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10/12/2007

Michel Meyer (Kewego) : "Nous aidons nos partenaires à devenir concurrents de Dailymotion"

Le fondateur de Multimania aujourd'hui à la tête de Kewego évoque le développement de sa start-up et distille avis et conseils aux internautes l'ayant interrogé sur l'intérêt de développer des services vidéo.
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Michel Meyer
 
 

Président de Kewego
 

Qu'est-ce Kewego ? Que proposez-vous ?

Michel Meyer : Bonjour, Kewego est une jeune entreprise qui innove beaucoup ! Plus sérieusement, nous sommes 63 personnes qui proposons des solutions aux entreprises et aux médias pour tirer parti de la révolution de la vidéo sur les réseaux IP. Nous avons deux lignes d'activité :

- La diffusion de vidéos sur Internet, comme par exemple sur Leparisien.fr ou Wideo.fr. Nous avons 120 plates-formes pour plus de 100 millions de vidéos vues chaque mois.

- L'affichage dynamique : des réseaux d'écrans installés dans les entreprises ou des lieux publics, avec des clients comme : Le Club Med Gym, Airbus, Axa, Procter & Gamble...

Nous avons des filiales dans 4 pays : Espagne, Angleterre, Allemagne et Europe du Nord, ainsi qu'une filiale de R&D en France à Grenoble.

 

Quelle est la part de ces deux activités dans votre chiffre d'affaires ?

50/50 en gros, avec des variations suivant les pays.

 

Comment vous positionnez-vous par rapport à Dailymotion ou à Vpod.tv ?

Nous avons principalement un positionnement B2B, donc nous considérons Vpod comme un concurrent direct. Et nous aidons nos partenaires à devenir concurrent de Dailymotion, donc ceux ci ne sont pas nos concurrents directs. Ils sont plutôt concurrents de nos clients/partenaires.

 

Êtes-vous déçu de la disparition de Multimania ? Le même site vaudrait très cher aujourd'hui !

Je suis effectivement l'un des fondateurs de MultiMania, avec Olivier Heckmann mon associé fondateur chez Kewego. MultiMania était le premier site de communauté français, et le 3ème site français en termes d'audience. MultiMania a été introduit en bourse en 2000, puis cédé à Lycos Europe en 2001 à travers une offre publique d'échange. Chez Lycos, MultiMania a donné naissance à une gamme de service d'hébergement diffusée à travers toute l'Europe, et qui est très rentable !

Donc, oui je suis un peu triste quelque part de la disparition de MultiMania, mais aussi de The (virtual) Baguette que nous avions créé avant... Mais bon, Kewego est une nouvelle aventure exceptionnelle avec une équipe exceptionnelle, donc ça compense largement !

 

"Je regrette que nous n'ayons pas été auditionnés par Denis Olivennes"

Pourquoi n'avez vous pas intégré un grand groupe pour un projet plus ambitieux ?

J'ai été approché par plusieurs cabinets de chasse pour prendre des responsabilités dans des grandes entreprises, de média notamment. Mais bon, j'avais 30 ans, un ADN d'entrepreneur, donc un soir avec Olivier Heckmann nous avons décidé de replonger. Il est vrai que nous avions la chance d'avoir une expérience très réussie où nous avons pu créer et innover, développer, faire des acquisitions, des levées de fonds, une introduction en bourse, une cession, et même frôler le dépôt de bilan (en 97) ! Et le tout dans une formidable aventure humaine ! Ca donne envie de replonger, non ?

 

Quels sont vos projets pour l'année 2008 ?

Deux mots : innovation et croissance. Nous avons maintenant une base produit très solide, qui peut absorber une forte montée en charge, ce qui, croyez-moi, n'est pas toujours aisé. Nous allons maintenant développer notre offre avec de nouvelles fonctionnalités sympathiques.

Concernant la croissance, nous avons su séduire de nombreux clients cette année : L'Equipe, M6, France Television, Le Club Med Gym, Axa, Procter&Gamble, Le Parisien, eBay en France, SVT en Norvège, Orange et Grüner & Jahr en Espagne... Nous allons essayer d'en séduire plus, et aussi de grandir avec nos clients existants qui sont très satisfaits de nos produits et de notre accompagnement quotidien, et pour la plupart souhaitent en 2008 développer leur utilisation de nos solutions.

 

 
© Marie Bruggeman, JDN
 

Que pensez-vous des conclusions de la mission Olivennes ?

Je pense qu'il y a de bonnes intentions dans ses conclusions, mais elles sont un peu ambiguës par rapport aux textes existants. Je regrette toutefois que nous n'ayons pas été auditionnés directement.

 

Combien coûtent vos services ? Concrètement, quels avantages puis-je en attendre pour mon site ?

C'est très simple, des frais d'installation, à partir de 5.000 euros, et des frais liés à l'utilisation de la plate-forme (le nombre de vidéos vues pour la diffusion sur le Web, le nombre d'écrans connectés à notre plate-forme pour l'affichage dynamique).

Ce que vous pouvez en attendre dépend de vos objectifs :

- Si vous êtes un média sur le Web, vous allez créer un important trafic, fortement monétisable (nous intégrons de nombreux formats publicitaires, notamment le pre roll et le post roll), donc vous créez du chiffre d'affaires et de la marge.

- Si vous êtes une entreprise sur le Web ou avec un réseau d'écran vous allez fortement améliorer votre communication avec vos visiteurs/clients/salariés.

- Si vous êtes un marchand sur le Web ou en affichage dynamique, vous allez pouvoir mieux mettre en scène vos produits, et donc améliorer vos taux de conversion.

 

"La qualité des vidéos diffusées est encore relativement faible"

Il paraît que les contenus vidéo ne sont pas si intéressants qu'il n'y paraît en termes de trafic. Le temps de tournage/montage est plus important pour des taux de clics supérieurs, mais pas démentiels non plus. Qu'en pensez-vous ?

Ta question est légitime. Mais, aujourd'hui, les moyens de créer de la vidéo sont devenus très peu chers, et l'impact est quand même nettement plus fort. On a tous couru vers nos ordinateurs pour voir les premières vidéos de l'iPhone... Plus globalement, les résultats chez nos sites partenaires sont exceptionnels, en quelques mois ils génèrent un trafic très important, d'ailleurs sans cannibaliser le trafic "texte" qui reste élevé, et au contraire bénéficie souvent de l'apport d'une nouvelle audience "audiovisuelle".

 

Que pensez-vous du niveau et de la qualité des vidéos actuellement proposés ?

La qualité des vidéos diffusées est encore relativement faible. Je pense que tout cela va fortement augmenter dans les mois à venir, notamment avec l'intégration du MP4 dans MovieStar (le nouveau player flash), ou le développement des solutions SilverLight qui permettrons d'intégrer du WMV dans des applications/Lecteurs Rich Media.

Concernant leur contenu, la perception de qualité varie en fonction des sujets, des spectateurs... Une vidéo prise à partir d'un mobile peut s'avérer extrêmement intéressante par son sujet pour tous ou seulement pour certains ! L'UGC - User Generated Content (contenu généré par les utilisateurs) - a été le déclencheur de la vidéo sur le Net. Et le principe de l'UGC est de permettre à chacun de créer des contenus qu'il veut partager et qui ont du sens pour lui. Tous n'ont pas forcément une approche journalistique à la hauteur de celle du JDNet !

 

Quel est votre ressenti par rapport aux attentes de vos clients ? Savent-ils vraiment pourquoi ils veulent mettre de la vidéo sur leur site ou est-ce comme à l'époque, quand les entreprises voulaient toutes leur site vitrine sans trop voir à quoi cela allait leur servir ?

Non, non. Je pense qu'il y eu un vrai changement sur ce point. Internet fait maintenant vraiment parti du quotidien de presque tout le monde. Et la hausse des débits, associée à l'explosion des contenus vidéos - principalement UGC au départ - a permis à tout le monde de comprendre beaucoup plus vite.

Il y a un autre facteur intéressant. Aujourd'hui dans toutes ces entreprises, on retrouve souvent des acteurs qui ont 30/40 ans et qui ont vécu le Web a fond. Ils bougent donc souvent plus vite.

 

Quels sont les contenus vidéo qui marchent aujourd'hui ?

Il y beaucoup de contenu d'actualité, que cela soit des infos comme sur le Parisien, ou encore des résultats/analyse sportives, ou des vidéos présentant des actus récentes - type l'iPhone dont je parlais tout à l'heure. Il y a aussi beaucoup de vidéos sur les thèmes de l'humour. Faire rire semble être une préoccupation majeure des internautes. On voit bien évidemment aussi beaucoup de contenu de charme, mais ce n'est pas nouveau !

 

 
© Marie Bruggeman, JDN
 

La généralisation de l'utilisation de la vidéo sur le Net peut elle provoquer, à terme, un engorgement des réseaux ? Que répondez-vous aux FAI qui accusent l'industrie de la vidéo de saturer leurs réseaux sans verser de contrepartie ?

Non, je ne pense pas vraiment. Il est certain que les fournisseurs d'accès vont devoir faire évoluer leur infrastructure, mais bon les technologies de routage ont beaucoup évoluées et permettent de traiter des volumes de trafic très importants à des coûts inférieurs à ce que l'on avait auparavant. Par ailleurs, nous payons notre bande passante. Donc il faut nous laisser aller aux internautes, simultanément les internautes payent leur accès à Internet, pas juste aux sites choisis par les fournisseurs d'accès.

Mais pour l'instant, le débat me semble assez théorique, nous avons tous intérêt à ce que l'usage de la vidéo se développe, et nous travaillons avec les opérateurs pour que cela se fasse de manière construite.

 

"Tout est en place pour une croissance saine"

Je gère une société de production qui a 20 ans de contenus documentaires en stock. Comment pourrais-je monétiser ces archives sur Internet, comment estimer leur valeur marchande, et sur quels modèles de rémunération ?

L'estimation de la valeur marchande pour les contenus audiovisuels est très compliquée. Et j'avoue ne pas avoir de formule miracle. Ce qui est sûr, c'est que la vidéo déboule sur Internet, et que si vous laissez vos contenus bien au chaud vous n'en profiterez peut être pas. Ceci étant dit, nous pouvons vous proposer de faire une vitrine pour certains de vos contenus sur Internet, sous forme de catalogue, pour donner envie aux internautes de les voir et peut être aux acheteurs de vous contacter. Vous pouvez également décider de trouver un accord avec des diffuseurs Internet, qui vous proposerons peut être d'acheter vos contenu ou de partager des revenus pubs. Nous pouvons vous aider pour cela - écrivez moi : michel.meyer@kewego.com.

A titre d'exemple, nous diffusons aujourd'hui sur Wideo, toutes les saisons de Caméra Café de M6, des reportages de La Chaîne Voyage, des bandes annonces de Vodeo qui vend ses documentaires...

 

Concernant les vidéos proposées à vos partenaires, offrez-vous des critères de sélection ou relayez-vous d'un bloc l'ensemble de votre catalogue sans possibilité de choisir tel ou tel programme ?

Nous avons passé pas mal de temps à développer une technologie de gestion des droits de diffusion. Un partenaire diffuseur ou un producteur de contenu peut choisir très précisément sur lesquels de nos 120 sites il souhaite apparaître. Au passage, il faut bien évidemment que le diffuseur accepte le producteur et que le producteur accepte de diffuser sur ce site !

 

La vidéo sur le Web est en pleine expansion, comment voyez-vous l'évolution de ce marché ?

A toute vitesse ! Beaucoup de nos clients de 2007, ont prévu de fortement augmenter leurs investissements en 2008, tant dans le secteur média que dans le secteur des entreprises. C'est un excellent signe, et je pense que cela témoigne d'un très fort potentiel de croissance. La qualité va s'améliorer, les techniques de mise en ligne vont se fluidifier, l'usage va rentrer dans les habitudes de tout le monde, et les revenus publicitaires pour les médias se développer. Tout est en place pour une croissance saine de l'écosystème.

Merci à tous, bonnes vidéos en 2008 !

 


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