Le transport de marchandises face à l'urgence climatique

Le fret représente 10%* des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales et pèse lourdement sur le réchauffement climatique. Le plus souvent, au-delà de quelques actions symboliques, peu d'entreprises parviennent à agir concrètement et efficacement pour réduire leurs émissions. Pourtant, ce sont bien elles qui détiennent la clé. Alors, que manque-t-il ?

On pourrait revenir longuement sur le rôle du transport de marchandises sur le réchauffement climatique. On sait qu’il représente environ 10% des émissions mondiales. Le développement du e-commerce et de ses flux « last-mile », conjugué à l’allongement des chaînes d’approvisionnement augmente les effets polluants sur l’environnement. Pour contrer cet effet, compter sur la révolution des motorisations propres serait une grave erreur : l’horizon 2050, souvent annoncé, est trop lointain. L’attentisme n’est pas une solution. Il faut aller plus loin et chercher des optimisations de fond. Oui mais, voilà, le sujet est complexe.

La clé du transport bas-carbone est chez les donneurs d’ordres

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le transport étant une activité largement sous-traitée, la plupart des leviers se trouvent du côté des entreprises donneuses d’ordres. Ce n’est pas pour rien que celles-ci sont spécifiquement ciblées par les pouvoirs publics, avec par exemple le dispositif FRET21, un programme d’engagement concret dédié à la réduction des GES des chargeurs. En effet, ces derniers sont les seuls à pouvoir disposer d’une vue d’ensemble sur leurs flux et les données liées. C’est cette vision, globale et transverse, qui est indispensable pour faire de bons constats, identifier des synergies et prendre les bonnes décisions.  Bien sûr, tout cela est très théorique : dans les faits, les entreprises peinent encore à mesurer et piloter leur performance transport en termes de coûts ou de qualité de service… Autant dire que l’enjeu des GES, plus récent, est encore en retrait. On en revient au défi de la donnée transport, éparpillée et pas toujours fiable. En outre, il n’existe pas de méthode de calcul universelle, la donnée est donc hétérogène. Tant qu’elle ne sera pas maîtrisée, rien de significatif ne sera possible.

L’éternel challenge de la donnée transport

Aussi, les entreprises ont besoin d’outils de calcul spécifiques et fiables. Ceux-ci doivent être en mesure de normaliser ces données hétérogènes mais aussi d’intégrer les subtilités d’un secteur complexe — mode de transport, motorisation, segment, remplissage, distances parcourues… Dans de nombreux cas, l’information étant chez les transporteurs et pas nécessairement accessible, il faut que l’outil puisse modéliser précisément certains facteurs, comme par exemple les réseaux de transport.

Comprendre, piloter et analyser, les indispensables fondamentaux

Mais la maîtrise de la donnée ne suffit pas, en tout cas pas pour un sujet aussi complexe que le transport de marchandises. L’expertise métier est indispensable. Il s’agit, une fois la donnée collectée et harmonisée, de pouvoir analyser sa performance environnementale et de faire les bons constats. Correctement mise en forme, elle permet d’identifier rapidement les lignes, les transporteurs, les sites de départ les plus problématique comparativement à l’activité en termes de volume. On peut ainsi identifier très rapidement, par exemple, un taux de remplissage sous-optimal, un problème largement connu dans le secteur du transport.

Conduire la transition bas-carbone du transport

Une fois l’activité bien maîtrisée et les pistes de réduction les plus prometteuses identifiées, il s’agit pour un décideur de prendre des décisions éclairées. Pour s’engager dans une optimisation structurante — changer de transporteur pour favoriser des véhicules propres, de segment de transport, de site de départ — il faut pouvoir répondre précisément à certaines questions clefs. Cette optimisation est-elle vraiment la meilleure à ma disposition ? Et vaut-elle vraiment le coup, autrement dit, de quelle quantité va-t-elle réduire mes émissions de GES ? Et, il faut être réaliste, combien cela va-t-il coûter ? Quel impact sur le service proposé ?

Là encore, les implications en termes de données et de modèles sont immenses, puisqu’il s’agit non seulement de mettre à disposition l’existant, mais aussi de « prédire » l’alternative en tenant compte du besoin, des profils d’expédition et surtout de comparer cette alternative avec d’autres.

Autrement dit, il est impossible pour une entreprise d’agir concrètement, de façon réfléchie et concertée sur les émissions de GES du transport sans disposer d’outils digitaux puissants. Ceux-ci doivent impérativement couvrir le triptyque décrit précédemment : calcul, pilotage et simulation. Ils doivent le faire dans un contexte doublement compliqué : urgence climatique et crise économique. Il faut donc aller vite et proposer des solutions budgétairement raisonnables.

La technologie et l’expertise nécessaires existent. Il ne reste plus qu’à combiner les deux dans les bonnes conditions.

*Commerce mondial : le transport international de marchandises va quadrupler d'ici 2050 (notre-planete.info)