EasyMile, Navya, Local Motors : 3 start-up en course pour la navette autonome

EasyMile, Navya, Local Motors : 3 start-up en course pour la navette autonome Trajets pré-programmés contre service à la demande, partenariat industriel contre impression 3D... Voici les arguments des deux Français et de l'Américain.

De l'extérieur, difficile de différencier les navettes autonomes des français EasyMile et Navya et, depuis peu, de l'américain Local Motors. La preuve en une image interactive (passez votre souris sur les points rouges pour en savoir plus) :

Mais à y regarder de plus près, les trois start-up n'en ont pas toutes autant sous le capot. Revue de détails des stratégies et de l'état d'avancement des participants à cette course au marché mondial du transport en commun sans chauffeur.

Trajets pré-programmés vs service à la demande

Pour offrir leurs services, EasyMile et Navya proposent un parcours pré-défini, parsemé d'arrêts de bus classiques. C'est notamment ce que fait déjà Navya dans le centre-ville de Sion, en Suisse.

Moins puissant que ses concurrents, Olli mise, elle, sur un service à la demande, facilité par son interface utilisateur. La navette de Local Motors est le premier véhicule à intégrer l'intelligence artificielle d'IBM Watson, basée sur les données récoltées par les 30 capteurs embarqués et traitées dans le cloud du géant américain de l'informatique. Concrètement, les passagers peuvent discuter directement avec l'ordinateur de bord de la navette, pour lui demander un trajet particulier ou de les emmener vers des lieux à visiter ou des restaurants où déjeuner. Le système est par exemple capable de déposer un usager devant le restaurant chinois le plus proche s'il le demande. Le minibus intelligent pourra ainsi devenir un guide touristique ambulant.

Olli est capable de déposer un passager devant le restaurant chinois le plus proche s'il le demande

Olli est également livrée de base avec une application pour smartphone grâce à laquelle les voyageurs peuvent la demander là où ils le souhaitent et quand ils le veulent en un clic. Il leur est aussi possible suivre son parcours en direct sur une interface similaire à celle d'Uber. En plus de gérer l'interface utilisateur de cette application, ainsi que de la page Web de l'opérateur et des écrans publics installés aux arrêts, la start-up suisse BestMile, qui travaille aussi avec Navya à Sion, a développé la technologie pour la gestion et l'optimisation de la flotte. La solution permet au système de s'adapter automatiquement en temps réel selon le trafic et de dispatcher les véhicules en fonction des données récoltées sur les trajets effectués par le passé grâce au machine learning.  

Partenariat industriel vs production en chaîne vs impression 3D

Alors que l'EZ10 d'EasyMile est fabriqué sur les chaînes de production de son partenaire Ligier, à Vichy, et que Navya produit ses navettes Arma dans sa propre usine, Local Motors fait le pari de l'impression 3D. Selon le constructeur américain, chaque Olli serait imprimé en 10 heures à partir de plastique majoritairement recyclable puis monté seulement en une heure dans son atelier de la banlieue de Washington. Mais le petit nouveau sur le marché préfère rester discret sur ses coûts de production et n'a toujours pas communiqué le prix de sa navette autonome, quand EasyMile et Navya affichent un prix unitaire compris entre 200 000 et 250 000 euros, selon les options. 

C'est dans cette imprimante 3D géante qu'Olli est imprimé en une dizaine d'heures. © Local Motors

Des projets plus ou moins avancés

EasyMile et Navya ont une longueur d'avance sur Local Motors en termes d'implantation. Si l'Américain vise dès cette année 6 villes, dont 3 aux Etats-Unis et 2 en Europe notamment, il ne s'est lancé sur le marché qu'en juin 2016 et n'a pour l'instant vendu que 10 navettes autonomes Olli. De son côté, EasyMile a profité du programme européen CityMobil2 pour faire des expérimentations un peu partout sur le Vieux continent et prouver l'efficacité du concept, qui ont débouché sur 3 projets en cours, en plus d'un déploiement à Singapour. Navya table quant à lui sur une cinquantaine de véhicules vendus en 2016, dont 6 pour la centrale nucléaire de Civaux et 2 pour la ville de Sion, qui sont déjà en circulation.

En ce qui concerne l'avenir, les trois entreprises anticipent toutes une demande croissante. Après avoir produit une vingtaine d'EZ10 en 2016, et des projets qui seront annoncés d'ici la fin de l'année en Australie ou encore à Dubaï, EasyMile anticipe une production de 80 unités en 2017. Comme le confiait au JDN en avril 2016, Christophe Sapet, le patron de Navya, s'attend à une croissance à trois chiffres pour les prochaines années. Mais d'ici à voir des navettes autonomes envahir les centres-villes, le chemin est encore long : certains pays comme la France restent particulièrement frileux quand il s'agit de mettre en circulation des minibus sans chauffeur sur la voie publique.

Les trois constructeurs de navettes autonomes
  EasyMile Local Motors Navya
Année de création 2014 2007 2014
Siège Toulouse (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées) Chandler (Etats-Unis, Arizona) Villeurbanne (Auvergne-Rhône-Alpes)
Effectifs 40 Entre 50 et 100 salariés 50
Capital 843 400 euros NC 1,4 million d'euros
Investisseurs Ligier et Robosoft Airbus Ventures, Bradley C. Harrison, Bre Pettis, Scout Ventures et VTF Capital Gravitation, CapDecisif management et Robolution Capital