Secteur technologique : 6 grandes tendances à suivre en 2024

Cette année sera marquée par l'innovation, les réglementations, la sécurité des données mais également la quête de rentabilité et de durabilité des entreprises dans un contexte économique difficile.

A l’aube de cette nouvelle année, les gouvernements seront contraints de chercher des moyens de réglementer l'utilisation abusive de l'intelligence artificielle, sans affecter son utilisation dans les entreprises ou l'innovation des éditeurs de logiciels. 2024 sera marquée par la quête de rentabilité mais aussi de durabilité ; telles seront les principales tendances dont l'industrie technologique sera témoin au cours de l’année.

L’IA pour tous

L’intelligence artificielle a atteint l’apogée de son développement et devrait demeurer une tendance forte tout au long des prochains mois. En outre, sa popularité va atteindre un niveau tel qu’elle constituera un produit aussi courant que les moteurs de recherche et les messageries électroniques. En deux mots, les applications qui n’intégreront pas les avantages de cet actif fondamental sont vouées à disparaître, tandis que son utilisation deviendra de plus en plus transparente pour l’utilisateur lambda. De leur côté, les éditeurs de logiciels se rendront compte que la promotion de l’IA n’est guère lucrative, toute sa valeur étant liée à ses intégrations.

Tarifs et rentabilité

Le contexte macroéconomique fait état d’une potentielle récession mondiale en 2024, dans un premier temps aux États-Unis avant de gagner l’Europe et l’Amérique latine. Le ralentissement des échanges commerciaux pourrait entraîner une contraction du PIB mondial.

Le secteur technologique ne sera pas épargné, et les entreprises qui ne sont pas rentables ne survivront pas. C’est un problème particulier pour les entreprises cotées en bourse qui se verront dans l’obligation d’augmenter leurs prix ou de restreindre leur activité pour préserver les performances qu’attendent les actionnaires. De plus, compte tenu de la conjoncture incertaine, les entreprises ont tendance à se montrer prudentes sur le plan des dépenses. Faute de gagner de nouveaux clients, les éditeurs de logiciels devront abaisser leurs prix ; dans le cas contraire, leurs clients réduiront leurs dépenses et opteront pour des produits moins onéreux.

Politiques et règlementations

Face aux progrès de l’IA et des technologies connexes, les pouvoirs publics prennent conscience de la nécessité de concevoir des politiques qui règlementent leur utilisation sans étouffer l’innovation des développeurs. En 2024, cette tendance prendra de l’ampleur et continuera d’évoluer dans les années à venir.

Des pays comme la France, l’Irlande, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Australie, la Chine et le Japon, ainsi que l’Union européenne, mènent des études approfondies à propos de cette technologie. Certains ont déjà élaboré des projets de loi ou se montrent intéressés par la compréhension et la règlementation de l’IA dans le but de protéger la vie privée de leurs citoyens.

Ainsi, l’Union européenne est récemment parvenue à un « accord provisoire sur la proposition relative à des règles harmonisées concernant l’intelligence artificielle ». Certes, un vote supplémentaire sera nécessaire avant que cette « législation sur l’intelligence artificielle » fasse partie intégrante de l’arsenal législatif de l’UE, mais l’objectif est clair.

L’Union européenne a déclaré que « le règlement vise à garantir que les droits fondamentaux, la démocratie, l’État de droit et la durabilité environnementale sont protégés contre les risques liés à l’IA, tout en encourageant l’innovation et en faisant de l’Europe un des leaders dans ce domaine. Les règles établissent des obligations relatives au niveau de risque et d’impact que l’IA peut générer. » Il est probable qu’un nombre croissant de pays élaboreront des règles adaptées à leurs besoins en matière de protection de la vie privée et de sécurité, accélérent l’utilisation et le développement de nouvelles technologies.

Environnements de cloud privés et retour de l’informatique « on-prem »

Soucieux de renforcer la sécurité et la confidentialité de leurs données, certains grands comptes ou entreprises actives dans des secteurs règlementés envisageront d’utiliser leur infrastructure pour stocker et gérer les informations. À la clé, une hausse potentielle de l’utilisation des environnements de cloud privés et des logiciels « on-prem », c’est-à-dire installés sur leurs propres appareils. Deux raisons à ce virage : d’une part, le coût de déploiement prohibitif dans les environnements de cloud publics ; d’autre part, l’amélioration de la confidentialité des données.

Les particuliers sont de plus en plus conscients de l’importance de leurs données, mais également des raisons pour lesquelles elles doivent être protégées et des personnes à qui elles sont confiées. C’est pourquoi ils attendent des entreprises et des pouvoirs publics qu’ils exercent un contrôle et une sécurité accrus.

Freiner l’externalisation

Elon Musk a inventé le terme d’« indice d’idiotie » pour désigner la disparité entre le coût d’un produit final et le coût total des matériaux qui la composent. Par exemple, si la fabrication d’un produit coûte 100 euros alors que le coût de ses différentes pièces s’élève à 10, il apparaît une importante perte de ressources dans la chaîne d’approvisionnement. C’est pourquoi Tesla est le seul constructeur de voitures électriques américain qui fabrique ses propres moteurs, vitres et systèmes audio — entre autres composants —, dans l’optique d’éliminer les intermédiaires inutiles et d’accroître ses profits.

En 2024, de nombreuses entreprises pourraient chercher à s’inspirer de ce modèle en éliminant certaines « couches » de leurs processus pour réduire les coûts de production. Dans cette optique, elles rechercheront des logiciels clés en main qui leur permettront de gérer et de centraliser les nouveaux processus sans qu’il soit nécessaire de supporter le coût élevé inhérent aux mises en œuvre complexes.

Développement durable et conformité

Depuis quelques années, les critères environnementaux, sociétaux et de gouvernance (ESG) revêtent une importance croissante au sein des entreprises, et cette tendance ne fera que s’amplifier l’année prochaine et au-delà. Cette évolution est en partie due à la pression des consommateurs, à l’état du monde et à la transformation des valeurs des entreprises qui s’attachent à faire en sorte que leurs résultats profitent davantage au plus grand nombre.

Il faut s’attendre à la mise en œuvre de nouvelles règlementations ESG dans le but de garantir que les entreprises limitent d’éventuels dommages et apportent une valeur ajoutée accrue aux communautés où elles exercent leur activité, ainsi qu’à la planète au sens large. Les entreprises vont devoir évaluer leurs pratiques pour vérifier leur conformité.

Toutefois, les entreprises qui dépassent le cadre de la simple conformité en appliquant des standards ESG encore plus stricts auront davantage de chances de susciter l’intérêt et la fidélité de leurs clients. De même, il est probable qu’elles intègrent dans leur culture des aspects tels que la création d’avantages socio-économiques au sens large, au-delà du respect de la conformité, une différence potentiellement significative pour l’observateur extérieur.