Etre ou ne pas être séduit par la mode des plateformes agentiques ?

Blue Bridge Group AI

Les plateformes agentiques comme n8n, Make ou OpenAI Agent Builder accélèrent la création d'agents IA et l'automatisation simple, mais restent limitées aux usages périphériques et non critiques

On voit proliférer des outils tels que n8n, Make ou OpenAI Agent Builder.

La promesse ? « Brancher » l’IA sur le système d’information, créer des “agents” et automatiser sans trop avoir à coder.

A notre avis, ces plateformes sont à l’IA ce que le No-Code est au développement d'applications d'entreprise : un formidable accélérateur pour des cas d’usages simples, voire superficiels, mais rarement le socle des systèmes critiques.

1.     Le Core vs le Périphérique

Toutes les études le montrent : l'adoption du No-Code explose pour les outils internes non critiques ou les prototypes. Mais le "Core Business" (Core banking, Supply Chain, Facturation de masse) continue d’être traité avec des approches « industrielles ».

Les plateformes d’IA rejouent ce scénario. Elles sont excellentes pour :

·       Gagner en productivité individuelle ou outiller de petites équipes

·       Développer des PoC et acculturer rapidement

·       Adresser des processus légers requérant peu d'intégration.

2.     Le double mur technique

Dès qu’il s’agit d'agents complexes intégrés au cœur du système d’information, apparaissent deux limites majeures.

L'intégration avec le "Legacy" constitue un défi de taille. Si connecter Gmail à Slack est trivial, faire dialoguer un agent avec un SI vieillissant, des bases de données on-premise et des protocoles sécurisés relève d’un tout autre niveau de complexité et d’exigence.

Le "Wall of Complexity" est insurmontable. En code, une logique complexe tient en quelques lignes. En représentation visuelle, la gestion des cas particuliers (« edge cases ») transforme l'écran en un arbre tentaculaire et illisible. La maintenance à travers un outil de type plate-forme devient alors plus coûteuse que ne l’aurait été celle du code !

3.     Une cible qui n’existe pas

Dans les grandes organisations, ces outils ne rencontrent pas toujours leur public.

Les développeurs les trouvent trop rigides contraignants ("Black box").

Les métiers les trouvent encore trop technique (dès qu'il faut gérer une boucle, une erreur API ou un webhook, le « citizen developper » moyen est désarmé !).

4.     Une polarisation naturelle de la performance et le risque de création d’une nouvelle dette technique

La mode du "Vibe Coding" consiste à coder à l’instinct, au fil de l’eau, en étant accompagné dans le voyage par une IA bienveillante qui comblera vos lacunes et balayera derrière vous. En réalité, l'IA agit comme un amplificateur. Elle rend les experts excellents, car ils savent architecturer leurs applications, structurer leur code et le relire pour le debugger, en améliorer la maintenabilité ou en optimiser la performance d’exécution. Mais l’IA permet aussi aux novices de produire beaucoup, très vite, sans réelle maîtrise.

Avec la prolifération des plateformes agentiques no code / low code, le risque est de voir se généraliser le phénomène du "Vibe Coding" : génèrer des workflows au "feeling", sans architecture. Comme le suggèrent les études sur la qualité du code (ex: GitClear), le risque est de générer une dette technique massive et invisible, faute de tests, d'observabilité et de CI/CD robustes (c’est-à-dire sans processus structuré d’intégration du code couvrant l’ensemble de son cycle de développement).

Si ces plateformes sont d’excellents accélérateurs pour l'idéation et le périphérique, elles ne sont pas (encore ?) l’acier trempé nécessaire pour ériger des agents critiques au cœur du système d’information de l’entreprise.