"Osez l'IA", le plan du gouvernement pour rattraper le retard français en intelligence artificielle

"Osez l'IA", le plan du gouvernement pour rattraper le retard français en intelligence artificielle Le gouvernement dévoile un plan national de 200 millions d'euros pour accélérer l'adoption de l'intelligence artificielle dans les entreprises.

La France est en retard dans l'adoption de l'intelligence artificielle. C'est le constat que fait l'exécutif qui parle du "paradoxe français" : le pays dispose d'un "écosystème très fort", de "talents" et d'"infrastructures" mais souffre d'une "diffusion de l'IA qui est parfois plus faible que chez nos voisins européens", explique le cabinet de Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique. Les chiffres sont éloquents : seuls 8% des très petites entreprises et 13% des PME utilisent aujourd'hui une solution d'IA clé en main, contre plus de la moitié des grandes entreprises. Pire, "à peine 30% des dirigeants de très petites entreprises considèrent l'IA comme stratégique", souligne le gouvernement.

Pour tenter de réconcilier les entreprises avec l'IA, Clara Chappaz annonce ce mardi 1er juillet un grand plan national axé sur trois piliers : la sensibilisation, la formation et l'accompagnement par le financement.

Sensibiliser les entreprises à l'importance de l'IA

Pour sensibiliser les entreprises à l'importance de l'IA, le gouvernement mise sur un réseau de 300 ambassadeurs composé de chefs d'entreprise, experts et figures publiques issus de l'agriculture, de l'industrie, de la culture ou encore du sport. Parmi eux figureront notamment Christelle Eidemann (PDG d'Orange), Maurice Lévy, Jean-Pierre Farandou ou encore l'artiste Agoria. Ces ambassadeurs auront pour mission de témoigner et sensibiliser l'ensemble des chefs d'entreprise en expliquant "pourquoi est-ce qu'ils utilisent l'IA et comment", précise le cabinet de Clara Chappaz.

En parallèle, une opération nationale des Chambres de commerce et d'industrie sera déployée avec un objectif de sensibiliser 20 000 entreprises dès cette année. Le plan prévoit également l'organisation de dizaines de rencontres sectorielles de "matchmaking IA" pour faire se rencontrer les entreprises et les fournisseurs de solutions, à raison d'environ deux par mois. Une grande rencontre d'affaires nationale est programmée pour février 2026, sur le modèle des AI Business Days organisés lors du sommet de février 2025.

Former 15 millions de professionnels d'ici 2030

Sur le volet formation, le gouvernement prévoit de lancer d'ici la fin de l'année "l'Académie de l'IA", une plateforme en ligne gratuite et ouverte à tous. La plateforme regroupera un vaste éventail de formations et tutoriels adaptés à chaque public : tutoriels accessibles pour les artisans et TPE, formations métiers pour les PME et ETI, modules dédiés aux comités exécutifs ou encore aux agents publics. L'objectif n'est pas de créer de nouvelles formations mais plutôt de "mettre à disposition des formations qui existent déjà dans un souci de lisibilité et de visibilité de l'offre de formation", explique le cabinet de la ministre.

L'ambition est de former 15 millions de professionnels d'ici 2030, en mobilisant tous les outils existants comme le CPF, la VAE, les CFA ou encore France Travail. Le ministère du Travail est "fortement mobilisé sur le plan pour ne pas uniquement former les dirigeants d'entreprise mais également l'ensemble des salariés", précise le gouvernement. Enfin, la reconnaissance des compétences IA sera facilitée via des certifications spécifiques, référencées et accessibles sur MonCompteFormation.

100 millions d'euros pour booster l'innovation française

Le troisième pilier du plan se focalise sur l'accompagnement financier et technique des entreprises. Pour lever les freins à l'investissement, le gouvernement prévoit de financer 5 000 diagnostics "Data-IA", subventionnés à hauteur de 4 000 euros par diagnostic, soit 40% du coût total. Ces derniers permettront aux entreprises de "comprendre comment elles peuvent utiliser l'IA et quelles sont les solutions qui sont à leur disposition". Un fonds de garantie bancaire sera également mis en place pour aider à financer des projets IA jusqu'à 500 000 euros sur 10 ans.

Côté innovation, l'Etat mise sur un nouvel appel à projets France 2030 "Pionniers de l'IA", lancé début juin, doté de 100 millions d'euros. L'idée est d'identifier et financer les futures licornes françaises de l'IA dans la robotique, l'industrie, la santé ou la greentech. Le gouvernement veut aussi accélérer 100 cas d'usage concrets en mettant en relation des entreprises ayant un besoin spécifique avec des solutions tech matures pour avancer rapidement. Parallèlement, le 1er juillet, l'exécutif dévoilera les 10 lauréats du programme "Usages IA générative", des projets pilotes dans l'éducation, la santé, les médias et l'industrie destinés à être répliqués massivement. Enfin, pour simplifier la vie des dirigeants perdus dans la jungle des offres de produits, un catalogue de solutions IA sera mis en ligne. La priorité sera donnée aux outils français et européens.

Avec ce plan de 200 millions d'euros, le gouvernement se fixe comme objectif de faire en sorte que 100% des grandes entreprises utilisent l'IA d'ici 2030, contre 50% aujourd'hui. Pour les entreprises de taille moyenne la cible est fixée à 80% d'adoption chez les PME et ETI, et 50% chez les TPE. L'exécutif mise sur une approche régionale en s'appuyant sur les structures existantes : CCI, French Tech et Bpifrance. L'IA doit être déployée "partout en France et bien au-delà de Paris", insiste le cabinet de Clara Chappaz.