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Interviews |
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Bruno Suard
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Président-directeur
général |
Babel
Software
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"Nous
allons redonner aux opérateurs le contrôle des applications
mobiles" |
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Nommée parmi les trois Lauréats de la Convergence
à l'initiative du fonds de capital-risque Chrysalead
(partenaires:
la radio BFM et le Journal
du Net), Babel
Software a été fondée en
décembre 1999 par Pierre de Belen et Jean-Hugues
Lauret, officiellement pdg jusqu'à fin octobre
dernier. La société, qui emploie 10 personnes
(7 développeurs) et prévoit de faire
passer son effectif à 25 mi-2002, se définit
comme éditeur de solutions pour le développement
et le déploiement d'applications mobiles sur les
terminaux de nouvelle génération. En clair:
les actuels PDA ou assistants personnels, et les
futurs téléphones sans-fils dotés
d'une KVM, l'environnement d'éxécution des
midlets (les applets Java allégées à
la norme J2ME - Java 2 Mobile Edition).
Financée à hauteur de 1 million d'euros
en deux tours de tables auprès d'investisseurs
comme GemVentures
(Gemplus) et OpenWave,
l'éditeur entame à présent sa troisième
levée de fonds, prévue pour la fin décembre
autour d'un pactole d'environ 7 millions d'euros.
Afin de faire le point sur son offre développée
au cours de ses 18 premiers mois d'existence, nous
avons interrogé le nouveau président-directeur
général Bruno Suard. Qui expose les
avantages de sa technologie envers les futurs clients
de Babel Software: les opérateurs et les entreprises.
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Propos recueillis par
François Morel le 10
décembre 2001
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JDNet
Solutions: comment définir votre produit phare:
un kit de développement J2ME... ?
Bruno Suard:
pas vraiment. Dans les faits,
notre offre s'appuie sur deux produits: OS Xpander, et
Babel Factory. OS Xpander, que nous proposons aux opérateurs
mobiles, permet de réaliser du provisionning d'applications
Java dans la prochaine génération de téléphones.
Par provisionning, nous entendons le déploiement.
Il s'agit d'un serveur côté réseau,
qui combine un MetaFileSystem (ou méta-système
de fichiers) fournissant une vue globale des systèmes
de fichiers de chaque terminal, avec un niveau de signalisation,
ConneXion, pour les synchroniser de façon transparente.
Grâce à cet environnement, tout terminal
de nouvelle génération peut mémoriser,
sauvegarder et partager du contenu et des applications
avec d'autres terminaux. Les avantages de notre OS Xpander
sont le déploiement centralisé, la sécurité
et l'administration à distance.
De son côté, Babel Factory est l'équivalent
d'un SDK (software development kit). En tant que studio
de développement, il permet aux opérateurs
de concevoir des midlets améliorées, "boostées",
pour des applications pensées multi-terminaux exploitant
le MetaFileSystem. Nous remplaçons le Java Application
Manager (gestionnaire d'application) sur le téléphone
par le Babel JAM, super compact à l'aide duquel
nous rajoutons les caractéristiques de OS Xpander.
Une fois que nous avons procédé au remplacement,
l'opérateur, ou l'entreprise, peut ajouter à
distance une application, la retirer ou même la
"pousser" dans le téléphone. Grâce
à nos technologies, les opérateurs vont
regagner le contrôle des applications mobiles.
Quelle
est la différence entre ajouter une application
et la "pousser" ? Et donner à l'opérateur
un tel contrôle ne risque-t-il pas non plus de provoquer
des débordements ?
Lorsqu'il s'agit d'ajouter,
l'utilisateur choisit lui même dans une liste; lorsqu'il
s'agit de "pousser", c'est l'opérateur
qui peut réveiller le téléphone à
distance en vue d'y transférer l'application de
son propre choix. Ensuite, notre rôle est de fournir
un environnement, mais ce sera à l'opérateur
de définir la bonne politique applicative. Demain,
les technologies livrées avec les JavaPhones permettront
à n'importe qui d'aller sur un site et de télécharger
des midlets dans son téléphone. Dans ce
cas, l'opérateur sera juste réduit à
transporter les bits sans introduire de valeur ajoutée
dans la chaîne. Ce serait comme si, il y a 20 ans,
France Télécom avait subventionné
le Minitel en laissant les autres gérer le kiosque
et en disant "tant que vous générez
du trafic cela me convient".
Or, les prochains téléphones Java vont sortir
avec 2 Mo disponibles pour télécharger
des midlets. Notre technologie permet aux opérateurs
mobiles de regagner le contrôle des midlets, avec
la possibilité de contrôler complètement
les 2 Mo et de générer la demande de
la part de l'utilisateur. Par exemple, ils pourront pousser
une application comme un jeu, dans un contexte promotionnel,
en proposant à l'utilisateur d'essayer le produit
pendant 24h et de l'acheter ensuite. Ce qui diffère
des modèles actuels obligeant à l'achat
immédiat de l'application.
A
propos de OS Xpander, vous évoquiez la sécurité:
de quelle sécurité s'agit-il ?
OS Xpander est sécurisé
sous deux aspects différents. Le premier touche
aux actions de l'opérateur qui ont trait à
l'ajout ou au retrait du module. Une authentification
par un système de clefs doit intervenir entre le
serveur et le client pour garantir toutes ces actions.
Celle-ci est transparente au niveau de l'utilisateur qui
fait intervenir sa carte à puce. D'où l'intérêt
qu'a eu Gemplus d'intervenir par l'intermédiaire
de son fonds GemVentures.
Le deuxième aspect concerne la sécurisation
du copyright (des droits d'auteur, ndlr). Sur un téléphone
au standard MIDP (Mobile information device profile),
nous téléchargeons une midlet dans la KVM
(Kilo virtual machine), et nous permettons pour cette
application à valeur ajoutée de protéger
le copyright en utilisant la carte à puce. Une
application qui sera protégée de la sorte
ne pourra pas être "beamée", c'est
à dire envoyée par voie infrarouge d'un
téléphone à un autre, comme dans
le cas d'une midlet normale.
A
quoi sert MIDP ?
Ce standard permet de spécifier
ce que sont une KVM et une midlet, et de définir
comment cette dernière peut-être téléchargée
à l'aide d'une connexion GSM-Data. Car MIDP, autrement
dit le standard des téléphones qui vont
sortir avec une KVM à bord, fonctionne aussi bien
sur la version actuelle des réseaux. Notre propre
protocole utilise ce qui est disponible actuellement:
le SMS et la connexion GSM-Data. Maintenant, il y a la
couche MIDP, et au dessus la couche que nous avons développé
et qui se situe au niveau du système d'exploitation.
Pouvez-vous
nous citer des exemples d'usages de vos solutions par
des opérateurs, mais également des entreprises ?
Aujourd'hui, les opérateurs
traditionnels ont par exemple laissé l'opportunité
de télécharger des sonneries téléphonique
à des acteurs comme Digiplug, qui les fournissent
en les transportant avec un SMS. Demain, avec un téléphone
Java, ce service sera aussi une application de type Midlet.
Du côté des opérateurs, les premières
applications devraient être le jeu et la géolocalisation.
En voici un exemple assez bluffant: vous avez rendez-vous
au restaurant ce soir et vous possédez un assistant
personnel iPaq avec le système d'exploitation PocketPC.
Vous allez sur un système comme ISMAP puis vous
sauvegardez la carte en environnement Babel. La carte
est dans le MetaFileSystem. Supposons que vous ayez aussi
un téléphone Java. La technologie OS Xpander
s'occupe de synchroniser les nouvelles informations de
la carte sur votre téléphone et votre PocketPC.
Et demain, sur une voiture équipée d'un
système GPS (Global positioning system), notre
système pourra le mettre à jour avec les
coordonnées du restaurant.
Et voici un équivalent dans le monde professionnel:
une flotte de techniciens intervenant dans des ascenseurs.
Supposons que les uns aient un iPaq et les autres un assistant
personnel Epoch. Le centre de contacts reçoit un
appel. A partir de l'interface d'Internet Explorer, l'opérateur
peut, en faisant du drag and drop (glisser-déposer),
télécharger les adresses avec les directions
pour l'intervention, ainsi que le fichier correspondant
au client et l'application d'aide à l'intervention.
A côté, nous pouvons aussi citer d'autres
services dans le monde corporate de l'entreprise. Les
banques, notamment, pourront être intéressées
vis-à-vis de leurs clients. Et toutes les sociétés
qui ont une flotte de commerciaux mobiles pourront aussi
leur provisionner du contenu par le biais que nous offrons.
Prenons l'exemple d'une entreprise dont les commerciaux
sont équipés de terminaux variés,
par exemple des iPaq/PocketPC et des téléphones
Nokia dotés d'une KVM Java. Notre système
permettra à l'entreprise de garantir à distance
que son personnel utilise toujours les mises à
niveau des bonnes applications, avec le bon contenu, et
ce indépendamment de leurs terminaux.
Comment
comptez-vous survivre compte tenu des délais dans
la mise à disposition des terminaux Java, et de
l'incertitude qui règne sur le marché des
technologies mobiles ?
Je peux vous citer quelques
prédictions d'analystes sur les terminaux Java.
Le marché global des mobiles représente
400 millions de terminaux nouveaux par an. Selon
les prévisions de Nokia en 2004, la moitié
du parc sera Java, et fin 2002 la moitié de leur
parc. D'autres analystes disent que tout sera Java en
2006. La seule réalité est que Nokia, Siemens
et Trium proposeront début 2003 des téléphones
Java avec des performances étonnantes. Mais en
terme de marché, notre technologie est déjà
disponible sur les PDA (assistants personnels) dotés
des systèmes Epoch et PocketPC. Or, il s'est vendu
environ 20 millions de PDA l'an dernier. Et nous
serons aussi présents sur les téléphones
"intelligents" appelés SmartPhones. Ici,
les chiffres fournis par Texas Instruments sont qu'en
2004, les SmartPhone représenteront 10 à
15 % des ventes annuelles.
Maintenant, voici notre propre estimation. Chez Babel
Software, nous sommes assez réalistes et conservateurs
sur la pénétration des téléphones
Java, et nous considérons que si même 25 %
du parc en 2004 sera Java le marché sera déjà
énorme. Cela représenterait 100 millions
de téléphones par an, auxquels il faudrait
rajouter les PDA et les SmartPhones. Notre levée
de fonds va nous permettre de tenir les deux prochaines
années en embauchant 15 personnes de plus.
Nous restons tournés vers les téléphones
Java, mais à court terme nous travaillons plus
étroitement sur le marché professionnel
qui est prêt et demandeur de solutions comme OS
Xpander dès aujourd'hui.
Avez-vous
signé des partenariats, et pouvez-vous nous citer
des clients ?
Nous travaillons avec certains
fabricants de téléphones mobiles, ainsi
que les fournisseurs de plates-formes pour les opérateurs.
Ces partenariats seront annoncés au GSM Congress
àCannes en février, où nous démontrerons
avec nos partenaires la solution globale. De plus, nous
travaillons sur un partenariat avec Valoris pour adresser
conjointement les besoins du marché professionnel.
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Bruno Suard, 34 ans, a rejoint Babel Software
en juin 2001, et est devenu officiellement son président-général
depuis le 1er décembre. Précédemment,
il était vice-président de la joint-venture
Atlinks entre Alcatel et Thomson Multimedia, plus particulièrement
en charge de l'unité d'affaires Internet. Diplômé
de l'Ecole Polytechnique de Paris et détenteur
d'un Master of Science en ingénierie électrique
du MIT à Boston, il a également dirigé
les ventes et les opérations d'Alcatel PCD aux
Etats-Unis, depuis Washington.
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