Interviews |
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Renaud Larsen
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Chief
marketing officer
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FastTango
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"Les
clusters NT sont trop complexes dans leur déploiement
et leur gestion" |
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Depuis avril dernier, le petit monde des fournisseurs
de solutions de clusters clef en main sous Linux compte
un nouvel acteur. Créé notamment par des
anciens de VA Linux lors d'une période de
turnover chez ce dernier, l'américain FastTango
dirige pour l'instant ses opérations en France
depuis la Belgique. D'ici quelques semaines devrait avoir
lieu l'ouverture du bureau parisien, avec actuellement
une petite dizaine de prospects dans l'Hexagone, dont
certains en bonne voie de concrétisation selon
la société.
Pour faire le point sur l'offre, qui comprend des clusters
pour Oracle 9i et des serveurs de reconnaissance vocale
sous Linux, nous avons interrogé Renaud Larsen,
son Chief marketing officer (directeur marketing) basé
jusqu'à présent à Bruxelles, et qui
fait partie des co-fondateurs. Au passage, celui-ci défend
la position selon laquelle Linux constitue l'environnement
idéal pour mettre en place des clusters et garantir
la haute disponibilité d'applications web.
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Propos recueillis par
François Morel le 11
octobre 2001
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JDNet
Solutions: Pourquoi avez-vous choisi de vous lancer dans
l'aventure FastTango ?
Renaud Larsen:
Nous avions identifié
un besoin auprès des entreprises qui n'étaient
pas satisfaites des autres solutions de clusters du marché,
pour la plupart fournies non clef en main dans le monde
Linux. Actuellement, nous fournissons la solution la plus
complète, composée de serveurs, d'une baie
de stockage et de l'installation du système d'exploitation
et des applications. La solution que nous fournissons
pour Oracle, 9i Rac sous Linux, se compose de 4 serveurs
en clusters avec 4 processeurs par serveur, qui sont
connectés à un filer F840 de NetApp.
Pour cela, nous utilisons deux types de connexions à
la fois: GigaEthernet et Myrinet. Cette dernière,
développée par la société
Myricom, est une technologie de connexion dix fois plus
rapide que la première. Elle est abondamment utilisée
dans le monde des clusters scientifiques, qui ont aussi
besoin d'un nombre de noeuds plus importants. Avec un
seul commutateur, Myrinet permet de monter des clusters
de 128 noeuds. Par "noeud", il faut comprendre
un serveur dont la hauteur peut varier entre 1u et 7u
(u est l'unité qui mesure la hauteur des serveurs
empilables dans des baies de taille limitée, ndlr).
Pour 9i Rac sous Linux, nous utilisons des serveurs de
type 4u avec 4 processeurs, car il n'est pas possible
de mettre 4 processeurs dans une hauteur de 2u pour
des raisons de dissipation de chaleur.
Cette
solution se situe donc au centre de votre alliance avec
Oracle et Network Appliance... ?
Oui, et en utilisant NFS (Network
File System) pour la gestion de la base de données.
Il s'agit du protocole qui permet d'exploiter une infrastructure
de type NAS (Network Attached Storage). NFS permet de
connecter directement une baie de stockage à un
réseau. L'avantage ? Au lieu de travailler le bloc
physique, il travaille au niveau des fichiers.
Lorsqu'il faut passer par le bloc physique, l'on doit
souvent repartitionner la base de données car cela
ne se fait pas en transparence. Or, avec NFS, il est possible
d'ajouter directement de la capacité de stockage
et le système reçoit de manière transparente
le nouvel espace disque, ce qui simplifie l'administration
des bases de données et des architectures. Les
fichiers sont gérés entre plusieurs serveurs
au sein d'un réseau, comme s'ils se trouvaient
sur le même disque local. Il n'y a pas besoin de
savoir où se trouvent physiquement les fichiers,
ce qui en facilite l'accès.
Quel
est l'avantage de votre solution sur celles proposées
par vos concurrents ?
Notre solution clef en main
répond au besoin de déployer des architectures
à haute disponibilité pour un coût
moindre que celles revendues par Sun. Le coût matériel
de notre serveur de base à 4 clusters se situe
aux alentours de 300 000 dollars, contre près
du million de dollars pour Sun.
Ensuite, le déploiement de solutions clef en main
tournant sous Linux permet de ne plus devoir payer de
licences Microsoft ou Solaris, ni même de payer
la maintenance en liaison avec ces licences. Du coup,
le coût de maintenance peut être affecté
à l'évolution de l'architecture. Si nous
éliminons le coût de la licence, le coût
total pour la maintenance est inférieur à
Sun et à Microsoft. Et ce, pour la raison suivante:
Linux est plus stable pour une architecture à haute
disponibilité que Microsoft et Sun, et nettement
moins complexe à gérer. Nous permettons
aux directions informatiques de reprendre le contrôle
de l'architecture et de bien la maîtriser. L'un
des aspects importants est que Linux reste Linux, mais
quand Microsoft sort un nouveau système d'exploitation,
il n'est pas toujours compatible avec l'ancien.
Windows
NT n'a-t-il pas aussi ses spécialistes capables
d'en tirer le meilleur parti ?
En général,
les entreprises rencontrent de gros problèmes avec
Microsoft dans la gestion d'infrastructures et le fait
de pouvoir déployer des clusters. Les clusters
NT sont trop complexes dans leur déploiement et
leur gestion. C'est pourquoi les inconditionnels de NT,
je n'en ai jamais rencontrés. Quand on effectue
des comparaisons de performances, leur raisonnement commence
à s'infléchir.
Que
pensez-vous des Unix traditionnels (HP/UX, IBM AIX...) ?
Ne sont-il pas reconnus pour leurs capacités à
gérer des serveurs avec un très grand nombre
de processeurs ?
Nous les retrouvons effectivement
sur les projets où un grand nombre de processeurs
sont en jeu. Mais nous proposons aussi, avec du failover,
la capacité de gérer un nombre important
de processeurs. Les systèmes HP/UX et AIX en eux-mêmes
dépassent les 300 000 ou 400 000 dollars.
Bien sûr, il y aura toujours des grands systèmes,
mais en a-t-on besoin pour toutes les applications et
toutes les bases de données.
Encore une fois, nous retrouvons ici la problématique
de surdimensionnement. Ces deux dernières années,
nombre de rapports ont mis en évidence que beaucoup
d'entreprises avaient acheté des architectures
surdimensionnées face à leurs besoins. Il
s'agit du discours classique conservateur. Avec un nouveau
noeud, nous pouvons augmenter le nombre de clusters de
façon illimitée. En attendant, avec un gros
système, si vous n'avez qu'un serveur et qu'il
tombe en panne, vous n'avez plus accès à
vos applications. C'est la différence entre les
architectures Single Point Failure, et les autres basées
sur du failover. Dans le deuxième cas, si un noeud
tombe vous pouvez toujours exécuter vos tâches.
Le failover signifie que l'on passe la main à un
autre noeud.
Vos
systèmes rendent-ils possibles la répartition
de charges, et le "geographic failover" pour
le fait de passer la main à un serveur distant
?
En général,
nous combinons la répartition de charges et le
failover qui rentre dans la logique des clusters. Le geographic
failover, quant à lui, est dans les cartons et
nous avons prévu de l'implémenter pour début
2002. Là, ce sont des architectures plus importantes
avec des centaines de noeuds, des clusters de clusters
et des architectures de type Grid (lire les articles sur
l'initiative
d'IBM et la
"grille remplacera la toîle"), où
l'on peut allouer des ressources de New-York sur d'autres
à Barcelone avec une sauvegarde située à
Paris.
Côté
produits, que préparez-vous en ce moment ?
Nous sommes en train de développer
des logiciels de gestion dynamique de clusters, tant au
niveau matériel que applicatif. Pour vous fournir
un exemple concrêt, vous avez un cluster de 100 noeuds
et nos logiciels permettront de le déployer dynamiquement
sur les 100 noeuds. Actuellement, il est possible
de gérer manuellement deux, quatre voire huit noeuds,
mais après cela devient un casse-tête chinois
et provoque une perte de temps. Ensuite, sur les 100,
nous pourrons allouer les noeuds de 1 à 10 à
Apache, ceux de 30 à 40 à tel
ou tel type d'application, etc. tout en pouvant effectuer
la mise à jour de manière transparente.
Pendant un temps donné, nous pourrons dire que
les ressources processeurs dédiées à
Apache seront allouées à la base de données.
Enfin, nous offrirons l'exécution de la file d'attente
en différé de manière intelligente,
avec la possibilité de réaffecter une tâche
donnée vers un ensemble d'autres si le moindre
problème se présente. Ces logiciels sont
prévus pour la fin de l'année et le début
2002, et sortiront en même temps aux Etats-Unis
et en Europe.
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Avant de prendre le poste de Chief marketing officer
chez FastTango, Renaud Larsen occupait celui similaire
de directeur marketing EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique)
chez VA Linux. Parmi ses précédentes fonctions,
il a notamment été directeur de la recherche
marchés et de la localisation chez Adaptec, et
responsable du marketing produits chez SAP.
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