INTERVIEW
 
Président
Cyberdeck
Alain Villenave
"Titre"


Lyon

Grand Prix

Cyberdeck a été fondée en 1998 par Alain Villenave et trois associés. Cette société conçoit des bornes d'accès publics gratuits à Internet. Son modèle de revenus est basé pour l'instant uniquement sur la publicité, grâce à des écrans en plasma installés au dessus des bornes. Pour financer son développement, la société s'est introduite le 28 juin sur le Nouveau Marché et a ainsi levé 45 millions d'euros. Le cours de Bourse a, lui, subi quelques vicissitudes puisqu'il navigue autour des 3,5 euros alors que le prix de première cotation avait été fixé à 9 euros. La société mise cette année sur un chiffre d'affaires de 28 millions de francs et est valorisée à hauteur de 75 millions d'euros. Cyberdeck vise la rentabilité en 2002 avec un chiffres d'affaires de 120 millions d'euros. Alain Villenave revient sur la croissance de sa société et sur ses perspectives de développement.

29 novembre 2000
 
          

JDNet. Comment est née Cyberdeck et pourquoi s'être lancé dans l'Internet par le biais des bornes interactives ?
Alain Villenave. A la création de Cyberdeck, plutôt que de créer une dotcom, nous pensions qu'il fallait tout d'abord démocratiser l'Internet. Notre volonté a donc été de créer un média qui puisse jouer ce rôle. Le tout en faisant le pari de la gratuité. Nous avons donc fait un très large effort en recherche et développement pour mettre au point ces bornes et pour pouvoir les piloter à distance en cas de dysfonctionnement. Nous avions de bonnes compétences technologiques puisque j'avais créé précédemment une société qui établissait des passerelles entre les messagers Tam-Tam et les téléphones mobiles. Ensuite nous avons opté pour un modèle publicitaire avec un système d'affichage, au-dessus de nos bornes, que nous louons à des annonceurs.

Est-ce que cela a été difficile de convaincre les investisseurs de vous suivre ?
Oui, car dans notre cas il n'y avait pas de sociétés comparables. Donc il était difficile de les convaincre sans aucun repère possible. Il fallait expliquer beaucoup plus notre métier car pour les investisseurs notre idéee était de la quincaillerie et beaucoup trop "hardware" par rapport aux dotcoms qui brillaient sur les marchés. Mais comme nous tenions nos objectifs en termes d'installation et de perfectionnement de la technologie, ils sont venus petit à petit.

Avant l'introduction en Bourse, vous avez réalisé trois tours de tables avec au total une dizaine d'investisseurs différents. Pourquoi ce choix du morcelage ?
Pour le financement, nous avions deux solutions. Soit mettre tous les oeufs dans le même panier en acceptant de faire entrer un éléphant dans le capital. Soit dire "c'est moi le chef de file" et s'entourer d'une palette d'investisseurs capables d'apporter, chacun, leur pierre à l'édifice. J'ai opté pour le second choix car je préfèrais de plus que le management reste interne à Cyberdeck. Mais si je n'avais pas eu 15 ans d'expérience dans la création d'entreprises, j'aurai peut-être fonctionné différement en me laissant croquer d'entrée par un industriel pour qu'il me guide dans ma démarche...

Au mois d'avril 2000, vous rentrez en Bourse. Beaucoup ont estimé que le prix d'introduction était trop cher et il semble que vous en payez les conséquences en étant désormais largement en dessous de votre cours de première cotation...
Quand on est rentré en Bourse, le marché était vraiment maussade. Nous nous étions préparés depuis quatre mois car cette introduction était nécéssaire pour notre développement. Nous ne pouvions plus reculer et je comprends que le titre soit apparu cher pour les investisseurs, même si nous avons abaissé la valorisation puisque nous avons reporté notre introduction d'une semaine. Mais, comme je le disais précédemment, le problème de Cyberdeck est que la société ne peut pas être comparée et que notre modèle est totalement nouveau. La valeur se retrouve donc maltraitée... Et je le comprends, car les gens sont maintenant doublement méfiants. Mais je suis sûr que dès que nous ferons des annonces, le cours se redressera. Je tiens également à rappeler que Cyberdeck n'est pas une valeur de court terme mais bien de long terme, comme nous l'avons expliqué lors de notre introduction. Par ailleurs nous disposons de 50 millions d'euros en cash et nous pouvons ainsi tenir jusqu'en 2003. L'enjeu pour nous maintenant est de délivrer de bons résultats. Et cela repartira.

L'arrivée de France Télécom sur votre marché, avec son modèle payant Netanoo, et celle de Photomaton vous ont-elles aussi pénalisé ?
Pas vraiment. Pour ce qui est de Photomaton, ils ne pèsent pas grand chose et n'ont aucune expérience dans le domaine, même s' ils ont effectivement déjà des emplacements. France Télécom a, lui, adopté un modèle payant et ne vise pas tout à fait les mêmes segments de marché.De toute façon l'arrivée d'un géant comme France Télécom est une excellente chose car cela donne encore plus de crédit au secteur au niveau financier. Cela va également permettre de démocratiser plus rapidement l'usage des bornes. Enfin, l'entrée de l'opérateur national dans ce marché va aiguiser les appétits des autres acteurs qui vont forcément vouloir se positionner sur ce créneau.

Dans cette optique, avez-vous songé à vendre votre société à un opérateur ?
Non, pas pour l'instant. Nous avons les moyens financiers et l'état d'esprit pour continuer à développer tranquillement la société. En revanche, nous envisageons des alliances. La bataille dans le secteur ne se gagnera sans doute pas en solitaire.

Du point du vue opérationnel, où en est Cyberdeck à l'heure actuelle ?
Nous avons pour l'instant cibler quatre types d'implantation où nous allons installer nos bornes : les sites militaires, les lieux de distribution (Cora, Carrefour ou les galeries marchandes), les universités et les transports, avec notamment la RATP. A ce jour, 370 bornes sont installées et nous visons 2.500 implantations fin 2002. Pour ce qui est de la publicité, nous venons de muscler notre régie en recrutant quatre personnes, dont Béatrice Fabre Michel, ancienne chef de publicité au sein du Groupe Les Echos et ancienne chef des ventes de l'afficheur Giraudy. Quant à l'implantation internationale, nous nous y préparons et nous souhaitons ouvrir une ou deux filiales à l'étranger au début de l'année 2001.

Vos revenus proviennent de la publicité. Pourquoi ne pas avoir également songé à vendre vos bornes à l'heure où le modèle publicitaire est critiqué ?
Vendre des bornes est très compliqué, car tout le monde souhaiterait une personnalisation de la machine. Les marges seraient donc très faibles en raison d'importants coûts de fabrication. Mais effectivement, nous nous posons régulièrement la question et nous le ferons peut-être dans des cas ponctuels, mais pas tout de suite. Nous n'avons pas intérêt à brouiller l'image qui est la nôtre. Nous voulons vraiment être classés comme un média interactif et non pas comme un fabricant de bornes.

 
Propos recueillis par Jérôme Batteau

PARCOURS
 

Alain Villenave est ingénieur en physique. Il a fondé et dirigé quatre sociétés dont CARL Intl, société de gestion de maintenance assistée par ordinateur, ou Digital Communication Group à Hong Kong, une société qui établissait des passerelles Internet vers les mobiles. Depuis 1998 il est le président de Cyberdeck


   
 
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