Paage lève près de 2 millions pour transformer les followers en clients grâce à l'IA
Et si l’IA permettait de simplifier la monétisation de sa communauté ? C’est le pari de Paage, une jeune start-up parisienne qui annonce ce 12 novembre lever 2 millions d’euros (avec une part de dette, non précisée). La jeune pousse propose un builder piloté par intelligence artificielle qui permet de déployer en quelques minutes une page commerciale complète, intégrant contenu, paiement et gestion de contacts. Paage s’adresse aux créateurs de contenu et aux solopreneurs souhaitant offrir des expériences personnalisées à leur audience.
Le tour de table est mené par Aglaé Ventures, avec la participation de Kima Ventures (fonds de Xavier Niel) et Cassius. Plusieurs business angels ont également rejoint l’aventure, notamment Alexandre Eruimy, ancien directeur général de PrestaShop, Felix Malfait, cofondateur de Twenty, Darren Lachtman, de Goldenset Collective et Enzo Mattioli Ferrari (responsable des investissements de la famille Ferrari).
Créer des expériences personnalisées en utilisant l’IA
En 2021, Nicolas Garcin et Jean Ronin, les actuels co-fondateur de Paage, lancent une plateforme d’impression à la demande destinée aux photographes et illustrateurs. Très vite, ils constatent la même difficulté chez leurs utilisateurs : pour vendre et animer leur communauté, ils jonglent entre plusieurs outils sans cohérence. Un lien Linktree dans la bio Instagram pour rediriger, une boutique Shopify pour la vente, un Google Form pour gérer des précommandes, un outil tiers pour l’emailing… Résultat : une expérience morcelée, chronophage et peu efficace.
C’est de là qu’est née l’idée de Paage, réunir en un seul endroit la page de présentation, le catalogue produit, le paiement et la relation avec la communauté. Paage a d'abord construit l'ensemble des fonctionnalités de manière classique, sous forme de bloc, avant d'y superposer une couche d'intelligence artificielle. La startup a démarré son builder IA par la brique de création de produits mais compte à terme l’étendre à toutes.
Concrètement, il suffit de décrire en langage naturel ce que l'on souhaite vendre ou de glisser une image dans l'interface pour que l'agent détecte l'objet, génère les spécifications et configure la fiche produit. Paage jongle entre plusieurs modèles de langage selon la tâche à accomplir : Gemini, Claude ou GPT interviennent différemment selon qu'il s'agit d'analyser une image, de structurer une description ou de planifier les étapes suivantes. La startup privilégie désormais le contexte engineering au prompt engineering traditionnel, privilégiant des instructions minimalistes enrichies d'un contexte précis pour préserver la créativité de l'agent sans le rigidifier dans un workflow prédéfini.
A terme, Paage ambitionne de rendre son agent conversationnel capable d'anticiper les besoins de ses utilisateurs. "On veut vraiment que l'agent Paage devienne un copilote sales et soit un peu le petit génie force de bonnes propositions et qu'il soit assez proactif dans les actions à mettre en place", explique Jean Ronin. La start-up travaille sur un système proactif qui suggérerait des actions contextuelles adaptées au profil et au calendrier de chaque créateur. L'agent exploiterait les données internes de la plateforme et les meilleures pratiques observées pour formuler des recommandations personnalisées. "L'idée, c'est qu'on veut que l'interface principale soit le prompt", résume Nicolas Garcin, co-fondateur.
Une clientèle déjà bien établie aux Etats-Unis
Paage fonctionne selon un modèle économique à deux entrées. Les clients de Paage peuvent opter pour une version gratuite ou souscrire un abonnement (30 euros par mois). La plateforme prélève des frais de transaction sur les ventes réalisées : 9% pour les comptes gratuits, 1% pour les abonnés payants. "La commission sur les comptes gratuits constitue notre principale source de revenus, modulo aussi la visibilité qu'ils nous offrent, parce que ces personnes-là partagent leur lien Paage dans leur bio sur TikTok et Instagram", précise Nicolas Garcin. La start-up revendique déjà 100 000 utilisateurs répartis dans plus de dix pays, dont 60% sont basés aux Etats-Unis.
L'équipe compte actuellement cinq personnes basées à Paris. La majorité travaille sur les aspects techniques et produit, tandis qu'une personne se consacre au support client. Les fonds levés serviront prioritairement à renforcer l'équipe engineering, avec le recrutement de software engineers avec une dominante en IA. La start-up prévoit également d'accélérer son expansion internationale en développant les intégrations spécifiques à chaque marché : devises locales, moyens de paiement régionaux comme ceux utilisés au Brésil, et support multilingue étendu.