29/12/00
Et
si demain la grille remplaçait la Toile ...
Malgré
tous les remous médiatiques, juridiques et économiques
qu'elle déclenche, la vague des logiciels de partage
de fichiers peer-to-peer, du type Napster
ou autres, n'est pas terminée. En effet, si les architectures
centralisées du type de Napster sont la cible de nombreux
procès (ce qui n'a pas empêché leur multiplication,
puisqu'on en trouve maintenant une trentaine), les architectures
totalement décentralisées, dont Gnutella
a été le précurseur, ont la caractéristique
de ne pas offrir de cibles, et se développent de plus
en plus.
Freenet :
décentralisation, chiffrement et anonymat
Le dernier exemple en date est probablement le projet Freenet.
Celui-ci est un réseau d'échange de fichiers doté
d'une architecture décentralisée, c'est à
dire que les informations concernant les fichiers présent
sur le réseau ne sont pas stockées sur un serveur
central.
Il est de plus doté de plusieurs caractéristiques
destinées à garantir l'anonymat des participants,
ainsi que l'impossibilité de "censurer" un
ou plusieurs fichiers.
Le protocole mis en place par cet outil spécifie ainsi
des transmissions chiffrées, qui devrait évoluer
vers une authentification de type asymétrique.
De même, certains mécanismes implémentés
rendent très difficile l'identification de la source
d'un fichier donné. Enfin, un fichier peut être
dupliqué sur plusieurs machines de manière automatique
et transparente, s'il est fréquemment demandé
par les utilisateurs, de manière à le "rapprocher"
de ceux-ci. Par exemple, si un fichier accessible sur Freenet
se trouve sur une machine située en Europe mais que de
nombreux américains le demandent, il sera automatiquement
dupliqué sur une machine située aux USA.
Ce protocole n'est encore que peu évolué: il en
est à sa version 0.3.6. Mais on peut penser qu'avec le
temps et l'accroissement de la bande passante, ce type d'application
ne peut que se développer entraînant un changement
dans la manière d'utiliser internet.
De
la toile à la grille...
L'accroissement de la bande passante et des
capacités des machines, de concert avec le développement
des technologies d'informatique distribuée peuvent entraîner
une approche radicalement différente des systèmes
d'informations.
On peut en effet penser qu'à moyen ou long terme, et
notamment avec l'introduction de la fibre jusqu'à l'abonné
(ce que l'on commence à voir aux Etats
Unis et au Japon),
la bande passante disponible vers internet ou vers un réseau
local se rapprochera de celle disponible pour les communications
entre les différents éléments d'un même
ordinateur. Il est possible dès lors d'envisager une
collectivisation des ressources informatiques, de stockage,
et de puissance de traitement, au sein d'une même organisation
(formelle ou informelle).
Ce type de technologie est déjà utilisé
par exemple dans le cadre du programme américain d'étude
des signaux extra-terrestres Seti
@Home, ou plusieurs millions d'internautes "donnent"
une partie de la puissance de calcul de leur machine, formant
le plus puissant supercalculateur existant.
Les outils de type Freenet peuvent être considérés
comme le pendant de cette technologie du coté du stockage.
En effet, le stockage peut ainsi être réparti sur
de nombreuses machines (d'une manière invisible pour
les utilisateurs), ce qui peut être un gage de sécurité,
car un même fichier peut être dupliqué automatiquement.
Ce type de concept est souvent appelé "Data Grid"
ou grille de données. Plusieurs projets sont d'ailleurs
en cours, la plupart dans le monde scientifique, comme par exemple
au CERN.
D'ici à ce que les entreprises décident d'utiliser
la puissance inexploitée des ordinateurs de leurs employés
de cette manière, il n'y a qu'un pas, que certaines franchiront
probablement. Dans quelques années, la toile cèdera
la place à la grille...
[Ludovic
Blin, JDNet]
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