Relevons le défi d'une IA au service de la finance d'entreprise et de la reprise
Quoi de plus évident, dans le "monde d'après", que d'exploiter l'extraordinaire potentiel de l'intelligence artificielle en la mettant au service d'un élément clé de la relance économique : la finance d'entreprise.
Nul ne sait jusqu’à quand la crise née de la Covid-19 nous affectera, ni dans quelle mesure elle affaiblira l’économie. Mais il est une certitude, en cet automne 2020 : dans le « monde d’après », le place du digital n’est plus à démontrer. Les gouvernements européens ont d’ailleurs compris l’importance de favoriser la transition numérique des entreprises, et la France, en fléchant 7 milliards d’euros du plan France Relance vers l’économie numérique et les start-up, a su identifier ce levier majeur du retour à la croissance.
C’est dans ce contexte inédit que l’intelligence artificielle (IA) prend toute sa place. En peaufinant actuellement le dispositif juridique qui viendra l’encadrer, l’Europe montre tout l’intérêt qu’elle accorde à cet outil, qui constitue déjà une réalité dans de nombreux domaines, comme la santé ou le secteur bancaire. Quoi de plus évident, dès lors, que d’en exploiter l’extraordinaire potentiel en la mettant au service d’un élément clé de la relance économique : la finance d’entreprise.
Gagner en productivité avec l’IA
Laissons ici libre cours à notre imagination ! Nous le savons : pour que la croissance reprenne, il faut que les entreprises se projettent dans l’avenir et s’inscrivent dans un triptyque développement-recrutement-investissement. Encore faut-il qu’elles s’appuient sur des fonds propres suffisants. A l’heure où les sociétés de capital-investissement disposent justement de montants importants à déployer, faisons donc en sorte de fluidifier leurs processus d’investissement en exploitant le fabuleux potentiel de l’IA en matière d’aide à la décision.
L’intérêt est ici majeur. En déchargeant ces professionnels des tâches répétitives et chronophages qu’il est possible de gérer via ces nouveaux outils, ils pourront se concentrer sur leurs activités à haute valeur ajoutée et leur cœur de métier, à savoir la sélection et l’accompagnement des entreprises. Ainsi, ils gagneront en productivité – une perspective que le FMI appelle d’ailleurs de ses vœux pour l’ensemble du secteur des services.
Cette vision d’un futur proche n’est ni un vœu pieu, ni une réalité fantasmée. Les progrès accomplis par l’IA dépassent toutes les attentes et il est désormais possible de combiner algorithmes complexes et data pour faire de l’"homme augmenté" un atout majeur. Saisissons donc cette opportunité dans la finance, puisque Bercy pointe actuellement la nécessité d’augmenter les fonds propres des entreprises pour leur permettre de rebondir.
Créer des champions du numérique
Mais ne nous y trompons pas : déployer l’IA dans la finance dépasse largement le cadre de nos frontières. Chacun sait l’avance prise par les Gafam en matière d’utilisation des données, qui leur permet de capter une grande partie de la valeur ajoutée à leur propre bénéfice. Cela étant, il est largement temps de favoriser l’émergence de champions du numérique en France comme dans toute l’Europe.
Et puisque la crise économique actuelle nous oblige à déployer un large éventail de mesures pour nous relancer, profitons-en pour avoir un coup d’avance. L’enjeu est double : il s’agit de localiser en Europe les futurs fleurons de la finance d’entreprise et de combler le retard que nous accusons trop souvent sur la sphère anglo-saxonne, mais aussi de créer ici même les entreprises qui accueilleront les talents de l’IA formés dans nos écoles et que le monde entier ne demande qu’à attirer, convaincu de la performance de notre système éducatif.
A l’heure d’une redistribution des cartes géo politico-économiques, où la nécessité de relocaliser l’industrie est apparue comme une évidence, faisons donc en sorte de nous placer également en première ligne dans le domaine de la finance et donnons-nous les moyens d’assurer le retour à la croissance en utilisant l’IA sans tarder. Plus qu’un pari sur l’avenir, que nous proposons, c’est un défi à relever dès à présent.