L'IA générative : un nouvel allié de taille pour l'apprentissage et l'enseignement de l'anglais ?

L'émergence de l'IA générative a fait l'effet d'une bombe dans le secteur de l'éducation. Alors, quel rôle peut-elle jouer dans l'enseignement et l'évaluation des langues notamment l'anglais ?

L’émergence de l’intelligence artificielle générative (genAI) a récemment fait l’effet d’une bombe. Comparable à l’avènement et la démocratisation d’Internet à l’aube du XXIe siècle, cette nouvelle technologie semble disposer d’un potentiel sans limite qui la rend capable de générer tout type de contenu (du texte à la vidéo en passant par l’image et l’audio), dans une diversité quasi infinie de domaines. L’éducation n’étant évidemment pas en reste, son application s’étend de l’enseignement à l’apprentissage et jusqu’à l’évaluation.

Mais comme pour toute révolution, l’arrivée de la genAI soulève de nombreuses interrogations. Dont celle légitime de son introduction au sein de la communauté éducative. Alors, quel rôle peut-elle jouer dans l’enseignement des langues ? En préambule à la réponse, il est important de souligner que cette technologie encore jeune donc imparfaite doit d’être rigoureusement encadrée par l’humain avant d’être mise à la disposition des professionnels de l’enseignement. Ce n’est que par une exploitation maîtrisée de cet outil révolutionnaire que l’on pourra préserver la fibre sociale et émotionnelle inhérente et indispensable à l’apprentissage des langues.

Un très fort potentiel pour l’apprentissage et l’évaluation de l’anglais

Capable de traiter d’immenses volumes de données à grande vitesse, l’intelligence artificielle générative dispose d’un énorme potentiel pour produire du contenu pédagogique inédit et personnalisé. Adaptée aux besoins de l’enseignant et de l’apprenant en permettant l’élaboration de sujets et d’exercices sur-mesure, cette technologie offre un élargissement considérable du champ des possibles. Parmi ses multiples avantages et atouts, les enseignants profitent de sa  capacité à effectuer des tâches répétitives, monotones et chronophages avec une rapidité et une constance inégalables. Dans le domaine de l’évaluation linguistique, l’IA permet de délivrer des résultats précis et fiables en un temps record mais aussi de détecter avec une grande précision toute tentative de fraude. Libéré de ces contraintes d’espace et de temps, l’enseignant peut ainsi concentrer ses efforts sur des tâches à plus forte valeur ajoutée qui profiteront naturellement à l’apprenant. Par des outils basés sur l’IA générative, ce dernier peut s’auto-évaluer et progresser à son rythme. Par exemple, le programme Write & Improve, développé par Cambridge, lui offre la possibilité d’écrire un texte et de recevoir un retour automatique détaillé. Même principe à l’oral, avec Speak & Improve, où il s’affranchit de la peur de parler anglais en public, tout en pouvant s’exercer.

L’intelligence artificielle générative : un faux-ami dans l’enseignement des langues ?

Malgré son potentiel évident, l’IA générative ne fait pourtant pas encore l’unanimité dans le monde de l’enseignement. Considérant qu’elle représente un danger pour l’apprentissage des savoirs, certaines universités ont été amenées à proscrire ou limiter son utilisation. La faute au risque d’erreurs lié au caractère émergent et encore imparfait de cette technologie qui produit fatalement des contenus erronés quand elle travaille sur la base de données incorrectes. Par ailleurs, l’utilisation d’outils conversationnels, de type ChatGPT, par les apprenants soulève de nombreuses questions, notamment dans le cas de l’évaluation des niveaux de langue. Au-delà de son caractère frauduleux, un texte écrit par un chatbot rend de fait impossible l’appréciation des progrès d’un étudiant. De plus, cet outil générant du contenu à partir d’écrits existants pose de réels problèmes d’éthique et de propriété intellectuelle. Enfin, dernier écueil auquel se heurte aujourd’hui l’IA générative : la crainte des enseignants de se sentir dépossédés de leur métier. Au siècle dernier, les machines ayant déjà remplacé les humains dans de nombreuses tâches et activités, la question se pose légitimement.

L’humain :  l’ingrédient clé d’une pédagogie réussie

Si l’IA générative peut susciter des inquiétudes parmi les enseignants, il faut garder en tête qu’elle est encore loin d’être capable de se substituer à l’humain. Rappelons que l’Homme est doté de capacités intellectuelles, émotionnelles et cognitives uniques dont la machine ne sera jamais pourvue. Seul l’enseignant est en mesure de dispenser un cours en véhiculant des émotions et de la motivation, mais aussi en créant du lien social. C’est pourquoi il est primordial qu’il reste au cœur du processus d’apprentissage.

Néanmoins, cette nouvelle technologie est indéniablement amenée à s’inviter de plus en plus régulièrement dans les salles de classe et les cours de langue, comme le fut en son temps la calculatrice en cours de mathématiques. Si l’apprentissage des différentes tables en primaire doit s’opérer sans elle, cette petite machine s’est révélée particulièrement efficace pour l’enseignement de la discipline dans des classes plus avancées. De la même manière, la genAI a vocation à rester un outil encadré et supervisé par le corps enseignant. Par exemple, lorsqu’un apprenant utilise ChatGPT, l’enseignant peut orienter son utilisation, d’une part en l’invitant à faire preuve de pertinence dans la rédaction de sa requête puis en le poussant à user de son esprit critique pour juger du bien-fondé de la réponse générée. Dans le cas d’une évaluation en langue, l’intervention d’un enseignant reste indispensable pour surveiller, interpréter et communiquer avec justesse des résultats fiables et exploitables générés automatiquement après les tests. En résumé, comme toute innovation, l’IA générative peut être un formidable facteur de progrès dès lors qu’elle est utilisée à bon escient et encadrée par un professionnel. Il serait regrettable de ne pas mettre son extraordinaire potentiel au service de l’enseignement de l’anglais. Face à tous ces enjeux, il nous semble capital de soutenir avec force et détermination une utilisation éthique et responsable de cette nouvelle technologie. C’est n’est que par la mise en place d’un protocole rigoureux et pérenne que pourra être pleinement garanti le rôle des enseignants et des formateurs en langue, ainsi que l’intégrité de la propriété intellectuelle.