Maîtriser la rumeur dans l'entreprise

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Laurence Houdeville
 
Laurence Houdeville, directrice d'Inergie Communication
 

"La rumeur est insidieuse", confie Laurence Houdeville, directrice du pôle communication de la société de conseil Inergie. Une fois lancée, difficile en effet de l'arrêter et d'en retrouver l'origine. Afin d'être très réactif face à ce type de phénomène, il faut donc garder les yeux - et les oreilles - grand ouverts.

 

L'inconnu, source de toutes les rumeurs

Lorsque l'entreprise vit des moments troublés, la diffusion de l'information se fait parfois de façon anarchique. Une fusion, une cession, un changement majeur, créent un sentiment d'insécurité chez les salariés. "Il existe des situations dans lesquelles l'entreprise ne veut ou ne peut pas communiquer. Ce sont souvent des périodes de changement. Les rumeurs se propagent alors en réaction aux peurs des salariés", explique Laurence Houdeville.

 

"Parfois, la rumeur gonfle via les partenaires sociaux"

Dans ces moments là, détaille-t-elle, "la rumeur part généralement d'un élément d'information mal transmis. Il fait l'objet d'interprétations variables, qui vont, viennent et s'amplifient. C'est en fait le symptôme d'une non-communication de la part de l'entreprise." Les salariés cherchent alors à trouver les informations en dehors du circuit officiel. "Parfois, la rumeur gonfle via les partenaires sociaux qui se trouvent en possession de beaucoup d'informations et qui ont des canaux de communication beaucoup plus souples que l'entreprise." Dans ce cas, la rumeur a des chances de se révéler vraie.

 

Reconnaître la rumeur en voie de prolifération

Laurence Houdeville recommande de mettre en place des stratégies de veille, en amont, afin de savoir ce qui gronde dans l'entreprise. Cela ne se fait pas simplement en prêtant l'oreille aux discussions de cafétéria ou de la salle fumeurs. Il s'agit de mettre en place des espaces et des moments de discussion qui permettront de révéler au grand jour les doutes ou les interrogations de ses salariés. Il faudra alors garder à l'esprit que les différents groupes en présence dans l'entreprise (par exemple les cadres et les ouvriers ou les créatifs et les commerciaux...) n'ont ni les mêmes attentes, ni les mêmes informations et craintes. Et de se rappeller que les rumeurs les plus redoutables sont celles qui sont assez crédibles pour convaincre le plus grand nombre.

 

 
Le phénomène de la rumeur vu par un sociophysicien
 
  Serge Galam, chercheur au CNRS et à Polytechnique, applique les lois de la physique aux sciences humaines. Il décrypte ainsi les phénomènes de propagation des rumeurs : "L'information communiquée dans une rumeur n'est pas démontrable, c'est aux individus de se forger une opinion. Pour la valider, ils en discutent en petits comités informels. Ces rencontres amènent les groupes à établir un consensus en fonction des arguments de chacun. Et lorsque les groupes n'arrivent pas à se départager, ils vont inconsciemment faire appel à un ensemble de croyances collectives qui va aider à faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre. Après plusieurs rencontres, une opinion majoritaire va progressivement se dégager."  

 


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