etc. pour avoir une couverture de 100 %. C'est un de nos objectifs 2001.

En Europe, quel est votre niveau précis de couverture ?

Cela dépend des pays. On est à 100 % en Angleterre, 100 % en Allemagne, on doit être à peu près à 70 % en France... Sur l'ensemble de la planète, on positionne 635 000 villes à un niveau global et on a plus de 47 000 villes en plan détaillé. Cela correspond à pratiquement toutes les villes en Europe et Amérique du Nord. Le but c'est d'avoir 635 000 villes détaillées. La rapidité de notre déploiement dans le monde dépend surtout de l'existence de cartes détaillées puisque nous sommes tributaires de prestataires qui nous fournissent les données cartographiques. Notre métier n'est pas d'aller sur le terrain et de faire des cartes.

Comment se passe exactement la mise en ligne de ces données ?
Dans les faits, nous achetons des bases de données sous la forme de chiffres et des champs qui positionnent les villes, les rues et leurs noms, les sens interdits, etc. de manière très précise. Nous traitons ces informations pour les transformer dans un format exploitable par nous. Nous pouvons ensuite générer très rapidement et de manière automatique des cartes. Notre atout par rapport à nos concurrents, c'est qu'il n'y a pas de traitement manuel pour transformer ou mettre à jour une carte. Tous les trois ou six mois, nos prestataires nous envoient les nouvelles données et quinze jours plus tard les clients peuvent bénéficier des dernières modifications. Sur le fond, notre métier, c'est acheter des cartes, les mettre sur Internet et vendre tout ça à d'autres sites Web.

De quelle manière vous différenciez-vous de vos concurrents ?
Premièrement, nous sommes un des seuls à avoir toutes les fonctions essentielles : des cartes de très bonne qualité, des itinéraires y compris du porte à porte et aussi des informations de proximité comme les hôtels par exemple avec une offre plus complète que celle de nos concurrents. Second point, on a une offre qui est disponible sur le Web mais aussi sur l'ensemble des PDA : Palm, Psion, Windows CE et sur la plupart des téléphones Wap ainsi que sur la télévision interactive. Chaque fois que l'on vend des cartes à un site ou à une entreprise, on lui donne la possibilité de les utiliser sur tous les supports, c'est compris dans la licence. Pour la petite histoire, Mageos utilisait Mappy pour les itinéraires, Planfax pour les annuaires et Ismap pour les cartes, je crois. Et maintenant, Maporama a tout remplacé. C'est la meilleure façon de montrer qu'on a quelque chose de différent, non ?

C'est de là que vous tirez l'essentiel de vos revenus ?
Le site maporama.com n'est pas notre coeur de métier. C'est une très belle vitrine qui nous permet de rendre service aux internautes et qui nous sert pour gagner de nouveaux clients. Le problème, c'est que le taux de remplissage de nos bannières doit être environ de 50 % et que le CPM évoluant à la baisse d'une manière générale, il est fort possible que cette source de revenu devienne de moins en moins importante à l'avenir. C'est donc surtout au niveau du B to B que nous concentrons nos efforts. Cela représente 80 % de nos revenus. A ce jour, nous avons plus de 230 sites affiliés. Cela fait de nous, et de loin, le numéro un en France pour le secteur "B to B to C" même si cela ne veut pas dire pour autant que le site de Maporama est négligé ou le sera. Il suffit de parler chiffre : cela fait dix mois qu'on existe et on fait 800 000 visites par mois. On est numéro deux derrière Mappy en France mais nous grignotons notre retard. Nous pensons les dépasser ce trimestre.

Quel bilan dressez-vous de l'année 2000 ?
Nous sommes numéro un sur le secteur des portails en France. Nomade, Liberty Surf (pour le Wap), l'annuaire de La Poste utilisent Maporama. On va être numéro un au niveau européen en terme de portail. On a signé avec trois des cinq principaux sites pan-européens du genre en novembre et le service va être mis en ligne ce mois-ci. Pour les autres secteurs, en 2000, nous sommes devenus numéro un dans l'immobilier (Immostreet en France ou Propertyfinder en Angleterre, par exemple). Nous sommes bien placés dans le secteur du "travel" et dans celui du recrutement.

Quels sont vos objectifs pour 2001 ?
Nous voulons conquérir cette année les réseaux de points de vente. On veut attaquer les banques (sic), le secteur de l'automobile et ainsi de suite. Cela se fera étape par étape. On est présent en France, en Angleterre, bientôt en Allemagne et on va ouvrir des bureaux dans les mois qui viennent pratiquement dans tous les pays européens. Nous envisageons de très gros développements à l'international.

Justement, ce développement international n'est pas trop ambitieux alors que la tendance est plutôt au recentrage sur la France ?
Sur le plan financier, je suis très serein. Le chiffre d'affaires 2000 n'a pas encore été audité donc je ne veux pas en parler mais ce que je peux die c'est que, sur décembre, nous étions pratiquement à l'équilibre. Le dernier mois de l'année 2000 a été égal, en terme de chiffre d'affaires, à celui des 9 mois précédents cumulés. Nous sommes sur un trend de croissance très important. Actuellement, nous sommes 50 personnes en France. Nous serons plus de 110 personnes en juin prochain au niveau pan-européen.

Et en terme de diversification, quels sont vos projets ?
Nous travaillons actuellement sur un projet de cartographie embarquée à bord des véhicules. Les premières annonces seront faites cette année. Nous voulons couvrir l'ensemble des supports numériques. Il ne nous manque plus que l'automobile. Le "in car" est actuellement notre grand segment manquant mais ce sera réglé d'ici 2002. Nous sommes très attentifs aux nouveaux supports et d'autres peuvent encore surgir dans les années à venir. Nous surveillons par exemple de très près le i-mode au Japon, qui devrait sans doute débarquer en Europe.

Pour financer votre développement, avez-vous envisagé une entrée en Bourse ?
Il y a une chose qui est sûre, c'est que nous sommes financés par du capital-risque et que ces investisseurs peuvent décider de se désengager à tout moment. Il faut donc trouver une porte de sortie. Maintenant, avec les conditions de marché actuelles, je pense que le déploiement de la société et nos besoins en financement ne sont pas très importants. On essaie donc de retarder le plus possible notre introduction en Bourse. Nous voulons asseoir la société et lui donner davantage de valeur avant l'introduction... si introduction il y a un jour.

Comptez-vous limiter votre expansion aux frontières de l'Europe ?
Aujourd'hui on a essentiellement deux concurrents, qui sont au même niveau que nous en terme de couverture et de nombre de clients, ce sont MapQuest et Vicinity (Mapblast) aux Etats-Unis. Ils sont très faibles en Europe. On veut d'abord être numéro un en Europe. On verra le reste du monde après. Effectivement on a une vision mondiale mais c'est pour plus tard. En tout cas, tous les moyens sont bons pour être numéro un, c'est clair. Il faut être présent dans chacun des pays en Europe et à chaque fois, dans chacun des pays, il y a des petits concurrents locaux. Nous n'écartons aucune piste.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
La richesse des informations disponibles et la possibilité de commander en ligne. Ce que je préfère, c'est la réponse spontanée que l'on obtient lors d'une demande d'achat. Par exemple, hier, j'ai commandé trois livres américains de stratégie sur le business en ligne et sans Amazon, ça aurait été bien plus compliqué pour les trouver. Maintenant, je crois que j'achète à peu près tout sur Internet : aussi bien les courses que les produits culturels.

Que détestez-vous sur Internet ?
Les pop-up de publicité et le spamming.

Quelle est votre site préféré ?
Sans conteste Yahoo pour ses informations financières, son annuaire et son moteur de recherche. Je l'utilise tous les jours... tant que je n'ai rien trouvé de meilleur.

 
Propos recueillis par Florence Santrot

PARCOURS
 
Laurent Vermot-Gauchy (38 ans) est ingénieur civil des Mines. Il s'est forgé une expérience des hautes technologies dans un cabinet spécialisé dans le conseil dans le développement stratégique, puis chez l'éditeur de logiciel WINCAP-Software où Laurent Vermot-Gauchy a été étroitement associé à la mise en place de partenariats internationaux avant d'exercer les fonctions de Directeur Marketing jusqu'en 1999. Entre 1993 et 1996, il a également connu l'expérience de la création d'entreprise en tant que co-fondateur de DM SIS, une start-up éditrice de logiciels de gestion de projet. Il a fondé Maporama en février 2000.

   
 
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