08/03/2001
IBM
investit des milliards de dollars dans la grille de la
prochaine génération Internet
"Des milliers de millions
de gigaoctets de données" générées
suivant un modèle partagé au Cern,
c'est ainsi qu'IBM
apporte un exemple concret d'une utilisation effective
de la grille. Ce nouveau modèle pour Internet,
le laboratoire d'accélérateur de particules
situé en Suisse l'a mis en oeuvre depuis 1991,
à peu près en même temps que la Nasa.
Fin
décembre 2000, nous nous demandions si la grille
allait succéder à la toile. A présent,
IBM veut la généraliser partout sous forme
de "global grid", ou grille globale, en commençant
par le Vieux Continent. "L'Europe est le principal
investisseur mondial vis-à-vis des réseaux
grilles", affirme Daron Green, directeur de la grille
pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique chez IBM.
"La Commission Européenne a investi à
elle seule de multiples milliards de dollars dans cette
technologie. Et il existe déjà un grand
nombre de réseaux-grilles en particulier en Grande-Bretagne
et aux Pays-Bas."
L'objectif de la grille vise à permettre à
des organisations dispersées, formelles ou informelles,
de partager des applications, des données et des
ressources comme de la puissance de calcul ou de l'espace
disque. Et ceci, grâce aux protocoles de la grille
sans remettre en cause l'infrastructure IP existante.
Les réseaux-grilles sur
un modèle gratuit ?
Basés
sur un nouveau modèle affilié à l'Open
Source, les réseaux-grilles s'appuient sur des
protocoles standards et des technologies ouvertes pour
associer entre elles des grappes de serveurs tout autour
de la planète. Dans ce contexte, IBM a choisi Linux
(avec lequel il travaille sur son projet
d'affinité avec AIX) ainsi que le middleware
réseau Globus,
également Open Source et en téléchargement
gratuit. "Cela fait partie intégrante de notre
stratégie", déclare Daron Green. "Si
nous avions choisi de travailler avec Oracle, les entreprises
qui sont nos clients n'utiliseraient pas les réseaux-grilles
car elles seraient obligées de réinvestir
dans du Oracle."
En attendant et de toute évidence, IBM ne choisit
pas de jouer cette carte gratuitement. En participant
par exemple au projet britannique de constituer tout un
réseau-grille distribué de part en part
du Royaume Uni, Big Blue va fournir ses services pour
sa construction, sa mise en route et sa maintenance. En
outre, la gestion des grilles complexes pourra être
assurée par ses surpuissants systèmes centraux
de nouvelle génération et ses technologies
middleware combinées à son système
d'auto-gestion eLiza. Par ailleurs, IBM prévoit
de rendre compatible une grande partie de ses gammes de
solutions existantes avec ce modèle. Et ce savoir-faire
serait unique au monde à cette échelle,
même si Daron Green cite Microsoft et Hewlett-Packard
comme partenaires intéressés au projet.
N'oublions pas que HP maîtrise ce type de technologies
depuis quelque temps déjà sur ses réseaux
d'impression partagée.
Des
applications qui vont dépasser la science
Parmi les neuf grilles prévues
outre-Manche, le premier réseau sophistiqué
de stockage doit être élaboré à
l'université d'Oxford en attendant son implantation
dans d'autres lieux réputés d'éducation.
Une fois finalisé dans son ensemble, les données
scientifiques du laboratoire de physique des particules
de Chicago et celles du Cern y seront transférées
en temps réel pour bénéficier de
la puissance de calcul additionnelle des britanniques.
La recherche et développement d'IBM elle-même
a opté pour cette technique entre ses laboratoires
situés aux Etats-Unis, en Israël, en Suisse
et au Japon. "A l'aide des réseaux-grilles,
les scientifiques peuvent se débarrasser des contraintes
techniques liées aux applications dont ils n'ont
que faire" indique le porteur du projet.
Mais IBM ne compte pas s'arrêter là et c'est
pourquoi Daron Green évoque la "grille globale"
pour élaborer un Internet de nouvelle génération.
D'après lui, "si les applications étaient
limitées à la science, nous n'aurions pas
été intéressés au point d'y
investir des milliards de dollars. Ces technologies
intéressent beaucoup des domaines comme la pharmacie
où un grand nombre de données sont échangées,
comme l'aéronautique mais aussi tous les secteurs.
Parmi les autres applications possibles figurent la gestion
du cycle de vie des produits, mais aussi le streaming
et le routage en temps réel, ainsi que les réseaux
de stockage."
Le
grand public accèdera à la grille d'ici
trois ans
Dans un
tel contexte, le tout est de savoir si ces technologies
ne vont profiter qu'à de grandes entreprises. Or,
il s'avère que dans un premier temps, cela sera
probablement le cas. Mais rapidement, "la grille
globale va concerner les petites comme les grandes entreprises",
explique Daron Green. "En téléchargeant
Globus qui est gratuit, celles-ci pourront se rassembler
pour former des organisations virtuelles. C'est aussi
pour cela que l'Union Européenne s'est montrée
très intéressée." Fort heureusement,
IBM garantit que Globus a conçu le noyau de son
middleware réseau dès le départ en
tenant compte de la sécurité. Quant à
la protection des données personnelles, "cela
ne changera rien puisque ce seront toujours les mêmes
applications" justifie-t-il pour nous rassurer.
Car cette considération s'avère en effet
importante pour gagner la confiance du grand public. "Il
faudra deux ou trois ans pour que les particuliers aient
accès à la grille globale" indique
Daron Green. Ceci devrait être rendu possible grâce
au concept d'e-Utility, c'est à dire l'arrivée
de la fibre directement chez l'internaute, tout comme
l'électricité, le gaz et l'eau. Et là,
ce sont les Etats-Unis qui ont pris de l'avance avec une
base importante déjà installée, mais
dans un rapport plus conventionnel à Internet.
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