Manus, l'IA chinoise autonome qui fait tout (ou presque) à votre place

Manus, l'IA chinoise autonome qui fait tout (ou presque) à votre place Manus serait selon les benchmarks et les retours de premiers testeurs, l'agent d'IA le plus autonome actuellement sur le marché.

Nouvelle avancée dans l'IA agentique. La société chinoise Manus, détenue par le groupe singapourien Butterfly Effect, a dévoilé le 5 mars dernier un agent d'IA complètement autonome. Dans une vidéo de 4 minutes, Yichao 'Peak' Ji, co-fondateur and chief scientist, présente les principaux cas d'usage : recherche d'information en autonomie,  analyse financière, identification de prospects… L'agent, disponible en early access, repose sur une stack technique très peu documentée. Mais les résultats sont là.

Manus, un agent d'IA vraiment autonome

Manus se présente comme un agent entièrement autonome, capable d'exécuter des tâches complètes sans intervention humaine constante. L'agent fonctionne de manière asynchrone dans le cloud. Il continue de travailler même après avoir fermé le site. L'IA peut notamment analyser des documents, traiter des fichiers (comme des CV), créer des rapports détaillés, élaborer des feuilles de calcul, et même développer des sites web interactifs à partir de données analysées.

Manus peut interagir avec différents environnements numériques. L'agent peut naviguer sur le web (avec une version de chrome dédiée) pour rechercher des informations en temps réel. Il est également capable d'écrire et d'exécuter du code Python pour des analyses de données, de déployer des sites web, et même, selon ses concepteurs, de participer à des compétitions Kaggle.

L'interface de Manus. © Capture d'écran / JDN

Pour les tâches complexes, Manus commence par décomposer le projet en étapes plus petites, créant une liste de tâches qu'il exécute ensuite de manière méthodique, à l'image d'un assistant humain expérimenté. Contrairement à Operator d'OpenAI, conçu pour collaborer plus étroitement avec l'utilisateur, Manus semble prendre beaucoup plus facilement des décisions seul. L'interface est très simple à utiliser : l'utilisateur donne un prompt au chatbot et l'IA exécute étape par étape les actions nécessaires.

Dans une démonstration présentée par ses concepteurs, Manus a traité un dossier contenant 10 CV, puis 5 supplémentaires. L'agent a automatiquement décompressé les fichiers, parcouru chaque CV page par page, et enregistré les informations importantes dans des documents structurés. Après avoir analysé l'ensemble des 15 candidatures, Manus a fourni un classement des candidats avec leurs profils détaillés et les critères d'évaluation utilisés, avant de transformer ces données en feuille de calcul à la demande de l'utilisateur.

Exemple du traitement d'un CV par Manus. © Capture d'écran / JDN

Comment fonctionne Manus ?

Manus fonctionne comme un système multi-agents, alimenté par plusieurs modèles distincts fonctionnant en coordination. L'agent commence par analyser la demande de l'utilisateur, puis crée un plan d'exécution détaillé sous forme de liste de tâches. Pour chaque étape, Manus utilise des outils spécifiques : navigation web, exécution de code, analyse de données ou création de contenu. L'infrastructure technique précise de Manus reste peu documentée, mais selon les premiers retours de plusieurs utilisateurs, l'agent utiliserait une combinaison de Claude 3.7 et d'autres modèles de la famille Qwen fine-tunés. Une approche pragmatique qui lui permettrait d'offrir des capacités avancées sans que les équipes n'aient eu à développer entièrement un nouveau modèle fondation.

Autre nouveauté, Manus utilise un terminal Ubuntu pour exécuter certains outils sous linux, une première dans le domaine. L'agent peut ainsi exécuter des commandes shell, installer des packages, manipuler des fichiers comme le ferait un humain. En combinant l'accès à un navigateur web, des environnements de programmation Python et un terminal Linux, Manus parvient à réaliser des workflows complexes qui nécessiteraient normalement plusieurs logiciels distincts et une expertise technique considérable. L'outil va ainsi beaucoup plus loin que la plupart des agents déjà déployés sur le marché.

3 cas d'usage bluffants

Les premiers retours d'utilisateurs ayant accès à la version bêta fermée de Manus montrent l'étendue des possibilités. De l'analyse financière à la programmation, les démonstrations partagées sur les réseaux sociaux illustrent la polyvalence et l'efficacité de l'IA. Un utilisateur rapporte avoir demandé à Manus de réaliser "une analyse professionnelle de l'action Tesla", tâche que l'agent aurait accomplie en une heure environ, produisant un travail équivalent à "environ deux semaines de travail professionnel".

Dans le domaine de la programmation, un autre témoignage décrit Manus comme "l'outil d'IA le plus impressionnant jamais essayé". L'utilisateur (le responsable produit d'Hugging Face) a simplement demandé à l'agent de "coder un jeu three.js où l'on contrôle un avion", et Manus a exécuté la tâche de développement sans nécessiter d'interventions supplémentaires.

Enfin, le troisième exemple illustre les capacités créatives de Manus, qui a réussi à "rechercher les jeux vidéo récemment codés par l'IA et créer un site web à leur sujet dans le style d'un jeu vidéo des années 90".

L'impact déjà tangible de Manus

Malgré une infrastructure technique reposant sur des modèles développés par d'autres entreprises, Manus a généré un impact considérable dans les 48 heures suivant sa présentation. Des figures influentes du secteur ont rapidement reconnu son potentiel. Ethan Mollick (professeur à Wharton et mondialement reconnu dans l'IA), Jack Dorsey (fondateur de Twitter) ou Victor Mustar (responsable produit chez Hugging Face) ont publiquement affirmé sur X avoir été bluffés. Selon nos confrères de Bloomberg, l'annonce de Manus AI le 6 mars a même entraîné une hausse de 7% des actions d'Alibaba.

Sans parler de nouveau moment DeepSeek, Manus marque une avancée significative dans l'IA agentique en combinant habilement des technologies existantes. Aucune offre commerciale n'a encore été dévoilée, l'accès restant limité à une bêta fermée, mais un déploiement rapide pourrait sérieusement bousculer le marché que convoitent OpenAI et autres géants américains de l'IA.