Piq veut séduire 65 millions de clients en mettant l'IA au service des sportifs

Piq veut séduire 65 millions de clients en mettant l'IA au service des sportifs L'objet connecté dédié au sportif lambda de la start-up tricolore est désormais compatible avec cinq disciplines. 19 autres suivront, à raison d'une nouvelle activité tous les quatre à cinq mois.

Avec Piq Robot, les boxeurs pourront bientôt perfectionner leur crochet du droit. Développé par la start-up Piq, fondée en 2014 et basée à Neuilly, cet ensemble de capteurs enregistre les moindres faits et gestes de son utilisateur - le sportif lambda - soit 195 000 données par minute en moyenne. Pour se différencier sur le marché saturé des objets connectés de sport, l'entreprise a dopé son appareil à l'intelligence artificielle (IA). Piq Robot est capable d'analyser de façon personnalisée les points forts de son propriétaire pour lui permettre de progresser.

Un capteur Piq. © Piq

Commercialisé depuis décembre 2015, l'objet connecté n'était disponible jusqu'à maintenant que pour les sportifs de quatre disciplines : le tennis, le ski, le golf et le kitesurf. Piq a annoncé au CES 2017 à Las Vegas la commercialisation de la version boxe. La jeune pousse adaptera en tout son appareil à 24 sports différents, à raison d'une nouvelle activité tous les quatre à cinq mois.

Ce temps de développement est nécessaire pour comprendre quel est le meilleur endroit où accrocher le capteur en fonction des sports pratiqués (il se fixe au poignet pour le tennis, dans la chaussure pour le ski, au gant pour le golf et la boxe, sur la planche pour le kitesurf…) mais surtout pour entraîner Gaia (le petit nom de l'intelligence artificielle de Piq Robot qui analyse les mouvements du sportif) à une nouvelle discipline.

Sur 67 salariés, Piq totalise 50 ingénieurs, principalement spécialistes du software. "Ils réalisent ce travail de 'training' de notre IA en partenariat avec de grands fabricants d'équipements de sport, comme Babolat pour le tennis ou Rossignol pour le ski", souligne Cédric Mangaud, le PDG de Piq. Ces marques offrent l'appareil aux sportifs de haut niveau qu'elles sponsorisent. Lorsqu'ils s’entraînent, Gaia apprend à décomposer les différents mouvements qui constituent un coup droit parfait par exemple. Pour éviter d'être déformée par les habitudes d'un champion, l'IA est toujours entraînée à partir de la gestuelle de plusieurs athlètes.

Une fois cette première étape accomplie, Piq fournit son produit à un plus grand nombre de sportifs de niveau intermédiaire. La start-up entraîne son IA de manière différenciée pour les hommes, les femmes et les enfants. "En moyenne, pour chaque geste technique, nous consignons 100 000 mouvements différents. Gaia compare ensuite en temps réel cette gestuelle avec celle des utilisateurs lambda de Piq Robot, pour leur permettre d'améliorer leur niveau", explique le patron.

"Une majorité des clients sont des utilisateurs à long terme sur plus de six mois"

En fonction des sports, 12 à 20% de la clientèle de Piq Robot n'utilise pas du tout le produit (suite à un cadeau par exemple). "Mais 80% des autres clients sont des utilisateurs à long terme sur plus de six mois", se félicite Cédric Mangaud. Le dirigeant compte renforcer encore la fidélité de ses utilisateurs en boostant la fiabilité de son objet connecté. Pour y parvenir, la jeune pousse a tissé il y a sept mois un partenariat stratégique avec le CEA Tech, le centre de R&D du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives. "Nous avons développé avec les ingénieurs de Piq un logiciel d'auto-calibration qui permet aux capteurs de Piq Robot ne pas se dérégler avec le temps", indique Pierre-Damien Berger, directeur business development au CEA. Ce logiciel sera intégré à l'appareil d'ici quelques mois.

Le centre de R&D le plus important d'Europe en nombre de chercheurs (ils sont 4 500) met aussi à disposition de la start-up un ensemble de brevets internationaux sur des technologies intégrées à son objet connecté. "Piq ne prend ainsi pas le risque d'être copié ou de se faire attaquer pour plagiat par des entreprises à l'étranger", développe Pierre-Damien Berger.

Le business de la jeune pousse est prometteur. 25% des 1,6 milliard de personnes qui jouent à l'un des 24 sports ciblés par Piq et qui appartiennent à une fédération pourraient être intéressées par son appareil, soit 650 millions de sportifs. "Nous comptons prendre entre 1 et 10% des parts de ce marché", précise le dirigeant. Appâtés par ce potentiel de croissance, des investisseurs comme le fabricant chinois des iPhone Foxconn ont mis la main au portefeuille pour soutenir Piq. L'entreprise a levé 13 millions d'euros depuis sa création.