Demain, les contrôleurs voyageront
"les mains dans les poches". Leur lourde sacoche
fera place à un équipement léger construit autour d'un
Pocket PC, capable de valider les billets, d'encaisser
les paiements et d'apporter une réponse à toutes les questions
des voyageurs.
Pascal
de Saulieu, Chef
du département système d'information trains à la
SNCF
"Avec
Pocket PC, on dispose du seul système d'exploitation
reconnu comme standard et adopté par quasiment
tous les fabricants de terminaux mobiles"
À la SNCF, on s'apprête à tourner la page sur la bonne
vieille sacoche et sur la pince de contrôle. L'outil
destiné à prendre le relais, c'est désormais le Pocket
PC. Les équipes informatiques de la SNCF travaillent,
en effet, depuis six mois sur un projet ambitieux, visant
à renouveler l'équipement des 11 000 contrôleurs
de son réseau. À l'heure actuelle, ces agents se déplacent
dans les trains avec un téléphone mobile, un terminal
de paiement pour carte bancaire, une pince de contrôle
et plusieurs gros volumes regroupant les tarifs, les
horaires et les informations nécessaires pour renseigner
les voyageurs. Bref, une sacoche d'une bonne dizaine
de kilos, qui ne demande qu'à faire un bon régime minceur.
"Dès 1995, la direction a souhaité moderniser l'équipement
des contrôleurs" explique Dominique Orcel, le responsable
technique du projet. Avec un double objectif : alléger
l'équipement et créer un lien plus étroit avec l'entreprise
et ses clients. Mais la solution a mis du temps à prendre
forme. Après une première tentative infructueuse, fondée
sur un terminal développé spécialement pour l'occasion,
le projet est relancé en novembre 2001, avec un mot
d'ordre : refuser les solutions propriétaires et se
concentrer sur les standards du marché, capables d'évoluer
rapidement, selon les besoins de la SNCF.
Des outils standards Première étape : choisir le terminal. Le Pocket
PC s'est vite révélé le seul capable de répondre au
cahier des charges. "Avec le Pocket PC, on dispose
d'un système d'exploitation qui s'est désormais imposé
comme standard adopté par un nombre croissant de fabricants
de terminaux" explique Pascal de Saulieu, le chef
du département système d'information trains. "À terme,
le système d'exploitation Pocket PC devrait prendre
sur les mobiles, une place identique à celle de Windows
sur les micro-ordinateurs" poursuit-il. "Et puis,
pour le développement, c'est du Visual
Basic. Cela nous permet de nous appuyer sur notre
connaissance de cet outil de développement pour être
vite opérationnel sur le mobile" ajoute Dominique
Orcel.
Partenariats
: un jeu à quatre mains
Pour mener à bien la réalisation
de son projet pilote, la SNCF, au-delà
de son propre service informatique, a fait appel
à trois partenaires clés.
Pour la conception de l'architecture
technique, le choix s'est porté sur Microsoft
Consulting Services. Les équipes de MCS ont
apporté leur expérience pour définir la plate-forme
technologique. C'est grâce à leur aide que l'infrastructure
logicielle, matérielle et télécom a été choisie.
Pour la mise au point du
terminal, c'est Compaq qui a relevé ses
manches. Le constructeur a été chargé de réaliser
un ensemble cohérent autour de son modèle iPaq
3870, doté d'une puce Bluetooth pour la communication
sans fil.
Enfin, le développement du
logiciel destiné à fonctionner sur ce terminal
est l'uvre de la société de développement WinWise.
Au total, c'est près d'une vingtaine de personnes
qui sont mobilisées sur ce projet pour une durée
totale de deux ans
Résultat : un projet de démonstrateur prend forme,
autour de l'iPaq, de Compaq, auquel viennent s'ajouter
un terminal de paiement et une imprimante compacte.
"Nous croyons fermement à l'idée d'un réseau local
sans fil pour assurer le dialogue entre le Pocket PC
et les périphériques, qui peuvent ainsi rester à la
ceinture ou dans la sacoche " explique Pascal
de Saulieu. Côté logiciels, c'est l'architecture .NET
de Microsoft qui a été retenue. L'application destinée
aux contrôleurs est développée sous Visual
Studio .NET. Pour l'exécution sur le terminal mobile,
ce sera .NET for Pocket PC. Enfin, pour le "back-office
", c'est-à-dire la gestion des données remontées
des terminaux et centralisées sur les serveurs de la
SNCF, c'est Windows
.NET Server qui sera mis en oeuvre.
Les horaires, tarifs et autres informations dont les
contrôleurs ont besoin sont centralisés sur des bases
de données SQL
Server, dans lesquelles l'application tournant sur
les terminaux mobiles ira chercher les données nécessaires.
Bref, une solution 100 % Microsoft. La raison ? "Aujourd'hui
les solutions Microsoft permettent la mise en place
d'une architecture de bout en bout autour d'un terminal
informatique mobile" affirme Pascal de Saulieu.
La mise à jour des données mémorisées sur le terminal
et la remontée d'informations vers le système informatique
central ont donné lieu, quant à elles, à un choix technologique
original. Chacune des quelques 150 gares d'attache des
contrôleurs de la SNCF, réparties sur toute la France,
sera dotée d'un réseau local radio. Et l'ensemble de
ces représentations régionales communique par réseau
IP avec le centre d'information de Lille, qui centralise
le "back-office " de toute l'informatique
voyageurs. Lorsque le contrôleur terminera sa rotation
et rentrera à sa gare d'attache, son terminal sera automatiquement
synchronisé et les bases de données mises à jour.
L'équipe en charge du projet s'est donnée pour objectif
de préparer une démonstration grandeur nature, sur une
cinquantaine d'appareils, pour la fin de cette année.
En plus du terminal, toute l'architecture informatique
et le "back-office " devront être en place pour
assurer cette démonstration. Ensuite, la solution sera
déployée sur l'ensemble du réseau dans le courant de l'année
prochaine. L'avenir ? "Nous travaillons dès à présent
sur un concept de billet dématérialisé, où le terminal
mobile dont nous allons équiper nos contrôleurs jouera
un rôle clé" explique Pascal de Saulieu. Le voyageur
n'aura qu'à réserver son billet à distance, pour que celui-ci
soit mémorisé dans le Pocket PC du contrôleur responsable
de son train. Ce projet ambitieux, qui s'appuiera sur
l'expérience acquise par l'équipe sur le développement
du terminal mobile, devrait voir le jour à l'horizon 2005.
Une aubaine pour les distraits qui oublient régulièrement
leurs billets de train sur le coin de leur bureau.
Fiche d'identité
:
La SNCF, c'est chaque jour 2 400 000 voyageurs
transportés.
La Direction des trains, c'est près de 11 000
contrôleurs intervenant sur l'ensemble du réseau
ferroviaire français. Ces contrôleurs sont rattachés
à 140 "résidences", qui sont les ports d'attache
de ces salariés nomades.
Les résidences dépendent de 24 divisions régionales.
Chaque contrôleur transporte environ 10 kg dans
sa sacoche, soit près de 110 tonnes de matériel
qui voyagent quotidiennement à dos d'hommes dans
les couloirs des trains