Tribune

Démocratisation de l'Internet :
encore un effort !
Par Michel Bré,
Directeur général de NF Online
(Groupe Nouvelles Frontières)
- Mercredi 13 juin 2001 -

La dernière étude publiée par le Credoc, et qui communique les résultats d'une enquête menée en juillet 2000 (Lire l'article du JDNet du 06/06/01), ne fait que confirmer le "sous-équipement" français en matière de connexion à Internet. En effet, il n'y aurait que 23% des résidents en France qui seraient connectés à l'Internet. 9% des Français se connecteraient à partir de leur lieu de travail uniquement, 8% à partir de leur domicile uniquement et 6% en connexion "mixte".

Le Credoc constate néanmoins un assez forte progression depuis la fin de cette enquête, mais sans pour autant annoncer le doublement que tout le monde attendait, particulièrement les sites dits marchands qui, quelle que soit leur activité, ne peuvent espérer parvenir à l'équilibre financier avant que la masse critique ne soit atteinte. La seule donnée rassurante est que 47% des étudiants ont un accès à Internet, ce qui est un score remarquable par rapport à l'ensemble de la population.

Pourquoi l'internaute français devrait-il payer plus du double de l'internaute anglo-saxon?

Le 1er mars dernier, sous l'égide de IFI-France (Lire la fiche dans l'Annuaire des associations et lobies du JDNet), une trentaine de patrons de sociétés directement impliquées dans le virtuel, soit en tant que fournisseur d'accès, soit en tant que site marchand "pure player" ou "clic and mortar", ont signé une lettre ouverte aux politiques, et l'ont publiée dans tous les journaux, tant nationaux que régionaux. Ils faisaient ainsi appel à l'exécutif pour que l'Interconnexion Forfaitaire Illimitée (IFI) soit mise en place rapidement dans notre pays.

En effet, les coûts de connexion à l'Internet, malgré les abonnements quasi gratuits aux FAI, restent inabordables pour la majorité des foyers, qui pourtant, dispose à 50% d'ordinateurs. Autrement dit, plus de 50% des foyers qui ont un ordinateur personnel à domicile ne l'ont pas connecté à Internet, essentiellement pour des raisons de coût de communication, dû au monopole encore persistant de France Telecom.

La réaction ne s'est pas fait attendre, puisque le Premier ministre, dès le 2 mars, a annoncé le lancement de l'IFI avant la fin de l'année. Mais les espoirs de l'obtenir à moins de 280 francs par mois sont minces, alors que Freeserve (filiale britannique de France Telecom) propose un forfait à 12,99 livres par mois (soit environ 150 francs). Pourquoi l'internaute français devrait-il payer plus du double de l'internaute anglo-saxon? Parce qu'en Grande-Bretagne, il n'y a plus de monopole de la connexion locale.

Nouvelles Frontières, qui depuis trente-cinq ans, et avec un succès certain, a réussi à "démocratiser" le voyage, ne reste pas à l'écart de ce nouveau combat: "démocratiser l'Internet". En tant que "père de famille", j'estime que le montant acceptable de facturation par foyer, comprenant l'accès à l'Internet et les communications, ne devrait pas dépasser le montant de 150 francs/mois pour un accès en débit normal de 56K et 200 francs pour la fourniture de haut débit. Alors, doit-on être patient ou descendre dans la rue? En attendant que des décisions soient prises, les quelques millions d'internautes français zappent d'un site à l'autre, d'un marchand à l'autre. Et nous, sites marchands, nous disputons le chaland, tels les marchands du bazar de Marrakech. Une situation qui ne peut évidemment pas s'éterniser.

[mbre@nf-online.fr]

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