Lorsquavec un camarade
ingénieur télécom je décidai
de créer une entreprise de services internet,
cétait sur le fondement dune vision
résumée dans notre basique et très
sec slogan initial : "marketing et technologie
de l Internet". Cétait en 1995.
Près de huit ans plus tard, j'estime que ce slogan
est toujours aussi vrai, quil exprime le seul
positionnement porteur de croissance pour un acteur
indépendant sur le marché du conseil en
solutions interactives.
Le concept de lagence
"couteau suisse" est mort avec léclatement
de la bulle. Néanmoins, pour exécuter
un projet interactif, il reste délicat de séparer
le conseil de la production, et le marketing de la technologie.
Doù la difficulté des groupes de
communication à intégrer linteractif,
puisquils plébiscitent le modèle
de sous-traitance à des sociétés
de production. On pouvait s'interroger en 2001 sur la
pérennité de la "course à
la polyvalence", phénomène qui décrivait
le commun des entreprises du secteur. Le mélange
des modèles économiques a certes fait
long feu, tant il était illusoire de jongler
simultanément avec des modèles aussi différents
que le consulting, lintégration de progiciels,
le développement applicatif et le commissionement
sur achat despace publicitaire. Pour autant la
polyvalence entre expertise marketing et expertise technologique
reste à mon avis la clef du métier.
Des positionnements de
niche persisteront incontestablement. Ainsi celui centré
sur la création dexpériences interactives
au profit dunivers de marques fortes ("digital
branding"), approche en concurrence frontale avec
le métier de publicitaire et incarnée
avec succès par les agences AKQA (UK) et R/GA
(USA), voire par certains studios très créatifs
parmi ceux réunis dans le syndicat des "Web
Producteurs". AKQA, agence interactive anglaise
certainement la plus respectée, a généré
33 millions deuros de CA en 2001, ce qui nest
pas négligeable. Son unique préoccupation
: la relation marque-client et le ciment de cette relation,
qui se trouve selon elle dans la créativité
et les idées.
Citons également
le positionnement centré sur la CRM, fondé
sur le posulat que lInternet nest quun
canal relationnel parmi dautres. La mise au pas
des filiales interactives des groupes de communication
correspond à cette vision, les compétences,
une fois intégrées et dévouées
aux grand prêtres de la « communication
intégrée », se consacrant dans un
cadre plutôt étroit au volet e-mail et
Web dopérations de conquête ou de
fidélisation.
Il sagit là
en réalité de succédané
de CRM, la tarte à la crème managériale
servant ici de paravent à des opérations
classique de marketing direct et/ou promotionnelles.
Car le marché des projets CRM structurant lorganisation
et le système dinformation des entreprises
est quant à lui dominé par les grands
intégrateurs.
Pour autant, ces intégrateurs
nont plus le monopole des grands projets interactifs,
la dimension marketing de ceux-ci sétant
avérée décisive pour obtenir sur
un retour sur investissement. Les groupes de travail
chargés des appels doffre ont vu sopérer
en 2002 la jonction des intérêts des DSI
et des directeurs marketing/vente, ces derniers privilégiant
des prestataires aussi musclés sur le plan technologique,
capables de mobiliser des équipes seniors dingénieurs,
que sur le plan de linterface et des contenus.
La redoutable compétitivité
commerciale des entreprises ayant ce profil en ces temps
de faibles investissements, confirme sil en est
ma profonde confiance dans le "marketing technologique".
Il prend beaucoup de temps de faire travailler en synergie
des hommes de marketing sensibilisés à
la technologie et des ingénieurs respectueux
des contenus, et cela implique des retours sur investissement
loin dêtre immédiats. Les entreprises
ayant inscrit cette exigence au fronton de leur développement
seront à nul doute les gagnantes de demain. Non
seulement sur le marché des services Internet,
mais sur tous les marchés.
|