Aude Durand (iliad) "Avec Kyutai, l'objectif est de créer une intelligence artificielle de confiance"

Aude Durand est directrice générale adjointe d'iliad. Le groupe a annoncé ce vendredi 17 novembre la création de son laboratoire de recherche d'excellence en intelligence artificielle Kyutai aux côtés de Rodolphe Saadé et Eric Schmidt.

JDN. Quelles seront les missions du laboratoire de recherche en IA Kyutai ?

Aude Durand, Directrice Générale Adjointe. © iliad

Aude Durand. Très simplement, Kyutai est un laboratoire de recherche fondamentale en intelligence artificielle créé par Iliad, à but non lucratif et doté de 300 millions d'euros (Xavier Niel pour 100 millions, tout comme Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA-CGM et Éric Schmidt, ex-CEO de Google, ndlr). Le fait que cette mission soit open source, et même "open science", avec la publication des modèles accompagnée des méthodes d'entraînement, va permettre une grande transparence. Cela sera donc auditable. L'objectif est aussi de créer une intelligence artificielle de confiance, à travers une équipe comme celle-ci. L'idée, c'est d'aller plus loin que juste les modèles de langage, même si le modèle de langage est une base de travail, il faut donc forcément en reproduire un. Il s'agit d'aller vers la multimodalité, d'optimiser les phases d'entraînement, et peut-être de remettre en question les algorithmes sous-jacents comme les transformateurs. 

Le laboratoire va également accueillir des doctorants. Dans toute équipe de recherche classique, le modèle d'accueil des étudiants et doctorants fonctionne très bien. Cela permet de former la nouvelle génération, et d'avoir également des idées neuves avec l'arrivée régulière de nouvelles têtes. C'est extrêmement précieux pour l'écosystème de continuer à former des talents et diffuser ces connaissances. Aujourd'hui, il y a relativement peu de personnes dans le monde capables de développer un modèle d'IA sur la base des algorithmes de type "transformateurs". Je pense qu'on doit les compter par centaines dans le monde. 

Quelle est la structure de votre équipe de recherche en IA et comment est-elle encadrée ?

Nous avons trois parrains : Yejin Choi, Yann LeCun et Bernard Scholkopf. Il est courant d'avoir des experts reconnus dans leur domaine scientifique parrainant ce genre d'initiative. Ils viendront guider l'équipe et, quelques fois par an, examineront la feuille de route de développement des projets et essayeront de remettre en question, si besoin, certaines méthodes. Ils vont apporter un regard neuf. Du côté de l'équipe de recherche, en plus de six profils actuellement, il y a déjà des recrutements en cours. Le but est de rester sur un effectif restreint de personnes très talentueuses. Je pense que même avec les doctorants ou stagiaires, la première année, nous serons au maximum une quinzaine de personnes. Cela reste un effectif suffisant pour accomplir des choses extraordinaires dans le domaine.

Avec Kyutai entre-t-on dans une nouvelle ère de l'IA en France ?

Oui, je l'espère. Nous arrivons à attirer des personnalités de très haut niveau comme Jensen Huang, Eric Schmitt ou même le Président de la République qui nous a laissé un message. Des projets concrets commencent à se matérialiser. Nous ne voulons pas prétendre être le premier projet d'IA en France. Ce n'est pas le sujet. L'intelligence artificielle devient un sujet de premier plan en France. Nous pouvons en être fiers. Vraiment. ai-PULSE (l'événement autour de l'intelligence artificielle organisé par Iliad ce vendredi 17 novembre, ndlr), c'était une belle caisse de résonance pour l'équipe, car l'objectif est aussi d'aller chercher plus de financements.