Datacenters : EDF lance un appel à manifestation d'intérêt, un projet gagnant-gagnant
EDF mise sur les datacenters comme levier de croissance mais si ces projets stimulent l'industrie, une surproduction latente exige une expansion des débouchés à l'export pour éviter des déséquilibres.
EDF a ouvert le lundi 3 mars 2025 un Appel à Manifestation d'Intérêt (AMI) ciblant les entreprises du secteur numérique. L'objectif est de mettre à disposition des terrains appartenant à EDF, bénéficiant d'un raccordement au réseau électrique, pour l'installation de centres de données. En réduisant significativement les délais de mise en œuvre, cette initiative s’impose comme un atout majeur pour le développement de nouveaux datacenters.
Le développement de l’IA est un moteur d’innovation important, et dans un contexte où la France et l’Europe désirent renforcer leur souveraineté dans ce domaine, il est essentiel de disposer d’infrastructures robustes pour soutenir cette croissance. Et il y a de la place pour tous les acteurs qui souhaitent contribuer à cet essor. En effet, en 2024, la puissance installée de datacenters était de 600MW pour la France et 6,5GW pour l'Europe. On estime qu’en 2030, l’Europe devra disposer de 23GW de puissance installée en Europe dont 11GW dédiés à l'IA. Pour ce qui est de la France, elle devra disposer de 1,9GW, dont 900MW pour les besoins de l'IA. Ces chiffres laissent imaginer les efforts qui restent à réaliser.
Sur le plan énergétique, la France se trouve actuellement dans une situation très favorable. L’année dernière, elle a battu tous ses records d’exportation d’énergie, cumulant 89 térawattheures nets vendus à ses voisins. Si cet excédent de production est une bonne nouvelle, certains s’inquiètent des effets d’une surproduction excédentaire qui ne trouverait pas acquéreur, notamment à l’international. Certains expliquent d’ailleurs que l’énergéticien compte sur les acteurs du numérique pour écouler une partie de sa production nucléaire dans un contexte où l’électrification des usages, et notamment celui de la mobilité, ralentit.
Et pourquoi pas ? On peut en effet souhaiter que l’énergie ainsi produite soit consommée en France, participant ainsi à l’économie nationale. D’autant qu’elle est décarbonée à 95 % : un service d’IA made in France, est ainsi en moyenne 6 à 7 fois moins impactant en termes d’émissions de gaz à effet de serre que son équivalent opéré aux US.
Le positionnement d’EDF, avec des sites déjà raccordés au réseau électrique, est unique et lui confère un avantage certain afin d’accélérer le déploiement de datacenters en Europe. La convergence entre la disponibilité du foncier et l’accès à l’énergie est un défi majeur pour le déploiement de nouveaux datacenters, et l’offre future qui vient d’être annoncée répond directement à cette problématique. Actuellement, les opérateurs de datacenter doivent souvent surmonter des obstacles importants pour trouver des sites adaptés et obtenir les raccordements nécessaires pour répondre à la demande croissante. Cette initiative va réduire considérablement le temps requis pour la mise en œuvre de nouveaux datacenters !
Pour garantir un développement durable et responsable du secteur, le design, la construction et l’exploitation de datacenters, il faudra également être en mesure d’évaluer objectivement et sur le long terme l’impact des projets sur le territoire et l’environnement. L’analyse du cycle de vie, encore peu répandue dans l’industrie, est un exemple de cette capacité d’évaluation.
La crédibilité du secteur du datacenter, l’avenir d’un numérique responsable, souverain, au service de l’innovation et du progrès, dépendent de notre capacité collective à faire les bons choix et cette initiative d’EDF s’inscrit dans cette dynamique.