La course à l'IA : pourquoi l'attentisme devient risqué pour les directions financières
Nous assistons à un tournant technologique inédit, et la révolution d'internet paraît presque modeste en comparaison.
Alors que les précédentes technologies se déployaient sur plusieurs décennies, l’intelligence artificielle progresse à une vitesse vertigineuse.
Le tournant décisif de l’IA
Les premiers à adopter l’IA ne prennent pas seulement une longueur d’avance, ils redessinent les règles du jeu. L’écart entre les pionniers et ceux qui hésitent encore se creuse rapidement et les chiffres parlent d’eux-mêmes. D’après le Boston Consulting Group, les entreprises dites future-built, celles qui ont intégré l’IA dans leurs fonctions clés à grande échelle, enregistrent cinq fois plus de croissance de revenus et trois fois plus de réduction de coûts que les autres.
Attendre que l’IA se stabilise serait une erreur stratégique. L'industrie de l'IA évolue à un rythme effréné, comme l’illustre Mistral AI, qui vient de lever 1,7 milliard d'euros après avoir multiplié les innovations en 2025 avec Voxtral (compréhension vocale), Devstral (codage agentique) et Codestral 25.08. Et certaines entreprises ont déjà franchi le cap de l’expérimentation, déployant des assistants IA conformes à la sécurité des données et adaptés aux rôles de chaque collaborateur ; BNP Paribas compte 750 cas d’usage d’IA déjà en production à travers la banque.
Les clés de la transformation IA
Au-delà de la technologie, réussir sa transformation IA implique de repenser la culture d’entreprise, la manière de travailler et de créer de la valeur. Trois pré-requis en déterminent le succès : être prêt, être volontaire et être capable.
Être prêt signifie accepter la disruption comme une opportunité. Comme le rappelle Olivier Babeau de Institut Sapiens : « Vous ne serez pas remplacé par l’IA, mais par quelqu’un qui sait l’utiliser efficacement. » Le véritable enjeu réside donc dans l’inertie organisationnelle. Expérimenter l'IA devient aussi essentiel que de maîtriser l'informatique il y a vingt ans ; un facteur clé de survie concurrentielle.
Être volontaire implique l’enthousiasme. Face à l'évolution de leur rôle avec l’IA, les professionnels de la finance oscillent entre curiosité et anxiété. Les meilleurs talents y voient un levier d’évolution plutôt qu’une menace. Ce changement culturel ne se décrète pas, il se cultive via la mise en place d’une « intelligence artificielle collective », visant à démocratiser l’accès aux solutions d’IA dans un cadre sécurisé, et faisant de chaque collaborateur un acteur du changement, soutenu par des champions de l’innovation.
Être capable exige une expérimentation systématique car les formations traditionnelles sont désormais rapidement obsolètes. Place à l’apprentissage par la pratique : créer, échouer, itérer, réussir, recommencer. Pour les entreprises françaises, une transformation réussie exige une infrastructure adaptée, du temps dédié à l'expérimentation et le courage d'échouer vite pour apprendre plus vite.
De la vision à la réalité : l’IA, moteur de la transformation des directions financières
La transformation IA a commencé là où sa valeur était la plus évidente : les secteurs du marketing et des ventes. La finance, en revanche, accusait du retard, invoquant des questions de sécurité et de fiabilité des données. Mais cette réticence s’estompe. Selon une récente étude de CFO Connect, 56 % des directeurs financiers utilisent désormais l’IA ; signe d’un tournant majeur. Les équipes financières priorisent aujourd’hui l’IA pour la planification et les prévisions ; des domaines propices à l’IA en raison de données fragmentées, de risques d’erreurs et de processus chronophages.
Un secteur illustre particulièrement cette évolution : la gestion des dépenses. Ces solutions disposent d’atouts décisifs : accès à des données de dépenses détaillées, informations contextuelles riches, et présence au moment des décisions plutôt qu’en analyse a posteriori. Ainsi, les agents IA développés dans ce domaine ouvrent la voie à une nouvelle approche : le SP&A (Spend Management & Analysis), permettant une prise de décisions financières plus intelligentes en s’appuyant sur des insights générés par l’IA fournis au moment critique.
L'urgence se précise : l’IA n’est plus une promesse d’avenir, elle transforme déjà les entreprises. Comme le soulignait Jensen Huang, CEO de Nvidia, les capacités de calcul des systèmes d’IA seront multipliées par un million d’ici dix ans. Le cerveau humain n'est pas conçu pour appréhender une croissance exponentielle. Pour les directions financières, la fenêtre d'action est limitée : il faut agir maintenant pour construire un avantage concurrentiel avant que les opérations intégrant l’IA par défaut ne deviennent la norme.