Difficile de parler
aujourd'hui d'un projet de portail sans aborder la problématique
web services. Un peu comme si cette nouvelle approche
de la connectivité des applications était
la clé du succès tant attendue. Le résultat
mitigé des projets de portail sur les dernières
années, notamment en matière de retour sur
investissement, ne peut pourtant être simplement
attribué à des difficultés d'ordre
EAI. Zoom sur l'un des enjeux majeurs du portail, pourtant
souvent ignoré
Les tentatives pour montrer
les gains de productivité d'un portail d'entreprise
ressemblent souvent à des exercices de contorsion
- parfois à la limite du raisonnable. Il est
en fait souvent plus facile de montrer l'inverse : qu'en
fait la mise en place du portail n'a pas fait gagner
grand-chose. Pourquoi ?
Le
portail pousse un modèle complètement
centré sur le navigateur web, en offrant un point
d'entrée unique vers l'ensemble des applications
et des informations de l'entreprise. Mais regardons
les choses en face : la plupart des utilisateurs passent
en moyenne entre 70 et 90% de leur temps
sur des
outils bureautiques (messagerie, traitement de texte,
tableur
) et non sur un navigateur Web. Autrement
dit, une approche "classique" du portail permet
des gains de productivité incontestables
mais
sur 10 à 30% de l'activité totale de l'utilisateur.
Au mieux.
La prise de conscience
se fait peu à peu dans les entreprises : le retour
sur investissement d'un projet de portail passe par
une solution centrée sur l'utilisateur, qui adresse
réellement ses problématiques métier
quotidiennes, mais au travers de ses outils habituels.
Toute tentative pour occulter ce point se solde par
un échec. L'exemple le plus parlant est probablement
la mise en place, au sein d'un portail, d'espaces documentaires
structurés censés freiner le "partage
de fichiers sauvage".
Bien souvent l'utilisateur
se voit obligé de sauvegarder temporairement
ses fichiers depuis sa suite bureautique, pour ensuite,
à l'aide de son navigateur, transférer
lesdits fichiers vers l'espace documentaire. Cette sauvegarde
"temporaire" sur le poste client ou sur un
disque partagé devient souvent définitive,
et un circuit parallèle (envoi des documents
par mails, etc). se développe à côté
de l'espace documentaire officiel. Rien d'étonnant
à cela. Si l'outil bureautique ne permet pas
de sauvegarder directement le document dans l'espace
documentaire du portail, ne comptons pas sur l'utilisateur
débordé pour le faire à sa place.
L'un des enjeux majeurs
du portail est ainsi sa capacité réelle
à s'intégrer avec les outils quotidiens
de l'utilisateur pour créer de la valeur dans
ses processus métier. Et force est de constater
que le navigateur Web seul ne peut répondre que
très partiellement à cette problématique.
La faiblesse du navigateur se révèle notamment
dans les problématiques "déconnectées"
; car, ne rêvons pas, le réseau de commerciaux
nomades connectés en permanence par Wi-Fi n'est
pas encore pour demain. Si l'utilisateur doit attendre
d'être connecté pour saisir ses commandes
du jour, on peut sans hésitation conclure que
le portail n'a pas atteint tous ses objectifs.
L'échec déjà
oublié du Network Computer aurait pourtant du
servir d'alerte: si le poste client n'est pas un minimum
riche, "intelligent" - et capable d'agir en
mode déconnecté, la création de
valeur est souvent limitée.
Cet enjeu de taille, les
éditeurs de logiciels l'ont parfaitement compris,
et ont commencé à faire évoluer
leur stratégie en conséquence. Naturellement
les mieux positionnés sont ceux qui ont la plus
grande expertise en matière de poste client :
Microsoft et IBM.
Si le second prend une voie radicalement différente
de celle du premier (à l'opposé d'un poste client
"riche", personnalisé, IBM pousse un modèle où le navigateur
Web est roi et où l'utilisateur s'affranchit du poste
de travail), dans les deux cas est intervenue une prise
conscience de la nécessité d'intégrer
le poste client et les outils du quotidien dans la problématique
Portail, et ce ne peut être qu'une bonne chose
pour les entreprises.
Reste désormais
à voir quel sera le modèle d'intégration
le plus pertinent, le plus efficace, mais surtout le
mieux adopté par les utilisateurs.
|