Depuis ai-PULSE, la réponse française à OpenAI se précise

Depuis ai-PULSE, la réponse française à OpenAI se précise La deuxième édition d'ai-PULSE à Station F a réuni les acteurs clés de l'IA européenne autour des enjeux de calcul, de modèles et d'open source.

12 mois après, la ferveur de l'IA générative est toujours présente à Station F. Alors que l'Europe cherche à affirmer sa place dans la course mondiale à l'intelligence artificielle, Scaleway réunit pour la seconde fois les acteurs clés de l'écosystème dans le plus grand campus de startups au monde. Une nouvelle édition d'ai-PULSE centrée autour de trois sujets majeurs : la course à la puissance de calcul, l'émergence de modèles plus efficaces et le rôle stratégique de l'open source dans l'autonomie européenne.

Une API pour Moshi, de nouveaux GPU chez Scaleway

Cette seconde édition était l'occasion pour Scaleway et Kyutai d'annoncer plusieurs services. Côté infrastructure, Scaleway accélère son développement avec une augmentation significative de sa capacité de calcul : "Nous sommes déjà à 3 000 GPU H100 et dans quelques semaines, nous atteindrons plus de 5000 GPU", a annoncé Damien Lucas, CEO de Scaleway. L'entreprise dévoile également deux innovations : un calculateur d'empreinte carbone pour optimiser l'impact environnemental du cloud et une API permettant d'accéder à des modèles d'IA open source hébergés dans ses datacenters.

Côté Kyutai, après avoir dévoilé Moshi il y a quelques mois, l'assistant vocal speech to speech est désormais accessible via l'API de Scaleway, permettant aux développeurs d'intégrer ses capacités conversationnelles dans leurs applications. Une initiative qui (malgré une démonstration en direct peu concluante, le modèle répétant "I'm sorry, I didn't understand what you said") s'inscrit dans la stratégie européenne de proposer des alternatives ouvertes et souveraines aux services d'OpenAI et notamment à son API Realtime (mode voice de GPT-4o).

Six mois après la publication de l'IA, plus d'un demi-million de sessions ont été lancées sur le site de démo de Moshi. Patrick Pérez CEO de Kyutai a dressé la roadmap de la start-up pour les prochains mois. La feuille de route est ambitieuse : après la publication prochaine du code d'entraînement et de fine-tuning, l'équipe travaille à étendre les capacités linguistiques de Moshi au-delà de l'anglais, en commençant par le français. Des partenariats avec des groupes médias européens sont en cours pour accéder à des données d'entraînement de qualité. Autre développement majeur : l'ajout de capacités multimodales permettant à Moshi d'interagir avec des images.

Holistic dévoile ses ambitions

Ai-PULSE était également l'occasion de mettre en lumière H, l'une des pépites françaises de l'IA. Après avoir levé 220 millions de dollars en mai dernier et s'être équipée d'un important cluster de calcul chez Scaleway, la start-up dévoile enfin ses ambitions. Pour Charles Kantor, CEO de H, le marché de l'IA générative se découpe en trois segments : "les modèles de langage pour le chat, les modèles de code, et les modèles d'action".

Charles Kantor, CEO de H. © ai-PULSE

C'est sur ce dernier segment, celui de l'automation, que H se positionne. Le principe : orchestrer des LLM capables de générer des plans et workflows avec des modèles de vision (VLMs) qui comprennent non pas des images générales mais des interfaces (web, desktop ou mobiles). "L'objectif est de se concentrer d'abord sur l'un de ces trois environnements et d'exceller avant de s'étendre aux autres", précise le CEO. Pour développer son écosystème, H prévoit d'ouvrir un premier accès aux développeurs d'ici la fin de l'année.

La régulation encore et toujours

Pour conclure ai-PULSE, Clara Chappaz, secrétaire d'État chargée de l'Intelligence artificielle, a partagé la vision française de la régulation de l'IA, en écho au récent rapport Draghi sur la compétitivité européenne. "Il est temps pour l'Europe de libérer le potentiel de l'innovation", insiste-t-elle, rappelant que l'enjeu dépasse la simple opportunité économique : il s'agit de préserver une vision européenne de la technologie. Si la protection reste importante, la secrétaire d'État met en garde contre une régulation qui entraverait l'innovation.

Clara Chappaz, secrétaire d’Etat chargée de l’Intelligence Artificielle et du Numérique. © ai-PULSE

Sur l'AI Act, la ministre appelle à une approche "pratique et concrète" et à éviter une fragmentation des règles entre pays européens. Un message qui s'inscrit dans la préparation du Sommet international pour l'action sur l'IA que la France accueillera en février 2025, rebaptisé "AI for Action Summit."